Méditerranée

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Dans une semaine les Turcs votent. Recep Tayyip Erdogan n’a jamais été aussi près de perdre le pouvoir. Il y a trois ans pourtant, au cœur de la crise pandémique qui avait vidé la Mecque, c’était en sultan tout puissant qu’il réalisait son «  rêve de jeunesse  »  : la réislamisation de Sainte-Sophie. Dans ce moment clef de sa trajectoire – apogée d’un islam politique forgé dans les tréfonds du califat ottoman – Erdogan avait prononcé l’un de ses discours les plus importants. Nous le publions avec un commentaire ligne à ligne signé Gilles Kepel.

Entre un ministre qui parle de « remplacement ethnique » et des droits humains menacés par décret, l’exécutif romain maintient son ambivalence, accompagnant la construction avec ses partenaires européens d’un agenda conservateur, voire nationaliste, en politique intérieure.
Dans sa dernière mutation génétique, la politique italienne à l’ère de Giorgia Meloni prouve une fois de plus qu’elle peut séparer la rhétorique des actes concrets — et que la contrainte extérieure reste motrice.

Alors que l’Italie, gouvernée par Giorgia Meloni, est en proie à des débats sur la célébration du 25 avril, nous nous entretenons longuement avec Emilio Gentile, le plus grand historien du fascisme italien. À une époque où il est de plus en plus difficile de définir les phénomènes politiques, il appelle à en revenir à la rigueur de l’enquête pour éviter le risque d’une «  démocratie confuse  ».

La décision de restreindre provisoirement l’application phare d’Open AI en Italie n’a rien de politique. Pour comprendre ses ressorts, il faut revenir à la lettre du Règlement européen sur la protection des données et à son application stricte. Alors que de plus en plus d’États s’interrogent sur la régulation de l’IA, l’exemple italien pourrait avoir tracé une voie.

À partir de son livre Le Catene della destra (Les chaînes de la droite), le directeur d’Il Foglio analyse les premiers pas du gouvernement de Meloni et certains de ses choix des derniers, moins extrémistes que prévu  : «  comme tous les changements soudains, celui-ci laisse aussi quelque chose en suspens.  »

Il s’attarde ensuite sur les défis plus généraux pour la politique dans une société post-pandémique, en critiquant très durement l’élite de son pays  : «  Il y a eu pendant trop longtemps une classe dirigeante que j’aime appeler la « classe digérante », qui, au lieu de diriger, a digéré tout ce qui s’est passé et l’a ensuite justifié.  »

Assistera-t-on vraiment à une augmentation des arrivées de migrants en Europe par les côtes italiennes  ?

Alors que Meloni cherche à faire bouger l’agenda sur cette question à Bruxelles, les gouvernements européens ne cachent plus aujourd’hui qu’ils sont alignés sur les politiques italiennes  : contrer autant que possible les départs irréguliers, et convaincre les pays tiers de rapatrier ceux qui arrivent. Nous faisons le point avec le chercheur Matteo Villa.

Les manifestations exceptionnellement intenses qui embrasent Israël depuis quelques jours ont pris au piège le Premier ministre Benjamin Netanyahou, obligé de suspendre son projet controversé de réforme de la justice. Mais le soulèvement de la rue et la révolte d’une partie des élites a peut-être ouvert une nouvelle phase. Pour le militant et journaliste Haggai Matar, le pays entre dans un mouvement historique où peuvent germer des transformations politiques profondes.

En mai se jouera l’un des événements politiques les plus importants de l’année  : l’élection présidentielle en Turquie.

Après avoir bâti un régime autoritaire compétitif, personnalisé jusqu’à l’extrême, Erdoğan a-t-il des chances de perdre le pouvoir  ? En cette année qui marque le centième anniversaire de la République de Turquie, la donne semble avoir définitivement changé.

Pour comprendre le grand contexte de ce scrutin, nous ouvrons, en dix points, un chantier sur la Turquie d’aujourd’hui.

Au fil des siècles, la diplomatie orientale de la France constitue ainsi le reflet des tendances et des développements en cours sur la scène politique intérieure. Pour Jean-François Figeac, l’Orient a été et continue d’être un «  instrument de politisation français  ». Gabriel Rousset a lu son dernier livre, La France et l’Orient.