Tokyo. Selon une récente étude scientifique japonaise, de vastes réserves de terres rares seraient situées dans des dépôts sous-marins au large des îles Ogasawara, à quelques 2 000 km au Sud-Est de Tokyo.

Si elles étaient exploitées, ces réserves permettraient de rendre le Japon indépendant et pourrait même, selon les auteurs, satisfaire la demande mondiale sur une base « quasi-infinie ».

Les terres rares sont un ensemble de 17 métaux relativement abondants, désormais indispensables pour les industries de haute-technologie civiles et militaires. La Chine, qui possède la moitié des réserves connues, détient un quasi-monopole dans leur production depuis le milieu des années 1990 pour des raisons de compétitivité, de normes environnementales moins strictes et de volonté politique. Face à cette situation, l’inquiétude du Japon et plus largement des économies développées ne fut que renforcée par les quotas d’exportation progressivement adoptés par la Chine à partir de 2006 et condamnés par l’OMC en 2014, mais surtout par l’embargo temporaire des exportations vers le Japon mis en place en 2010 dans le cadre des disputes territoriales entre Pékin et Tokyo. Cet événement avait déclenché, afin de limiter la dépendance vis à vis de la Chine, une stratégie de recherche d’alternatives qui semble désormais porter ses fruits : diversification des approvisionnements, recyclage accru et recherche de réserves sous-marines.

L’annonce japonaise devrait ainsi rappeler aux Européens l’importance d’assurer la sécurité de nos approvisionnements dans des secteurs stratégiques, ce qui était un sujet majeur à Bruxelles il y a quelques années, en témoigne la création de l’ERECON (European Rare Earths Competency Network), mais n’est guère abordé aujourd’hui.

Perspectives :

  • Court-terme : le défi qui attend désormais le Japon est de parvenir à extraire de façon industrielle ces ressources sous-marines situées à plusieurs kilomètres de profondeur. Dans le cadre de partenariat public-privé, les scientifiques ont annoncé qu’ils avaient développé une méthode efficace pour séparer les éléments recherchés des boues récoltées. Un partenariat nippo-européen dans ce domaine prendrait tout son sens.

Sources :