Jordi Brahamcha-Marin


Le «  roman-poème  » de Fabienne Yvert est un livre drôle, caustique, réjouissant – et en réalité assez sombre. Accumulant les «  effets de ‘bien vu’  » au service d’une écriture qui excelle à rendre la sensation de l’envahissement et de la porosité, le dispositif déployé dans Pourquoi l’horizon… tisse avec son lecteur une complicité qui le plonge parfois dans le doute.

Au milieu du massif des Vosges, Sophie et Grieg vivent ensemble dans une maison isolée avec leur chienne Yes. Ce roman à la frontière du conte interroge de façon à la fois pudique et poignante le vieillissement amoureux et celui du désastre environnemental, figuré ici par la disparition des espèces. Un livre qui pose avec finesse et poésie de grands problèmes propres à la situation contemporaine de l’humain dans le monde et dans la nature.

La Révolution française incarnée par trois personnages  : Hébert, Robespierre, et Desmoulins. Héros du récit  : Camille Desmoulins, initialement ami et allié de Robespierre, mais qui, de plus en plus critique du Comité de salut public, de plus en plus suspect de modérantisme, sera finalement guillotiné avec Danton en avril. Les effets de rupture se multiplient avec une sorte de brutalité dans l’écriture – qui n’est pas sans séduction mais qui interroge.

Pour évoquer littérairement la pandémie, on peut bien entendu faire le choix de se concentrer sur la manière dont la crise sanitaire a impacté l’existence et la psychologie des individus – c’est ce qu’ont voulu faire, avec plus ou moins de bonheur, les innombrables journaux de confinement. On peut aussi essayer de capter des faits sociaux, des faits de discours, de rendre compte de la manière dont la crise hystérise le monde. C’est, indirectement, ce à quoi s’attache, avec une grande réussite, ce nouveau petit livre.

«  Voilà la véritable énigme du livre  : non pas pourquoi Klaus est comme il est, mais ce que c’est que d’être Klaus, ce que c’est que d’être cette personne qui, en dépit de ses désirs frustrés et de ses rêves torturés (dont un nous sera raconté, vers la fin), a une manière de maîtriser sa vie qui, se dit-on parfois, lui évite d’être malheureux.  »

Dans ce dernier opus en date d’une série familiale, Édouard Louis livre le portrait de sa mère, héroïne de laquelle il se sent proche en raison d’une solidarité de dominés, dans une relation nocive avec le père «  Bellegueule  », figure repoussante de Qui a tué mon père. Une nouvelle fois, mais de manière différente, Édouard Louis joue sur les limites entre la politique et la littérature – au risque de s’épuiser.