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En Allemagne, la triste normalisation de l’extrême droite inquiète. Mais en dépit de la vague massive de protestations citoyennes, l’ascension de l’AfD semble irrésistible. Quelles sont ses réelles chances de succès  ?

Dans l’année des grandes élections, le Grand Continent lance son podcast «  Décoder 2024  ». Pour ce troisième épisode, Claire Demesmay et Pascal Thibaut font le point sur un phénomène qui pourrait faire trembler l’Europe.

«  Nous sommes en guerre  ». En attaquant directement la position attentiste du Chancelier Scholz sur l’Ukraine et en tendant la main au président de la République français, le chef de la puissante Union chrétienne démocrate (CDU), Friedrich Merz, qui avait ouvert la voie à un rapprochement avec l’AfD l’été dernier, a prononcé un discours fondateur. Son axe directeur  : l’Allemagne doit être à nouveau capable de se défendre. Nous le traduisons.

« L’état naturel des choses reste la lutte entre grandes puissances. Dans le monde d’aujourd’hui, la géopolitique revient et la Russie n’a pas oublié sa propre illusion impériale. C’est pourquoi votre guerre a été une prise de conscience pour l’Union européenne. Depuis le 24 février 2022, cette guerre n’est donc pas seulement pour la plupart d’entre nous une question d’assistance militaire et financière, c’est surtout une révolution dans nos mentalités… Maintenant, nous devons également modifier l’ensemble du cadre institutionnel de l’Union européenne pour l’adapter à cette nouvelle réalité géostratégique. L’UE n’est plus là pour faire la paix entre nous, mais pour faire face aux défis qui se présentent à nos frontières. »

La fin de Merkel n’a pas ouvert un nouveau cycle. La coalition présidée par Scholz devait marquer une nouvelle ère progressiste — deux ans après, le chancelier dirige un gouvernement zombie. Entre explosion de l’extrême droite, nouvelles conflictualités sociales, la nouvelle planète crépusculaire de la politique allemande attend 2025 pour se relancer… dans cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés.

Une enquête signée Joseph de Weck.

La Pologne a un nouveau Premier ministre. Mardi 12 décembre, Donald Tusk a prononcé un long discours avant l’investiture de son gouvernement de coalition. Il a alors paru déterminé à engager une refondation politique et géopolitique pour son pays. Alors que la guerre prend un tour inquiétant, la doctrine Tusk ouvre de nouvelles perspectives pour l’Europe et pour l’Ukraine. Une traduction commentée, à lire et à discuter.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé il y a vingt-deux mois. Pendant cette période, les troupes et l’État russes se sont rendus coupables de violations multiples et répétées des droits humains. Dans cet entretien important, Lembit Uibo, ambassadeur d’Estonie en France, défend l’idée d’un tribunal spécial pour juger tous les responsables russes de la guerre, jusqu’au plus haut niveau de l’État. Autrement, l’ordre international serait sapé par notre incapacité à condamner l’horreur.

Parmi les plus petits pays de l’OCDE comme de l’Union, l’Estonie est aussi le plus avancé dans le domaine éducatif. Pour comprendre les raisons de ce succès, nous avons rencontré Kristina Kallas, ministre de l’éducation, qui décrit comment le système scolaire s’inscrit dans une réflexion plus large sur la constitution politique et sociale de son pays — et son rôle en Europe. Au moment où se pose la question de l’élargissement à l’Ukraine, l’Estonie pourrait-elle être le modèle  ?

Face à l’agression de Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky serait un nouveau Churchill et Joe Biden un autre Roosevelt. Depuis le déclenchement de l’invasion du 24 février 2022, cette analogie a été fréquemment invoquée. Est-elle vraiment pertinente  ? C’est la question que pose Lasha Otkhmezuri dans cette perspective informée qui interroge la nature du soutien américain à l’Ukraine attaquée. Un texte clef alors que le conflit paraît être arrivé à un moment décisif.

Peut-on imiter les méthodes des illibéraux pour sortir de l’illibéralisme  ? C’est l’une des questions qui se posent à l’opposition polonaise alors qu’elle s’apprête à former une coalition pour gouverner. Marcin Matczak, juriste réputé et proche de l’opposition, et Katarzyna Skrzydłowska-Kalukin, spécialiste de ces questions, réfléchissent aux traces qu’a laissées le parti de Jarosław Kaczyński. Quoi qu’il arrive, et après huit ans de gouvernement du PiS, la démocratie polonaise est déjà transformée.

Le 1er novembre, Robert Habeck, ministre allemand de l’économie et vice chancelier, a prononcé un discours, remarqué aussi bien en Allemagne qu’à l’étranger, sur le conflit israélo-palestinien. Réagissant notamment à l’augmentation des actes antisémites, il s’agissait pour lui de rappeler la place singulière qu’occupe la question en Allemagne, ancrant sa politique étrangère dans un raisonnement pédagogique et historique.