Kyiv. Débutée le 6 avril 2014 en catastrophe afin de juguler la progression des forces séparatistes de Donetsk et le Luhansk, l’ATO ou “Zone d’Opération Anti-terroriste” doit toucher à sa fin d’ici peu.

Annoncée jeudi 5 avril par le président ukrainien Petro Poroshenko, cette mesure entérine la loi 7163 sur la “Réintégration du Donbass” votée le 18 janvier dernier dans un contexte houleux. Si Kyiv souhaite “passer à un autre format de défense du pays” en “ introduisant des mesures totalement nouvelles, plus efficaces, pour l’utilisation des forces armées et pour développer les capacités de défense”, la fin de l’ATO en Ukraine inquiète et divise. En effet les partisans de la paix et du dialogue avec la Russie – désignée désormais comme “puissance occupante”- s’inquiètent de cette rupture, tandis que les plus radicaux fustigent une décision n’allant paso assez loin.

Certains opposants verront dans le renforcement des pouvoirs de l’armée et du Président, qui est leur chef, un pas de plus vers un régime autoritaire. De plus en plus fragilisé à moins d’un an des élections présidentielles, pour lesquels les sondages le créditent seulement de 30 % d’intention de vote, la fin de l’ATO a pour but de légitimer Poroshenko par un virage nationaliste. Elle coupe ainsi l’herbe sous le pied aux forces nationalistes en le présentant comme un chef de guerre engagé de toute ses forces dans la résolution du conflit.

Le risque d’une nouvelle escalade de la violence préoccupe cependant l’Union européenne (UE) et la Russie qui plaident pour une résolution pacifique du conflit. Si une guerre de grande intensité venait à éclater, elle pourrait remettre en cause l’assistance financière internationale ainsi que l’hypothétique intégration de l’Ukraine à l’UE et l’OTAN. Entrant dans sa quatrième année, le conflit dans le Donbass a causé la mort de plus de 10.300 personnes et engendré l’exode de pas moins d’1,4 millions d’habitants.

Perspectives :

  • 9 avril : Le président ukrainien Petro Poroshenko se rendra lors d’une visite officielle en Allemagne afin de rencontrer la Chancelière Angela Merkel. Cette visite d’Etat aura pour principale objet l’épineuse question d’un déploiement de forces onusiennes dans le Donbass afin de garantir le cessez-le-feu signé à Minsk le 11 février 2015
  • 23 au 27 avril : La session printanière de l’Assemblée parlementaire européenne à Strasbourg, dédiée cette année à “L’état d’urgence, la Guerre hybride, la corruption et l’intégrité éditoriale” donnera l’occasion à l’Ukraine de revenir sur l’annexion de la Crimée. Il s’agit pour le pays de réclamer auprès de ses partenaires européens plus de mesures à l’encontre de la Russie.

Sources :

  • LANDREAU Alexis, La “New Generation Warfare” russe à l’épreuve de la guerre en Ukraine, CDEC/RETEX, 2016
  • BOURNAT Ulrich, La guerre hybride en Ukraine : quelles perspectives ?, Editions du Cygne, 2016