L’époque présente est caractérisée par une interaction forte et croissante entre les facteurs environnementaux et humains, qui est révélée par les problèmes de ressources et de qualité d’habitat rencontrés par les espaces à forte densité de peuplement ainsi que, plus généralement, par les difficultés des sociétés à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Du fait de ces processus, l’environnement prend donc une dimension de plus en plus politique via sa participation à la création de forts contrastes sociétaux et situationnels entre régions du monde. 

1 – Qu’entend-on exactement par « environnement » ?

Dans leur Dictionnaire de la géographie (2013), Jacques Lévy et Michel Lussault définissent l’environnement comme « l’ensemble des réalités extérieures à un système, notamment un système social, conditionnant son existence et interagissant avec lui. Spécialement, les réalités biophysiques comme environnement des sociétés ».

De façon plus pragmatique et appliquée, un consortium d’organisations internationales, dont l’ONU, l’OCDE, le FMI et la Commission Européenne ont contextualisé le concept d’environnement dans le sens utilitariste du rapport de nécessité qui le rattache à l’homme. Dans et pour le lexique international de la gouvernance, il s’agit de « l’environnement physique produit naturellement dont l’humanité est entièrement dépendante dans toutes ses activités. Les différentes utilisations de ce milieu à des fins économiques sont appelées fonctions environnementales ».

L’environnement est donc compris comme l’ensemble des facteurs biotiques et abiotiques qui entourent un individu ou une espèce, et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins. Introduire l’espèce humaine dans l’équation revient nécessairement à complexifier la notion d’environnement. En effet, le développement des sociétés a certes été rendu possible par l’exploitation d’un substrat matériel organique et inorganique « non-humain » — autrement dit, la « nature » au sens premier du terme. Cependant, l’action anthropique a aussi activement participé de la création ou de la subversion de nouveaux objets et milieux « environnementaux » sur Terre. En témoignent les réalités hybrides (mi-naturelles, mi-culturelles) que représentent par exemple les paysages, donnes matérielles informées et visuellement altérées par les besoins et l’aménagement humains ; ou bien les organismes génétiquement modifiés, dont l’existence et les fonctions biologiques, pourtant « naturelles », dépendent d’une exigence humaine à laquelle elles répondent ; ou encore les 28 derniers éléments chimiques du tableau périodique de Mendeleïev qui n’ont été découverts et synthétisés qu’en laboratoire.

Il apparaît donc que le terme « environnement » est une réalité évolutive. Dans son acception la plus concrète, actuelle et synoptique, l’environnement désigne ainsi le monde biophysique vécu, exploité et transformé par l’homme. C’est en définitive l’ensemble des éléments qui nous entourent et nous permettent d’habiter à un endroit donné du globe.

Dans la société contemporaine, l’environnement est devenu un concept polysémique et sans échelle qui tend à se distinguer de « milieu », de connotation plus écologiste et scientifique ; d’« écosystème », davantage fonctionnel et spatialement localisé ; ou encore de « nature », terme fixiste devenu réducteur car politiquement réinvesti et infléchi par les sociétés contemporaines vers la notion négative de « non-humain ». Ces distinctions sémantiques récentes sont autant de traductions de l’essor des problèmes et questionnements environnementaux parmi les sociétés humaines.

Les deux derniers siècles ont érigé l’environnement en concept aussi bien qu’en ressource et en problème pour les sociétés. Les révolutions industrielles du XIXe siècle ont en eu un fort effet transformateur sur l’environnement, notamment via le déboisement, l’artificialisation des sols (mise en culture, urbanisation), et les industries extractives lourdes. C’est dans la seconde moitié du XXe siècle, avec l’accroissement de la population mondiale et l’apparition d’institutions multilatérales telles que l’ONU que s’est popularisée la nécessité de concevoir, promouvoir, et articuler internationalement des mesures de protection de l’environnement.

Les urgences environnementales majeures auxquelles sont actuellement confrontées les sociétés sont multiples et souvent inter-reliées. Toute action politique pour y répondre ne peut donc être que systémique et coordonnée avec d’autres États ou ensembles régionaux. Parmi ces urgences figurent :

  • la transformation des paysages par l’homme et ses problèmes afférents, notamment l’érosion ou l’imperméabilisation des sols ;
  • les pollutions et leur accroissement, notamment avec l’apparition de nouveaux éléments chimiques et techniques ;
  • l’épuisement des ressources naturelles ;
  • la surexploitation des espèces ;
  • la diminution de la biodiversité ;
  • l’introduction par l’homme, volontairement ou non, d’espèce invasives ultra-compétitrices dans des milieux non-endémiques où elles accélèrent les extinctions ;
  • les changements climatiques et la recrudescence des épisodes extrêmes en plusieurs régions du globe.

2 – Les pollutions menacent-elles notre qualité de vie ?

Le terme pollution peut s’appliquer à un ensemble très divers de phénomènes : pollutions de l’eau, de l’air, des sols mais aussi pollutions visuelles, sonores… De manière générale, la pollution est un phénomène de modification des facteurs abiotiques d’un écosystème qui altère son fonctionnement naturel. « Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison. » Cette citation de Paracelse, médecin, astrologue et alchimiste suisse, résume assez bien toute l’idée derrière la toxicologie : n’importe quelle substance ou radiation peut virtuellement devenir polluante et nocive si elle est présente en quantité trop importante. On peut prendre l’exemple du rôle du CO2 dans le cycle du carbone.  Converti en sucre par les plantes qui produisent également de l’oxygène au passage lors de la photosynthèse, il est essentiel à la vie des êtres vivants sur Terre. Mais le dégagement excessif de CO2 par l’homme a déplacé très fortement l’équilibre de la réaction jusqu’à un point où il est impossible de transformer ce CO2 en oxygène et en sucre à un rythme suffisant, ce qui provoque son accumulation et le fait ainsi passer d’élément essentiel à la vie à agent réchauffant contribuant au piégeage des rayons du soleil sur Terre, agissant donc comme un poison climatique. 

Les pollutions sont un enjeu majeur pour l’ensemble de la planète, parce que le mode de vie moderne, en particulier des pays riches, pollue massivement son environnement proche et lointain. Que ce soit les particules fines émises par les moteurs à combustion, les perturbateurs endocriniens, dont on ne fait que commencer à prendre la mesure de l’impact sur la santé humaine, les rejets de nitrates d’origines agricoles dans les rivières, ou encore la radioactivité d’origine humaine, notre environnement est beaucoup plus pollué que celui qu’ont connu nos ancêtres, même proches. Selon l’OMS, en 2012, un quart des décès dans le monde ont pour origine les pollutions, et les facteurs environnementaux contribuent à la survenue de plus de 100 maladies ou traumatismes. Un élément d’optimisme en ce sens est le fait que l’on finit par découvrir les effets néfastes d’un certain nombre d’agents polluants et par cesser de les utiliser, comme l’amiante. Mais cet exemple illustre également un des aspects les plus complexes de l’évaluation des risques liés aux produits de synthèse : le délai. Le délai requis pour arriver à un consensus sur la dangerosité est souvent très long et ne permet pas d’empêcher la propagation des effets néfastes de ces produits. Si l’on ajoute à cela l’influence de certains lobbys et les enjeux économiques à l’oeuvre,, ces délais peuvent être considérablement rallongés. Les autres facteurs de complexité liés à la gestion des effets néfastes des produits de synthèse sont d’une part l’évaluation juste de leur niveau de dangerosité, et d’autre part la mise en balance de leurs potentiels effets néfastes avec les potentiels effets bénéfiques qu’ils auraient. On peut à ce titre citer deux exemples, celui de la question des antennes relais et celui du dichlorodiphényltrichloroéthane, ou DDT. Les antennes relais téléphoniques soulèvent de nombreuses questions quant à leur dangerosité, mais en l’absence de résultats probants, et étant donné le service immense qu’elles rendent dans la société du 21e siècle, elles demeurent omniprésentes dans notre quotidien. 

Le DDT, quant à lui, illustre très bien les contradictions liées à la question des polluants de synthèse. Synthétisé en 1874, la découverte de action insecticide en 1939 par Paul Herman Müller vaudra à ce dernier le Prix Nobel de médecine en 1948 étant donné l’impact majeur sur la lutte contre le Malaria ou le Typhus. Mais le DDT ne fait pas que tuer les insectes, il provoque aussi le cancer et tue la vie sauvage, en particulier les oiseaux. La publication en 1962, soit à peine 14 ans après le Prix Nobel, du livre « Silent Spring » par Rachel Carson, va déclencher une véritable onde de choc et une prise de conscience des dangers liés à l’utilisation massive et indiscriminée des pesticides, ainsi qu’aux mensonges des lobbies de l’industrie. Le livre déclenche  un tollé qui mènera à l’interdiction de son usage en agriculture aux USA en 1972. Au-delà de la prise de conscience de ses effets néfastes, l’exemple du DDT illustre le fait qu’à l’instar du glyphosate, un certain nombre d’équipements ou  composés de synthèse sont d’abord utilisés massivement car ils répondent à une vraie demande, et que la balance entre les bénéfices et les dangers liés à leur utilisation évolue avec le temps.

3 – Pourquoi est-il important de préserver la biodiversité ?

La préservation de la biodiversité fait partie des discussions internationales depuis au moins 1992 et le sommet de la Terre de Rio. En 2012, un équivalent du GIEC pour la biodiversité a d’ailleurs été mis en place : la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). C’est effectivement ce concept de services écosystémiques, c’est-à-dire des services que les être humains retirent des écosystèmes, qui est au coeur de l’importance de la préservation de la biodiversité. En effet, la biodiversité est menacée sur l’ensemble de la planète et certains chercheurs n’hésitent pas aujourd’hui à parler d’une sixième grande extinction. Si l’on ne devait citer qu’un exemple illustrant le besoin de préserver la biodiversité, ce serait probablement la grande famine qui a frappé l’Irlande en 1845, tuant 1 million d’irlandais, produisant 1 million de réfugiés, et faisant chuter la population de l’île d’environ 20 %. La famine est due à l’infection des pommes de terre par un pathogène. L’ampleur des dégâts causés par ce pathogène et la violence de la famine sont dus à deux facteurs principaux : la dépendance alimentaire à un seul type de denrée (en l’occurrence ici la pomme de terre), et la très faible, voire l’absence de biodiversité au sein des variétés de pomme de terre cultivées. 

Il existe de très nombreuses raisons de préserver la biodiversité, mais l’une des plus directement évidentes est le besoin de disposer, au sein d’une population d’une espèce donnée, d’individus mieux adaptés que les autres à l’éventualité d’une crise. Dans le cas de la grande famine irlandaise, une véritable biodiversité aurait très sérieusement limité l’impact du pathogène, car non seulement toutes les variétés de pommes de terre n’y sont pas aussi sensibles que celle qui était cultivée à cette époque, mais il existe en plus forcément des variétés plus ou moins naturellement immunisées. Face à un pathogène qui décime ceux qui y sont sensibles, ceux qui y sont immunisés exploitent l’espace laissé libre, se reproduisent, repeuplent ces espaces et vont ainsi prendre le relais et remplacer l’espèce décimée. Cet exemple peut être appliqué à toutes les espèces vivantes et à toutes les crises imaginables, d’autres pathogènes à des changements climatiques brutaux en passant par la destruction d’habitats ou par la pollution par des composés de synthèse. 

Une chute de la biodiversité signifie donc une bien plus grande vulnérabilité à tout type de crise. C’est d’autant plus vrai à l’aune de bouleversements majeurs, tant en termes de hausse globale de la température que de destruction et de transformation des habitats naturels. On peut ajouter à cet argument la notion de biomimétisme. Depuis les débuts de la médecine, l’homme s’inspire de la nature et utilise ce qu’elle crée. Les premiers médicaments sont des extraits de plantes, et aujourd’hui encore un nombre très conséquent de médicaments est directement dérivé de la nature. En plus de la médecine, d’autres domaines de la science s’inspirent de la nature pour produire des technologies innovantes. Cela va de revêtements inspirés de la surface de la peau des requins, conçue avec un espacement entre les écailles ne permettant pas aux bactéries de s’y loger, à CRISPR Cas9, système immunitaire bactérien utilisé comme ciseaux génétiques. Plus de biodiversité signifie plus de mécanismes dont s’inspirer.

4 – Nos ressources naturelles sont-elles inépuisables ?

Une ressource naturelle est une ressource présente dans la nature qui fait l’objet d’une utilisation pour satisfaire les besoins humains. Il peut s’agir d’une substance minérale (eau, métaux), organique vivante (bois, nourriture) ou fossile (pétrole, charbon), ou encore d’une source d’énergie (vent, soleil). 

On distingue habituellement les ressources non renouvelables des ressources renouvelables. Est considérée comme renouvelable une ressource dont la quantité se renouvelle à une fréquence suffisamment élevée à l’échelle de son utilisation par l’homme. A titre d’exemple, le pétrole présent en sous-sol résulte de centaines de millions d’années d’accumulation et de transformation de biomasse. Chaque unité de pétrole extraite aujourd’hui réduit donc les quantités disponibles demain. A contrario, le soleil, le vent, les ressources halieutiques et forestières sont considérées comme des ressources renouvelables. Certaines ressources, bien que considérées comme renouvelables, ne sont pas forcément infinies et peuvent être menacées par la surexploitation. C’est par exemple le cas des ressources halieutiques : une gestion durable des ressources suppose de s’assurer de la bonne évolution des stocks et d’agir en cas de dégradation trop importante. 

Les hydrocarbures comme le pétrole, le gaz naturel et le charbon étant considérées comme des ressources non-renouvelables, la question de la date de leur épuisement préoccupe depuis plusieurs décennies nos économies consommatrices. La théorie du « pic pétrolier » désigne le moment de production maximale possible de pétrole, à partir duquel l’approvisionnement en pétrole sera de plus en plus difficile. Cette notion fait l’objet de nombreuses controverses parmi les économistes, tant les projections successives ont été dépassées ou révisées depuis la première modélisation de l’épuisement du pétrole en 1956 par M. King Hubbert. 

Les ressources pétrolières sont généralement classées entre réserves (prouvées ou probables, correspondant à un volume identifié ou estimé grâce aux technologies disponibles) et ressources (volume disponible estimé selon des critères de « récupérabilité » économique ou technologique, i.e d’exploitabilité). La récupérabilité économique désigne donc la capacité des acteurs à exploiter une ressource en fonction de son coût d’exploitation et de son prix sur le marché. Par exemple, si le prix du pétrole est faible, la rentabilité d’un certain nombre de champs est compromise : la ressource naturelle, présente, n’est pas exploitable selon des critères économiques. La récupérabilité technologique désigne, elle, la capacité technique des acteurs à exploiter un certain type de ressources. La fracturation hydraulique ou le forage en eaux profondes ont par exemple rendu accessibles certaines ressources naturelles qui ne l’étaient pas auparavant. La mesure de l’épuisement des ressources naturelles non-renouvelables, et plus particulièrement des hydrocarbures, est donc une notion évolutive, facteur des moyens humains disponibles à date. 

L’un des grands enjeux de notre siècle réside dans la diminution des ressources naturelles, renouvelables et non-renouvelables, disponibles par rapport aux besoins engendrés par nos modes de vie. Selon les prévisions des Nations Unies, 90 % des stocks de poissons seraient pleinement exploités, surexploités ou en déclin, du fait d’un trop faible niveau de contrainte des États et des acteurs économiques dans leur exploitation, et de mécanismes incitatifs dangereux, comme certaines subventions publiques. Outre la menace que représente cette surexploitation pour la pérennité de l’approvisionnement de nos sociétés, elle provoque des déséquilibres écosystémiques importants, dont il est encore difficile de mesurer toute l’ampleur. En matière de ressources halieutiques par exemple, la chaîne alimentaire de l’océan peut elle-même être menacée par d’autres déséquilibres écosystémiques, comme l’acidification des océans, qui menace la survie de nombreuses espèces.
Nos sociétés sont fondamentalement dépendantes d’une multitude de ressources naturelles. L’évolution de nos usages, à commencer par la révolution numérique et la transition énergétique, transforment profondément cette dépendance, et la déplacent plutôt qu’elles ne l’amoindrissent. Par exemple, le développement du numérique a démultiplié le recours à certaines ressources minières comme le cuivre, le silicium et d’autres minerais, dont la chaîne de valeur (extraction, traitement) rappellent à s’y méprendre celle du pétrole. Loin de dématérialiser nos économies, le numérique induit une nouvelle dépendance envers d’autres ressources naturelles. La transition écologique est une occasion politique unique de prendre conscience de cette dépendance et de la réduire, par la sobriété énergétique par exemple, ou le développement de l’économie circulaire.

5 – Est-ce si grave que la Terre se réchauffe ?

Même si quelques irréductibles, d’ailleurs non spécialistes du sujet, continuent de le nier, il est maintenant globalement admis que le réchauffement de la planète observé depuis 1945 est d’origine anthropique. Il est en effet causé par l’augmentation de la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère planétaire, en particulier du plus important d’entre eux, le gaz carbonique, dont la concentration a doublé depuis le début de l’ère industrielle. Le réchauffement dû à l’activité humaine, que l’on peut déterminer grâce à des modèles physiques et en particulier distinguer d’un réchauffement d’origine exogène (Soleil, variabilité naturelle…), est actuellement d’un degré et les modèles prédisent une augmentation de 2 à 6°C d’ici 2100. Pourquoi une telle fourchette ? Notamment parce que les modèles ne prennent pas en compte les phénomènes physiques exactement de la même manière et surtout parce qu’ils ne considèrent pas tous le même scénario d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2100.

Ce réchauffement global, et il faut insister sur le terme global car au niveau local on pourra assister à des refroidissements, est lourd de conséquences. Par comparaison, dans le passé, la différence de température globale entre une période glaciaire et non-glaciaire est de l’ordre de 5°C. Autrement dit, une différence de 5°C sur l’ensemble de la planète fait varier l’extension des glaces du pôle Nord du cercle arctique au centre de la France. La différence est notable. De même, depuis la dernière glaciation, c’est-à-dire dans la période qui a vu le développement des grandes civilisations humaines, les températures moyennes ont été relativement stables, évoluant dans une fourchette de plus ou moins 0,5°C.

Par conséquent, le réchauffement global de la planète, qui est un phénomène durable dans la mesure où le temps de résidence moyen du CO2 dans l’atmosphère est de 110 ans, va entraîner des changements climatiques majeurs dont nous ne sommes pas capables actuellement de mesurer l’importance réelle. Les modèles évoquent une augmentation de la fréquence des évènements extrêmes, l’augmentation du niveau de la mer, la modification du régime des pluies etc. Le phénomène de réchauffement global de la Terre n’est pas sous contrôle humain et peut potentiellement changer radicalement nos conditions de vie, voilà pourquoi il est fondamental de s’y opposer par tous les moyens.

6 – Quelles sont les activités qui impactent le plus notre environnement ?

Depuis que l’Homo sapiens a sillonné la terre pour la première fois, nous avons modifié notre environnement avec l’agriculture, l’urbanisation et les réseaux commerciaux. Le terme “anthropogénique”, qui désigne tout effet résultant de l’activité humaine, est à la base du concept d’anthropocène, l’époque géologique marquant le début d’un impact humain significatif sur les écosystèmes terrestre. Pour certains scientifiques, nous serions même dans “la sixième extinction majeure de la Terre” 1.

De manière à la fois positive et négative, la civilisation humaine et la technologie ont affecté la planète, soit directement, soit indirectement avec des effets secondaires intégrés au sein d’une série d’actions et de réactions. La baisse de la qualité de l’eau, l’augmentation de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources naturelles et la contribution au changement climatique mondial sont autant d’exemples d’impacts néfastes de notre activité. En particulier, notre influence sur la biodiversité, avec l’accélération du taux d’extinction des espèces, constitue l’un des principaux attributs de l’Anthropocène.

Depuis le début de l’ère industrielle, l’effet global des activités humaines sur le climat a favorisé un phénomène de réchauffement. Les gaz à effet de serre et les aérosols affectent le climat en modifiant les rayonnements solaire et thermique intégrés au bilan énergétique de la Terre. L’impact humain sur le climat dépasse largement celui dû aux changements issus de processus naturels, tels que les changements solaires et les éruptions volcaniques.

En 2015 à l’échelle mondiale, les principales sources d’émissions sont l’électricité et la chaleur (31 %), l’agriculture (11 %), les transports (15 %), la foresterie (6 %) et la fabrication (12 %). La production d’électricité de tous types reste le premier émetteur, avec 73 % du total de toutes les émissions dues à la combustion d’énergie (Climate Watch).

7 – La protection de l’environnement est-elle un problème géopolitique ?

La protection de l’environnement est un problème géopolitique au sens littéral. D’une part, elle s’ancre d’abord et par essence dans la géographie, puisqu’elle est toujours et avant tout spatialisée, c’est-à-dire qu’elle consiste en une action avec un périmètre territorialisé et un objectif d’impact localisé (par exemple, un bassin hydrographique ou un écosystème précis).

D’autre part, la protection de l’environnement acquiert une dimension politique par la nature, l’ampleur, et les conséquences de l’intervention dont elle est synonyme dans la sphère socio-économique. En effet, circonscrire un périmètre d’espace « à protéger », ou bien décider d’augmenter les prix des carburants fortement carbonés revient à perturber des usages sociaux d’un territoire aussi bien que des habitudes de consommation.

Du reste, la dimension politique de l’intervention environnementale est exacerbée par l’interaction de plusieurs échelles d’action politique et de gouvernance, s’étendant du local à l’international. C’est dans ce jeu d’échelles que la dimension proprement « géopolitique » de la protection de l’environnement est la plus visible et prend tout son sens. Les pays sont en effet interdépendants face aux problèmes environnementaux. Ils sont le plus souvent tributaires de (l’absence de) décisions de leurs homologues en la matière, sans pour autant qu’existe de système international suffisamment coercitif pour suivre les engagements étatiques ou bien équilibrer entre pays les responsabilités et conséquences de ces décisions étatiques. Par exemple, il est bien documenté que les émissions de gaz à effet de serre, dont les pays développés ou industrialisés majoritairement des moyennes latitudes sont en grande partie responsables, ont un impact direct sur la pluviométrie, les températures et la fréquence des événements climatiques extrêmes – c’est-à-dire autant de dégâts pour les sociétés locales – dans les pays de basses latitudes. Pourtant, dû à la complexité de la chaîne causale des problèmes environnementaux qu’il est difficile de remonter jusqu’à leurs sources, et en raison de l’absence de mécanismes contraignants pour la prise d’engagements environnementaux clairs par et entre les États, le médium géopolitique – c’est-à-dire le rapport de force entre entités politiques et entre territoires – demeure aujourd’hui le terrain privilégié d’expression et de négociation des priorités d’action en matière de protection de l’environnement.

En effet, que ce soit sur la question des migrants climatiques, de la répartition des ressources naturelles (sources d’énergies, métaux, eau), sur les efforts à faire en termes de diminution des émissions de gaz à effet de serre, ou même encore sur la fiabilité des données scientifiques elles-mêmes, tout est souvent une question d’intérêts politiques. En ce sens, la question environnementale est un élément de contention tout comme un enjeu de pouvoir nouveau dans les relations internationales, comme tend à le prouver l’importance de la structuration d’une politique climatique européenne cohérente en amont de la prochaine COP, en décembre 2020 à Glasgow, où doivent être évalués et révisés les engagements signés par les États dans l’Accord de Paris en 2015.

8 – Qu’est-ce qu’une politique environnementale ?

Une politique environnementale est une déclaration effectuée par une organisation – souvent un État, mais aussi un nombre croissant d’entreprises qui définissent leur propre « ligne » ou « stratégie » environnementale – sur ses principes et ses intentions d’action par rapport à son comportement ou à un problème environnemental. Cette politique offre un cadre d’action à l’organisation car elle en établit positivement les objectifs environnementaux. En regard de l’ampleur, de la complexité et du temps long des problèmes environnementaux, il faut noter que la publicité des objectifs d’une politique environnementale revêt un rôle particulièrement crucial. En effet, c’est le fait d’être publiquement annoncée et détaillée qui permet à ladite politique de devenir un « engagement crédible » (credible commitment dans le lexique de la théorie des jeux anglo-saxonne) porteur de sa propre nécessité de réalisation.

La France a constitutionnalisé sa politique environnementale par l’intégration dans le bloc de constitutionnalité en 2005 de la Charte de l’environnement, reconnaissant ainsi les droits et les devoirs fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement. Les parties prenantes et les entités ciblées par une politique environnementale sont cependant loin de se cantonner aux seuls États. Collectivités locales, ONGs, associations de consommateurs, entreprises, municipalités, réseaux transnationaux de villes, sont autant d’acteurs et d’exécuteurs nouveaux des politiques environnementales. Si elle est positivement vectrice d’un nombre croissant d’actions en faveur de l’environnement, cette pluralisation du champ politique comporte aussi le risque de la fragmentation des initiatives entre acteurs et échelles géographiques dont le scénario extrême serait l’archipélisation des politiques.

C’est d’ailleurs à cet égard que, dans le sillage de l’économiste politique et prix Nobel Elinor Ostrom, les politistes Robert Keohane et David Victor ont introduit en 2011 dans un célèbre article le concept séminal d’ « entrelacs de régimes » pour qualifier la prolifération croissante et le manque de coordination qui caractérisent les initiatives, alliances et politiques environnementales de ces trente dernières années. Cette myriade de « régimes » chacun spécialisés (ils peuvent par exemple se focaliser respectivement sur les problèmes liés à l’eau, la biodiversité, etc.) présente l’avantage fonctionnel d’être bien répartie entre les échelles, décentralisée, et flexible car les initiatives et politiques environnementales ne sont reliées entre elles que par des « couplages flottants » sans obligations fermes les unes envers les autres. Cependant, et il s’agit là d’un défi actuel majeur, le revers de la médaille de cette configuration des politiques environnementales en « entrelacs de régimes » est qu’elles y perdent en synchronisation et en force d’application. Le problème se retrouve aussi bien à l’échelle sub-nationale, avec la multiplication d’initiatives pro-environnementales locales souvent mal encadrées par les États, qu’internationale avec le déficit de coordination des objectifs des pays qui transparaissent dans les négociations multilatérales comme celles autour du Green Deal européen où les désaccords entre pays de l’Est et de l’Ouest sur la décarbonisation de l’économie européenne ont été patents.

Du côté des entreprises plus spécifiquement, même si certaines d’entre elles cherchent réellement à diminuer leur empreinte écologique, il reste qu’une bonne partie des feuilles de route environnementales publiées par les multinationales s’apparente à du « green washing », c’est-à-dire à une promotion  d’un positionnement écologique par des stratégies de marketing et de communication dont la finalité première est de redorer le blason écologique de l’entreprise – et donc en dernier lieu d’en maximiser le profit – plutôt que de manifester un souci pour les problèmes environnementaux engendrés par l’activité économique. Il faut cependant rappeler qu’historiquement, la réglementation environnementale a été construite et perçue comme un frein à l’activité économique, dans la mesure où l’environnement était « mis en politique » principalement en fonction de l’un ou l’autre des motifs suivants :

  1. la santé et la sécurité sur le lieu de travail et dans la société (par exemple, la pureté de l’air, de l’eau et du sol, objectifs communs des lois) ;
  2. les préjudices causés à d’autres particuliers ou à leurs biens (par exemple, la nuisance ou la négligence dans la manipulation de matières par l’activité privée). 

À cet égard, au sein de l’Union européenne, l’accent en matière de politiques environnementales est aujourd’hui de plus en plus mis sur l’aspect législatif, en particulier sur la responsabilité financière des acteurs privés (principe dit du « pollueur payeur » promu par l’OCDE dès 1972 et formellement adopté par l’UE via l’Acte unique européen de 1987). Cette approche imprègne et définit également l’orientation des politiques communautaires européennes, et plus largement des discussions multilatérales dans le monde, ce qui se manifeste par l’importance croissante donnée à la planification, aux engagements et à la responsabilité environnementales des États devant la communauté internationale. La tendance est confirmée par la multiplication des feuilles de route pour la transition énergétique, des budgets carbone, et des résolutions de réduction des émissions nationales de gaz à effet de serre formalisés par les pays ces vingt dernières années. L’enjeu clé des politiques environnementales futures demeure cependant d’assurer leur bonne articulation, tant à travers les échelles de gouvernance qu’entre les États. De par leur poids budgétaire, politique et réglementaire, ces derniers restent en effet les principaux acteurs dépositaires d’un pouvoir de changement de grande ampleur en matière d’environnement.

9 – Quelle est la politique de l’Union dans ce domaine ?

La politique environnementale, initialement absente du traité de Rome (1957), est progressivement devenue un objectif en soi avec l’intégration d’un titre « Environnement » au traité de la CEE en 1986, la définition de la politique environnementale comme politique européenne dans le traité de Maastricht en 1992, l’intégration du développement durable dans le traité d’Amsterdam en 1997 et l’ajout de l’objectif de lutte contre le changement climatique dans le traité de Lisbonne en 2009. Aujourd’hui la politique environnementale de l’Union repose sur quatre principes juridiques : le principe de précaution, le principe de prévention, le principe de la correction des atteintes à l’environnement et le principe « pollueur-payeur ». De fait, disposant de peu de ressources, cette politique consiste surtout à édicter des normes et des réglementations (80 % de la législation française dans ce domaine est par exemple d’origine communautaire).

À la suite du protocole de Kyoto, l’UE s’est par ailleurs fixée comme objectif une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % en 2020 par rapport à 1990 dans son premier paquet énergie-climat, paru en 2009. Dans la même logique, le plan « énergie-climat » de 2014 a rehaussé ces objectifs en visant la réduction des émissions de CO2 de 40 % par rapport à 1990, à accroître la part des énergies renouvelables dans la production européenne, à hauteur de 32 % de la production totale d’énergie, et à améliorer l’efficacité énergétique de 32,5 % à horizon 2030.

Les principaux axes de la politique environnementale de l’UE sont :

  • le changement climatique
  • la nature et la biodiversité
  • l’environnement et la santé, la qualité de la vie
  • les ressources naturelles et les déchets

Les sept stratégies thématiques de ce programme d’action portent sur la pollution atmosphérique, le milieu marin, l’utilisation durable des ressources, la prévention des déchets et le recyclage, l’utilisation durable des pesticides, la protection des sols et l’environnement urbain. Dans ces buts, un programme financier nommé LIFE+, orienté sur les travaux de recherches dans le domaine de la nature et de la biodiversité, dispose d’un budget de 3,4 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Dans son projet de budget 2021-2017, la Commission propose de porter ce budget à 5,4 milliards d’euros. Conformément à la communication du Pacte vert, la Commission propose également de consacrer 40 % du budget agricole et 30 % du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche à l’action climatique.

En décembre 2019, le Pacte vert européen annoncé par la nouvelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen concrétise effectivement un changement de perspective politique vis-à-vis du climat : la lutte contre le changement climatique est désormais une nécessité devant influencer et même conditionner l’action de tous les autres domaines de la vie politique et économique européenne. La politique agricole, la préservation du “capital naturel” et de la biodiversité, la lutte contre les pollutions et la toxicité dans l’environnement, et le développement de l’économie circulaire sont autant de domaines dans lesquels la politique environnementale européenne décline des mesures concrètes, et à l’ambition inédite.

La communication de la Commission sur le Pacte vert, entérinée par le projet de loi climatique présenté en mars 2020, prévoit notamment le réexamen, voire la révision des instruments politiques pertinents pour les rendre compatibles avec l’atteinte de la neutralité carbone en 2050.

10 – Le développement durable, solution de tous nos maux ?

Le développement durable « est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », avec la notion de besoins allant au-delà des simples besoins matériels pour inclure les valeurs, les relations, la liberté de penser et d’agir. Cette définition fut consacrée pour la première fois en 1987 dans le rapport Brundtland, selon lequel l’équité, la croissance et le maintien de l’environnement sont simultanément possibles. Il sonna également l’alerte contre les conséquences environnementales négatives de la croissance économique contemporaine et de la mondialisation. 

L’histoire du développement durable comprend plusieurs jalons historiques signalant les défis à transcrire ces principes en actions réelles pour les peuples et la planète. Ainsi, en 1992, le Sommet de la Terre rassembla les gouvernements du monde entier autour de l’élaboration d’un nouvel agenda pour l’environnement et le développement, l’Agenda 21. En parallèle, les organisations non-gouvernementales se réunirent pour échanger sur les enjeux critiques du développement inclusif et durable, dans une étape importante vers la participation active de la société civile au niveau local comme au niveau mondial. 

L’une des réalisations importantes du Sommet de la Terre fut la Déclaration de Rio, dont le premier principe stipule que « les êtres humains sont au centre des préoccupations pour le développement durable ». En outre, Action 21 mit en exergue la notion capitale de “responsabilités communes mais différenciées” entre les pays, notion qui est restée au coeur des négociations internationales sur le climat. 

La conversion de l’Agenda 21 en actions concrètes pour le développement durable conduit au Sommet mondial de Johannesburg de 2002, qui mit l’accent sur les partenariats publics-privés pour mettre en oeuvre et financer le développement durable. Toutefois, l’absence de mesures réelles demeura critique. Grâce à un processus inclusif de négociations intergouvernementales, une étape majeure fut franchie en 2012, avec la Conférence des Nations Unies sur le développement durable. Elle donna lieu aux 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) et à leurs 169 cibles, dont le cadre régit aujourd’hui la plupart des programmes de développement durable des acteurs publics et privés. Les ODD s’appuient sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), créés en 2000, pour l’atteinte d’objectifs économiques, sociaux et environnementaux durables à l’échelle mondiale.

Sources
  1. Leakey, Richard E ; Lewin, Roger (1995). The sixth extinction : biodiversity and its survival.  New York : Doubleday