La Pologne après une élection historique

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Les apparences sont parfois trompeuses. Alors que l’immense majorité des Polonais soutient l’effort du pays en faveur de l’Ukraine, il existe des désaccords stratégiques cruciaux entre les partis qui se disputent le pouvoir. Alors que la guerre en Ukraine paraît avoir déplacé le centre de l’Europe vers l’est, il est crucial de comprendre ces débats pour saisir où va le futur du continent.

Favori mais en difficulté dans les sondages en vue des législatives de cet automne en Pologne, le parti Droit et justice (PiS) se réunit aujourd’hui, jeudi 15 juin, pour étudier le retour au gouvernement de Jarosław Kaczyński, le leader incontesté du PiS, considéré comme le dirigeant de facto du pays.

En face, l’opposition, dont la formation principale est la Plateforme civique de Donald Tusk, a ses chances mais devra composer avec le reste des forces politiques. Les camps s’affrontent sur toutes les principales questions qui animent la vie politique du pays  : économie, géopolitique, Europe, genre.

Quelques mois avant les élections et plus d’un an après l’invasion de l’Ukraine, le PiS polonais a une nouvelle doctrine européenne. Nous traduisons et commentons pour la première fois en français le «  discours de la Sorbonne  » de Mateusz Morawiecki prononcé mardi dernier à Heidelberg. Un programme politique à étudier de très près.

Comment le parti Droit et Justice (PiS) a-t-il remodelé en profondeur la Pologne en s’attaquant à l’État de droit  ? Depuis 2015, cette entreprise de démantèlement a été bien plus profonde. Au-delà des aspects juridiques, elle plonge dans la politique mémorielle et va jusqu’à la charge sémantique des mots utilisés par le pouvoir pour inhiber toute possibilité de conflit politique vertueux.