L’État est la solution : la nouvelle politique industrielle américaine
Pour la première fois traduit et commenté en français, nous publions le discours de la méthode de Brian Deese, Directeur du Conseil économique national à la Maison Blanche, sur la stratégie industrielle américaine à l’ère Biden. Au-delà des effets d’annonce, il montre comment l’action de cette administration entend transformer en profondeur les structures productives aux États-Unis.
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- Louis de Catheu •
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- © Ting Shen/Pool/Sipa USA
Lors de la dernière campagne présidentielle, Joe Biden a placé la reconstruction de l’Amérique au cœur de son message à destination du peuple américain. Derrière le slogan « Build Back Better », il s’engageait à renforcer les services publics, les infrastructures et le dynamisme technologique américains. Pour aboutir à ces objectifs en mobilisant le budget fédéral, pour mener à bien ce programme, l’Administration Biden a notamment créé, avec le Congrès, de multiples outils de politique industrielle — subventions à la production de semiconducteurs ou d’électricité renouvelables, programmes de recherche, coopérations publics-privés, etc.
Brian Deese, le Directeur du Conseil économique national à la Maison-Blanche joue un rôle clef dans la mise en musique de cette stratégie industrielle de nouvelle génération. Il est notamment chargé de coordonner la politique économique au travers de la branche exécutive et de conseiller le Président sur ces sujets.
Dans ce discours de la méthode sur la stratégie industrielle de l’Administration Biden, il défend le rôle moteur des investissements publics dans le développement économique et la sécurité nationale, souligne les succès législatifs et présente les défis qui restent à surmonter pour mettre en œuvre ce programme et dépenser efficacement les centaines de milliards de dollars qui y ont été alloués.
Ce discours constitue donc un point d’observation privilégié pour comprendre la transformation en cours dans la doctrine économique démocrate. Après 25 ans de centrisme, la volonté se fait jour d’adopter des politiques plus activistes visant à transformer les structures productives dans un sens progressiste.Pour la première fois traduit et commenté en français, nous publions le discours de la méthode de Brian Deese, Directeur du Conseil économique national à la Maison Blanche, sur la stratégie industrielle américaine à l’ère Biden. Au-delà des effets d’annonce, il montre comment l’action de cette administration entend transformer en profondeur les structures productives aux États-Unis.
Merci, Robyn et merci au City Club de Cleveland de me reçevoir. Je suis heureux d’être présent ici pour parler de stratégie industrielle américaine.
Il y a à peu près 6 mois, j’ai affirmé qu’il était grand temps pour l’Amérique d’adopter une stratégie industrielle moderne.
À la base, l’idée est simple : les investissements publics stratégiques sont essentiels pour réaliser le plein potentiel économique de notre nation.
Il s’agit d’une idée aussi ancienne que l’Amérique elle-même. Notre premier secrétaire au Trésor, Alexander Hamilton, affirmait que « les deniers publics doivent suppléer les déficiences des ressources privées” pour “stimuler […] et renforcer les efforts de l’industrie. »
Je suis ravi d’être présent ici aujourd’hui, à Cleveland, pour renouveler cette vision. L’histoire économique de Cleveland illustre une vérité toute simple : en travaillant ensemble, de manière partenariale, l’État, l’industrie et les travailleurs peuvent libérer un potentiel économique extraordinaire — et ainsi faire naître des opportunités économiques au bénéfice de nos familles et de nos communautés.
Il y a de cela deux siècles, lorsque l’Amérique bâtit le canal Erié — la première super autoroute américaine — Cleveland se retrouva subitement connectée au commerce mondial. Le Président Lincoln donna ensuite aux États la capacité de réaliser des investissements au profit de leurs habitants et des industries locales, en utilisant les terres fédérales pour établir des land-grant colleges — ce qui nous a offert l’Ohio State University et la Central State University.
Cleveland est rapidement devenu un hub vital pour le transport ferroviaire, abritant des industries en rapide croissance, notamment dans le pétrole et l’acier. Cette puissance industrielle nourrit ensuite de nouvelles innovations.
C’est à Cleveland qu’ont vu le jour le premier parc public éclairé à l’électricité, le premier tramway électrique et le premier feu de circulation électrique — ce qui est normal, Thomas Edison étant né dans les environs. C’est un fabricant automobile de Cleveland qui produisit la première voiture à avoir traversé le pays d’une côte à l’autre. Et c’est un autre fabricant automobile de Cleveland qui, il y a un siècle, fut le créateur de certains des tout premiers véhicules électriques.
L’Amérique a investi dans Cleveland et dans tout l’Ohio. En contrepartie, les habitants de l’Ohio ont innové, développé et ont généré des bienfaits pour toute l’Amérique.
Quand la politique américaine s’est finalement détournée de cette glorieuse tradition, ce sont des endroits tels que Cleveland qui en ont fait les frais. À partir du début des années 1980, la conversion à la théorie du ruissellement a provoqué plusieurs décennies de négligence envers ces sources d’innovation. Et donc à un déclin dans les capacités d’innovation industrielle et technologique de notre nation. Alors que nous réduisions nos investissements, d’autres pays — en premier lieu la Chine — ont pris les devants, en investissant dans les infrastructures, la production manufacturière et les technologies émergentes.
Ces tendances posent des risques clairs envers la sécurité économique et la sécurité nationale de l’Amérique.
Mais, fort heureusement, un changement fondamental a aujourd’hui lieu en Ohio et dans l’ensemble des États-Unis. Je suis ici pour affirmer qu’il ne s’agit pas d’un hasard. Grâce au leadership du Président Biden, nous avons ouvert un nouveau chapitre — et nous réalisons les plus importants investissements publics en faveur du potentiel industriel américain depuis des décennies. Nous faisons renaître une puissante tradition, incarnée par Cleveland, en l’adaptant à une nouvelle ère.
Contrairement à la linéarité historique mise en scène dans cette introduction, le recours assumé à la politique industrielle ne va pas de soi aux États-Unis. En effet, depuis les années 1980 et la révolution Reagan, le discours néolibéral qui fait de l’intervention étatique le problème plutôt que la solution a acquis une grande influence. Le sociologue Fred Block parle ainsi de « fondamentalisme de marché ». Les interventions publiques pour soutenir le développement de certains secteurs jugés clefs n’ont pas disparu, mais elles se sont faites plus discrètes — fonds de capital-risque public, DARPA, etc. — ou, quand elles se font trop visibles, elles sont souvent l’objet de vives critiques en favoritisme et en absence d’efficacité (picking the winner). La faillite de l’entreprise de panneaux solaires Solyndra qui avait bénéficié d’un prêt garanti de l’administration Obama est ainsi très souvent rappelée par les commentateurs conservateurs et libertariens.
Il est donc intéressant de voir comment Brian Deese cherche à légitimer la stratégie industrielle de l’administration Biden. Face au discours hégémonique qui fait du système de marché libre un pilier de l’identité américaine et la seule source de son dynamisme économique, il mobilise des symboles américains — Lincoln, le Canal Erié, Hamilton, qui est un père fondateur — pour démontrer le rôle de l’État fédéral dans le développement du pays. Surtout, il fait du désengagement de l’État et des reaganomics la cause de la désindustrialisation.
La stratégie industrielle moderne du Président Biden
Au cours des 18 derniers mois, le Président Biden a travaillé avec le Congrès pour adopter 4 lois fondamentales : le American Rescue Plan, qui a permis à notre économie d’éviter le précipice, et plus récemment la loi bipartisane sur les infrastructures, le CHIPS and Science Act, et l’Inflation Reduction Act.
Le American Rescue Plan de mars 2021 comprend, dans le contexte de la crise Covid, de nombreuses aides en faveur des ménages — chèque de 1400 dollars, extension des aides pour les chômeurs, crédit d’impôt familial, etc. —, des entreprises et de certains services publics (éducation, santé et collectivités).
L’Infrastructure Investment and Jobs Act de novembre 2021 prévoit 1100 milliards de dollars, dont 550 de crédits nouveaux, sur 10 ans, en faveur des infrastructures routières, de transport ferroviaires, portuaires et numériques (fibre). Il comprend également quelques mesures en faveur du climat dont un plan de soutien à la filière hydrogène et un programme d’achat de bus électriques.
Le CHIPS and Science Act d’août 2022 alloue 52 milliards à un fonds chargé de distribuer des subventions pour l’installation d’usines de semi-conducteurs, la recherche et développement dans le domaine, et crée un nouveau crédit d’impôt pour la production manufacturière avancée. Il autorise également une forte augmentation des crédits accordés à la National Science Foundation et au Département de l’énergie.
L’Inflation Reduction Act d’août 2022 crée de nombreux crédits d’impôts en faveur des énergies renouvelables, un accélérateur de banques publiques vertes et accroît massivement le programme de prêts garantis du Département de l’énergie.
Ces lois sont unies par une forte vision mobilisatrice : une stratégie industrielle américaine moderne.
Voici ce qu’accomplit une stratégie industrielle américaine moderne. Elle identifie les domaines dans lesquels l’initiative privée, laissée à elle-même, ne mobilisera pas les investissements nécessaires à la promotion de nos principaux intérêts économiques et de sécurité nationale. Elle recourt alors aux investissements publics pour stimuler l’investissement privé et l’innovation.
Cela signifie que — plutôt que d’accepter, comme un destin inéchappable, le fait que les décisions individuelles de ceux qui ne se préoccupent que de leurs profits privés nous mettront dans une situation de retardataire dans des secteurs clés — nous nous lançons dans des investissements stratégiques dans les domaines qui formeront la colonne vertébrale de notre croissance économique dans les prochaines décennies, domaines dans lesquels nous devons accroître la capacité productive de la nation.
Une stratégie industrielle américaine moderne ne répond pas au risque de sous-investissement en cherchant à remplacer ou à mettre de côté le secteur privé : elle utilise les investissements publics pour susciter plus d’investissements privés et s’assure que les bénéfices cumulatifs de ces investissements renforcent notre richesse nationale. Elle encourage la répartition de ces investissements entre toutes les régions et toutes les communautés. Et elle investit dans les travailleurs — les individus à l’origine de toute cette productivité et de cette innovation.
Il ne s’agit pas pour l’État de choisir les gagnants et les perdants. Notre approche est différente. Notre stratégie industrielle américaine moderne reflète notre choix de réaliser des investissements audacieux dans des domaines clés, sur lesquels il existe un consensus des académiques aux dirigeants d’entreprises, pour considérer qu’elles seront fondamentales pour la croissance économique. Ces investissements contribuent à accélérer et à façonner l’innovation fulgurante, ils encouragent l’investissement privé et la concurrence sur le marché, et cela de manière à ne choisir qu’un seul gagnant : le peuple américain, sa productivité, ses opportunités et son niveau de vie.
Brian Deese cherche ici à répondre aux critiques couramment adressées à la politique industrielle : le risque d’éparpillement, l’effet d’éviction — l’idée que les investissements publics ne font que remplacer des investissements privés qui auraient lieu en l’absence d’intervention publique — et le choix des gagnants — l’intervention publique conduirait à donner, de manière arbitraire, des avantages à certains acteurs économiques, qui vont prospérer sans que cela soit lié à leurs performances économiques.
Il est vrai que les lois mentionnées par Brian Deese se concentrent sur quelques secteurs — semi-conducteurs, infrastructures, énergies vertes — et adoptent une logique incitative, à travers notamment de nombreux crédits d’impôts et subventions, pour laisser les entreprises privées prendre leurs décisions de manière autonome. Il s’agit de jouer un rôle de catalyseur mais également de résoudre des problèmes d’action collective en assurant la coordination entre différents secteurs concernés par un même défi technologique.
Le premier domaine est celui des infrastructures de transport
Les infrastructures posent littéralement les fondements des investissements privés. Grâce à elles, les entreprises peuvent acheminer plus efficacement les marchandises vers le marché. Les chaînes d’approvisionnement peuvent fonctionner de manière plus fiable. Les travailleurs peuvent accéder à plus d’opportunités et à des emplois à plus haute productivité.
Et aujourd’hui, nous faisons un effort historique pour poser ces fondements.
Notre stratégie industrielle prévoit des investissements dans nos infrastructures plus importants encore que ceux consentis sous le Président Eisenhower afin de bâtir le réseau autoroutier.
Le deuxième domaine à faire l’objet d’un accord général est l’innovation technologique.
Les investissements publics dans la recherche et l’innovation alimentent le moteur privé de l’économie américaine. Ils maintiennent l’Amérique à la pointe, en particulier lorsqu’ils sont liés à la production manufacturière, en raison des fortes boucles de rétroaction entre les laboratoires de recherche et les usines. Une nation qui abandonne ses capacités de fabrication risque également de céder son leadership technologique.
Pendant des décennies, nous avons cédé ce terrain.
Mais maintenant, avec notre stratégie industrielle, nous investissons plus dans l’innovation que le président Kennedy et le programme Apollo qui nous a emmenés sur la Lune.
Nous nous engageons à adopter le plus important budget quinquennal en faveur de la recherche et le développement de l’histoire.
Le CHIPS and Science Act crée de nouveaux programmes au sein des agences fédérales du secteur de la recherche — création d’une direction des technologies et de l’innovation au sein de la NSF, création d’une fondation pour la sécurité énergétique au sein du DOE, etc. En conséquence leurs plafonds de dépenses autorisés sont largement revus à la hausse :
— la fondation nationale pour les sciences (NSF) : 81 milliards de dollars sur 5 ans (+36 milliards) ;
— le bureau des sciences du département de l’énergie : 50 milliards de dollars sur 5 ans (+13 milliards) ;
— l’institut national des normes et des technologies (NIST) : 10 milliards de dollars sur 5 ans (+ 5 milliards).
Ces dépenses doivent encore faire l’objet d’une loi d’approbation pour que les crédits soient définitivement alloués.
Nous connectons toute l’Amérique à l’économie numérique en élargissant l’accès à Internet haut débit.
Et nous ouvrons de nouvelles opportunités en investissant dans l’éducation et la formation en sciences et technologies, dans les écoles, les universités et les organismes de formation professionnelle, afin de former une main-d’œuvre qualifiée et diverse.
Et le troisième domaine est celui des énergies vertes.
À l’échelle mondiale, la transition vers une économie décarbonée s’annonce comme la plus importante transformation économique depuis la révolution industrielle. Cela affectera non seulement la façon dont nous produisons et consommons de l’énergie, mais aussi la façon dont nous nous déplaçons et nous vivons.
Nous savons que la crise climatique ne peut pas être résolue par les seules forces du marché. Nous savons que le leadership public et l’investissement sont la clé. Et pourtant notre pays s’est tenu à l’écart pendant des décennies.
Mais aujourd’hui, avec notre stratégie industrielle, nous réalisons le plus grand investissement dans les énergies vertes de toute l’histoire de notre pays.
En offrant des incitations à long terme, nous encourageons le secteur privé à investir à grande échelle. Couplé à des réglementations qui offrent des certitudes aux investisseurs, ce plan incitera au déploiement rapide des technologies matures, à l’accélération de la commercialisation des innovations émergentes et à une réduction des émissions de gaz à effet de serre plus rapide qu’à tout autre moment de notre histoire. À mesure que les industries se développeront, les prix de l’énergie pour les familles vont se réduire et des emplois de haute qualité seront créés pour les travailleurs.
Loin de supplanter les marchés ou d’évincer l’investissement privé, les investissements fondamentaux réalisés dans ces trois domaines (infrastructure, innovation et énergie propre) viendront stimuler extraordinairement l’investissement privé.
En effet, nous estimons que le programme législatif du président Biden, générera, en tenant compte à la fois des capitaux publics et privés, quelque 3,5 milliers de milliards de dollars d’investissements au cours de la prochaine décennie.
Ce nombre peut sembler diffus ou distant. Alors permettez-moi de le rendre plus concret. Au cours des seuls derniers mois :
Intel a lancé la construction d’un complexe dédié aux semi-conducteurs à 20 milliards de dollars en banlieue de Columbus.
General Motors a annoncé près d’un milliard de dollars d’investissements pour produire des composants de véhicules électriques, avec des ouvriers syndiqués de l’UAW, dans son usine de Toledo — et s’est engagé à étendre une usine de batteries lithium-ion à Youngstown.
First Solar a annoncé consacrer près de 200 millions de dollars pour moderniser et étendre ses trois usines de panneaux solaires situées près de Toledo.
Ford prévoit de consacrer 1,5 milliards à son usine d’assemblage d’Avon Lake, située juste à l’extérieur de Cleveland, créant ainsi 2000 nouveaux emplois syndiqués.
Et cette semaine, Honda et LG ont annoncé qu’ils prévoyaient d’investir jusqu’à 4,4 milliards de dollars dans une usine de batterie pour véhicules électriques dans le comté de Fayette, et 700 millions de dollars supplémentaires pour rééquiper les usines de véhicules électriques de Honda situées en Ohio.
Et il s’agit juste de l’Ohio. Je pourrais poursuivre encore et encore. Dans tout le pays, les entreprises investissent dans la production pour les secteurs du futur.
C’est ce dynamisme que notre stratégie industrielle contribue à libérer : l’afflux de capitaux privés, la résurgence de la fabrication américaine, la relocalisation des chaînes d’approvisionnement et le renforcement de notre base industrielle. Notez bien que je n’emploie pas le futur. Cela se passe ici et maintenant.
Le secteur industriel a en 2022 un dynamisme réel. La production a dépassé le niveau pré-pandémique à la fin 2021 et a continué à croître en 2022 malgré l’inflation. Les investissements dans l’extension de l’outil de production se multiplient, en raison des incitations fiscales — notamment dans les semiconducteurs, les batteries, etc. — mais également dans une logique de relocalisation de la production. Résultat, la valeur des projets de construction d’usines en cours de réalisation est passée d’environ 70 milliards de dollars avant la pandémie à 113 milliards en septembre 2022. Ce mouvement a débuté après la pandémie qui a bien mis en évidence les risques que font peser des chaînes d’approvisionnement très étendues et non maîtrisées. Il est encore renforcé par la dégradation de l’environnement géopolitique.
La nécessité d’une stratégie industrielle
Et tout cela se produit à un moment économique crucial.
Nous sommes confrontés à un ensemble complexe de défis économiques mondiaux. Les chocs en série de la pandémie, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de la guerre de Poutine. Les pressions inflationnistes mondiales, les inégalités, la concurrence avec la Chine et d’autres pays, une réévaluation généralisée de la mondialisation et l’incertitude quant au potentiel productif de l’Amérique.
Alors même que nous sommes confrontés à l’immédiateté de ces défis — j’y inclus notre travail urgent visant à faire baisser les prix pour les familles américaines – nous apercevons derrière eux une question centrale : les États-Unis peuvent-ils traverser cette transition post-pandémique plus forts, plus dynamiques, avec un plus grand potentiel de croissance et une prospérité largement partagée ? Ou risquons-nous de retomber dans un équilibre pré-pandémique de faible investissement, de faible croissance, de creusement des inégalités et de perte de notre avantage concurrentiel ?
Supposons que vous souhaitiez concevoir le meilleur antidote à ce scénario, la meilleure réponse à ceux qui pensent que nous risquons de subir dans les prochaines années une réduction de notre productivité et de notre potentiel économique.
Vous vous tourneriez vers des investissements stratégiques à long terme dans les domaines offrant les rendements les plus élevés pour le potentiel productif de notre économie. Vous chercheriez des endroits où le capital public pourrait aider à accroître la capacité d’approvisionnement et à réduire les pressions sur les prix. Vous vous tourneriez vers les domaines de demande mondiale croissante, où l’Amérique peut gagner un avantage concurrentiel et augmenter ses exportations.
En d’autres termes, vous chercheriez une stratégie industrielle américaine moderne.
Le recours à une approche plus interventionniste de la politique économique apparaît aux yeux de certains décideurs démocrates comme la réponse nécessaire à la polycrise : défi géopolitique chinois, crise climatique, montée du populisme et délitement du corps social.
Là se situe peut être la principale tension interne à cette « stratégie industrielle moderne ». Car pour renforcer la capacité industrielle américaine, des investissements lourds seront nécessaires, et donc des transferts vers le secteur manufacturier, qui ont déjà débuté au travers du CHIPS Act et de l’IRA. C’est cela de moins qui ne pourra pas être consacré au renforcement de l’Etat social et à la réduction des inégalités.
Toutefois, compte tenu du niveau qu’ont aujourd’hui atteint les inégalités aux États-Unis, cette tension entre réindustrialisation et lutte contre les inégalités peut être résolue en finançant la politique industrielle au travers d’impôts pesant sur les plus aisés. C’est ainsi qu’est financée l’Inflation Reduction Act qui, malgré les dépenses significatives qu’il prévoit en faveur du climat, devrait réduire le déficit fédéral, au travers de la création d’un taux minimal d’impôt sur les société de 15 %, du renforcement de lutte contre la fraude fiscale et de la suppression de niches fiscales.
Dans ce contexte, l’accent mis dans sa description de notre stratégie économique par la secrétaire Yellen sur « [l’approche] moderne de l’offre » est pertinent. Et ici, nous assistons à l’émergence d’un consensus bipartisan en faveur d’un rôle plus affirmé du gouvernement dans le développement industriel américain.
Comme l’a récemment dit le sénateur Todd Young de l’Indiana : « Il est réellement important, non seulement pour notre sécurité nationale mais aussi pour notre sécurité économique et notre mode de vie, que nous disposions d’un État efficace et parfois énergique ».
Au moment où certains prétendent que l’Amérique est trop divisée et que la démocratie ne peut plus offrir de résultats efficaces, notre stratégie industrielle montre que nous pouvons nous rassembler et investir en nous-mêmes et en notre avenir.
Si la lutte contre la menace chinoise ou le financement des infrastructures constituent certains des tous derniers sujets de convergence bipartisans, tel n’est pas le cas du climat. C’est ainsi que les projets de loi Infrastructure Investment and Jobs Act et CHIPS and Science Act ont pu être adoptés de manière bipartisane, tandis que l’Inflation Reduction Act a dû compter sur les seules voix démocrates et sur la procédure de réconciliation pour voir le jour.
Mettre en œuvre une stratégie industrielle
Pour l’avenir, nous allons nous concentrer sur le difficile travail que représente l’exécution de cette stratégie industrielle moderne. Je veux me concentrer sur trois éléments clés de notre plan d’exécution :
Déployer de nouveaux outils et de nouvelles approches
Premièrement, nous utiliserons l’investissement public d’une façon nouvelle.
Le chemin qui mène de la recherche et du développement à la production et à la commercialisation – du laboratoire à l’usine et au marché – est souvent long et tortueux. Notre stratégie industrielle moderne utilisera un éventail d’outils pour accélérer ce processus de manière inédite.
Permettez-moi de vous donner un exemple : l’hydrogène vert.
Le développement du secteur de l’hydrogène pose une série de défis d’action collective pour lesquels les approches traditionnelles et cloisonnées de l’infrastructure énergétique se montrent insuffisantes. Il requiert l’émergence simultanée d’innovations de pointe, de cas d’usage industriels, d’une production à grande échelle, d’investissements massifs dans les infrastructures et d’une base de consommateurs.
Traditionnellement, l’investissement public a consisté à subventionner la production – comme la construction d’un barrage hydroélectrique – ou la distribution – comme la construction de lignes de transmission. C’est ce que nous avons fait pour l’hydrogène, avec des crédits d’impôt à long terme qui incitent les entreprises à investir dans la production.
Mais cela ne suffira sans doute pas pour saisir toutes les opportunités à l’échelle et à la vitesse nécessaires. C’est pourquoi nous lançons un nouvel effort de collaboration nationale : les « hubs » de l’hydrogène. Ces centres créeront des réseaux régionaux de producteurs, de distributeurs, d’utilisateurs finaux et d’autres parties-prenantes pour réaliser des projets de démonstration à grande échelle.
Cette collaboration à l’échelle de la chaîne d’approvisionnement en hydrogène sera essentielle pour renforcer les capacités et résoudre ce problème d’action collective. Elle pourrait permettre aux États-Unis de jouer un rôle de premier plan dans la fourniture de carburant propre et bon marché à l’Europe et à d’autres alliés. Cela pourrait même remodeler d’autres industries, comme l’acier, en les rendant plus propres et compétitives au niveau mondial.
Oui, nous encourageons les investissements des entreprises par des crédits d’impôt axés sur le déploiement. Mais grâce à ces hubs de l’hydrogène, nous aidons également les industries à surmonter les obstacles au déploiement.
Voici un autre exemple : les semi-conducteurs — les puces qui alimentent tout, des téléphones aux appareils ménagers en passant par les voitures et les systèmes de défense. La reconquête de notre leadership constitue une nécessité économique et de sécurité nationale.
C’est pourquoi nous investissons dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement microélectronique pour permettre aux technologies de pointe d’être à la fois inventées et fabriquées en Amérique. Nous utilisons des subventions et des incitations fiscales pour la fabrication. Nos investissements en R&D comprennent le soutien au prototypage et à l’équipement, afin de stimuler la collaboration entre l’industrie et les chercheurs pour concevoir et fabriquer les puces de la prochaine génération. Et comme nous l’avons déjà montré, nous utiliserons les contrôles à l’exportation lorsque cela sera nécessaire pour protéger notre sécurité nationale et nos intérêts de politique étrangère.
La compréhension des questions économiques et technologiques en termes de sécurité est ici directement apparente. La politique industrielle et technologique prend de plus en plus d’espace dans les réflexions stratégiques et les politiques de puissance. C’est particulièrement manifeste dans l’Integrated Review britannique de 2021 ou la récente National Security Strategy de l’administration Biden. Réciproquement, la sécurité nationale est une préoccupation clé des décideurs en charge de la politique économique — le techno-nationalisme dans ses œuvres.
Ces exemples soulignent comment notre stratégie industrielle pourrait remettre en question d’anciennes divisions. Pour faire progresser notre stratégie industrielle, il faut maintenant plaider en faveur d’un développement rapide et responsable des capacités de la prochaine génération. Ce qui nous amène à la partie suivante de notre plan.
Un engagement national à construire équitablement, à grande échelle et rapidement
Deuxièmement, nous allons construire. Et nous le ferons à l’échelle et à la vitesse voulues.
Notre stratégie industrielle se situe au cœur d’un effort de mobilisation nationale sur plusieurs années. Cette entreprise combinée – infrastructures, innovation, énergies vertes – n’est pas moins ambitieuse que ne l’étaient en leur temps le canal Érié, le chemin de fer transcontinental, l’électrification rurale ou le réseau routier interétatique.
Nous parlons de 950 millions de panneaux solaires et de 120 000 éoliennes d’ici la fin de la décennie, de milliards de dispositifs alimentés par des semi-conducteurs, de millions de véhicules électriques et de milliers de kilomètres de câbles à fibres optiques et de lignes de transmission.
L’ampleur de cette tâche est énorme. Elle mettra à l’épreuve notre pays et nos institutions. Et il nous faudra réformer la façon dont nous construisons en Amérique.
Il est indéniable que l’Amérique a pris du retard par rapport à d’autres grands pays – même ceux qui bénéficient de solides protections en matière de travail, d’environnement et d’histoire – en ce qui concerne le respect du budget et des délais de construction.
Nous devrons faire les choses différemment. Nous devrons nous doter d’une capacité renouvelée à agir rapidement, non seulement au niveau fédéral, mais aussi avec les partenaires étatiques, locaux et tribaux. Avant même l’adoption d’une grande partie de cette législation, j’avais souligné que cela pourrait constituer l’élément le plus difficile de tout notre effort. C’est pourquoi, au cours des six derniers mois, nous avons élaboré un plan dont l’élément central consiste à construire plus vite et plus intelligemment.
Comme pour tout projet, cela commence par l’aménagement. Un meilleur processus de délivrance de permis profite à tous. Les défenseurs des droits et les associations locales veulent des certitudes tout autant que les promoteurs et les investisseurs. Notre nouveau plan augmentera les ressources des agences pour qu’elles fournissent cette certitude en rationalisant leurs examens environnementaux et leurs processus de délivrance de permis.
Nous avons besoin d’une responsabilité sérieuse pour mesurer et suivre les progrès de la construction. Notre plan révise les systèmes de suivi et de gestion des projets.
Nous élargissons un programme d’infrastructure appelé « Chaque jour compte » qui permet d’accélérer les projets, en regroupant la passation de marchés et l’exécution d’autoroutes ou de chemins de fer connexes, au lieu de procéder un par un. Nous utilisons une approche appelée « Dig Once » pour coordonner les projets — ainsi, si nous élargissons une route, nous procédons en même temps à l’amélioration de la fibre et de l’électricité. Et nous étendons l’utilisation des accords de projet, qui réduisent le risque de retards et de perturbations coûteux sur des projets complexes en s’assurant qu’ils sont réalisés par des travailleurs hautement qualifiés.
En fait, aujourd’hui, à la Maison Blanche, nous organisons un sommet inédit sur l’amélioration de l’exécution des projets avec des partenaires locaux et des États, afin que nous puissions construire plus rapidement et plus intelligemment à tous les niveaux du gouvernement.
Prenons l’exemple des minéraux essentiels, qui composent de nombreuses technologies modernes, notamment les batteries des véhicules électriques. Certains doutent que l’Amérique soit capable de relever le défi de développer sa propre industrie des minéraux critiques, un secteur dominé par la Chine, en amont et en aval. Mais la semaine dernière, la première mine de cobalt américaine a ouvert ses portes, en bonne intelligence avec des groupes écologistes locaux. Les entreprises se pressent pour construire de nouvelles usines afin de récupérer le lithium des saumures californiennes près de la mer de Salton, surnommée la « vallée du lithium » pour ses vastes ressources.
Dans le cadre de notre plan, nous lancerons ce mois-ci un effort spécifique autour des minéraux critiques, qui rassemblera de nouvelles approches de l’engagement communautaire, des subventions et des prêts soutenant l’extraction, le traitement et le recyclage des minéraux critiques, et des efforts diplomatiques pour construire des chaînes d’approvisionnement mondiales fiables.
Et notre plan dédié à la construction sera axé sur l’emplacement et l’équité — où et comment nous construisons — parce que cela nous aidera à davantage libérer le potentiel économique de notre pays.
Les actions entreprises par l’Administration Biden ne pourront se concrétiser sans la réalisation d’immenses travaux sur le territoire américain : construction de nouvelles routes et lignes ferroviaires, création de champs d’éoliennes et de panneaux solaires, installation de nouvelles lignes électriques, et érection d’usines de semiconducteurs ou de batteries.
Or le système américain de délivrance de permis d’aménagement fait l’objet de vives critiques pour sa lenteur et les surcoûts qu’il provoque pour les projets. Dans le cadre du compromis entre le Sénateur Manchin, de l’aile droite du parti démocrate, et le leader du parti au Sénat, Chuck Schumer, Manchin avait obtenu la promesse de l’adoption à l’automne d’une loi venant réformer ces procédures. Son projet d’Energy Independence and Security Act of 2022 prévoit ainsi de fixer des délais clairs aux procédures d’évaluation environnementale des projets (2 ans ou 1 an, selon l’importance du projet). L’administration a quant à elle déjà lancé un ensemble d’actions visant à améliorer la délivrance des autorisations par les agences fédérales et à renforcer les compétences en matière conduite des projets d’infrastructures.
L’affrontement politique autour de la réforme des procédures de délivrance de permis d’aménagement et des évaluations environnementales ne recoupe pas la division entre républicains et démocrates. Au sein de ces derniers, les leaders de la gauche progressiste, dont Bernie Sanders, ont fait savoir leur opposition au projet de réforme Manchin, qui faciliterait la réalisation de projets dans les énergies fossiles. Mais il reçoit le soutien de ceux préoccupés par les difficultés rencontrées dans la construction de nouveaux projets d’énergies vertes et, plus encore, de lignes électriques nécessaires dans un système électrique plus décentralisé.
Derrière ce débat semble poindre une opposition entre une tradition plus libertaire, dans la lignée des mouvements écologistes dont l’activité a longtemps consisté, à raison, à s’opposer à des projets fossiles, et une tradition plus interventionniste, plus préoccupée de transformer le système énergétique. On a ainsi vu émerger un mouvement proconstruction YIMBY (Yes In My Back Yard), dominé par des démocrates, qui demande un relâchement des règles défavorable à la densification, à la rapidité des projets ainsi que plus d’efforts de développement de l’habitat social public.
De nouveau, Cleveland incarne clairement cette entreprise. Pour ceux qui fuyaient le Sud des lois de Jim Crow, les emplois industriels disponibles à Cleveland représentaient une lueur d’espoir et une opportunité économique, même s’ils continuaient à y être confrontés aux discriminations.
Parmi eux se trouvait le grand inventeur Garrett Morgan. Né au lendemain de la guerre civile de parents qui avaient été réduits en esclavage – et n’ayant pas poursuivi au delà de la sixième — il s’installe à Cleveland et commence à réparer des machines à coudre. Il finit par mettre au point des « cagoules de sécurité » pour les pompiers et des feux de signalisation dotés d’un troisième signal. Nous les connaissons aujourd’hui sous le nom de masques à gaz et de feux orange.
En effet, chaque fois que notre nation s’est lancée dans un nouvel effort de construction, nous avons fait un pas vers le perfectionnement de notre imparfaite union. Maintenant, cette occasion de reconstruire peut constituer une occasion de réparer.
Parce que construire rapidement et construire équitablement ne doit pas être une tension.
La construction d’infrastructures dans toutes les régions de notre pays – y compris dans les communautés qui n’ont pas récolté les fruits des investissements passés et dans celles qui ont été lésées par des projets construits il y a longtemps – est précisément ce qui permet de libérer le potentiel productif de notre économie. C’est pourquoi l’un des éléments les plus puissants et les plus importants de notre plan est que, pour la première fois, les entreprises obtiennent une augmentation de 10 % de leurs crédits d’impôt pour l’énergie propre si elles établissent des projets dans des communautés qui ont compté sur les emplois traditionnels de l’industrie énergétique.
Dans une logique d’économie politique, pour coaliser des soutiens autour des actions de l’Administration, en particulier de la politique climatique, les dispositions des récentes lois prévoient des majorations pour certaines communautés fragiles et des règles de contenu domestique. En faisant naître de nouvelles industries en Amérique et dans des territoires désindustrialisés, les démocrates veulent renforcer leur soutien politique et électoral.
Nous ne devons pas nous faire d’illusions : ce sera facile. Ce n’est pas non plus la tâche du gouvernement seul. Il faudra une mobilisation nationale et un renforcement des capacités à tous les niveaux. Mais nous sommes à la hauteur de la tâche.
Une coopération plus étroite avec les alliés et les partenaires
Troisièmement, nous allons faire face à la situation mondiale, tout en renforçant la force américaine.
Un engagement accru avec nos partenaires à l’étranger est une question de nécessité économique et géographique. Il n’est ni faisable ni recommandable pour nous de tout produire au niveau national. Nous avons besoin de coalitions internationales de partenaires fiables qui renforcent les chaînes d’approvisionnement sécurisées et amplifient nos propres sources de force.
C’est aussi une question de nécessité géopolitique. La sécurité nationale et économique de l’Amérique est renforcée par des alliances solides. C’est ce que nous avons fait progresser dans le monde entier. Nous développons un nouveau cadre économique pour la région Indo-Pacifique. Nous renforçons nos relations économiques avec l’Europe. Nous nous sommes associés à nos alliés du G7 pour les infrastructures mondiales. Nous sommes à la tête d’un accord mondial sur l’impôt des sociétés.
Nous sommes également pleinement engagés dans la « diplomatie de la chaîne d’approvisionnement ». Cet été, nous avons convenu avec 18 partenaires commerciaux proches de rendre nos chaînes d’approvisionnement collectives plus sûres, plus diverses, plus résistantes et plus durables face aux perturbations. Nous poursuivrons ces efforts, en explorant de nouvelles idées comme les tests de résistance de la chaîne d’approvisionnement pour identifier les vulnérabilités avant qu’elles ne deviennent des crises.
Soyons clairs : il s’agit d’engagement stratégique, pas d’isolationnisme.
Certains ont exprimé une inquiétude légitime quant au risque que les Etats accordent des subventions industrielles toujours plus importantes, pour surpasser leurs concurrents, ce qui réduirait leur efficacité. Mais les investissements que nous faisons rapporteront d’énormes dividendes au niveau mondial en élargissant l’offre, en accélérant l’adoption des technologies et en réduisant les coûts. Et pour des secteurs comme les semi-conducteurs et les énergies propres, nous sommes loin d’avoir atteint le point de saturation mondial des investissements nécessaires. Nous devrions accueillir favorablement les actions de la plupart des pays si elles sont structurées équitablement et mises en œuvre de manière appropriée.
La politique industrielle américaine a commencé à créer des frictions avec l’Europe. En particulier, certaines subventions et certains crédits d’impôts prévus par l’Inflation Reduction Act sont soumis à des règles de contenu national — c’est notamment le cas des subventions pour les véhicules électriques. La Commission européenne et plusieurs partenaires européens ont fait connaître leurs critiques.
Toute cette construction nécessitera du temps et de la vigilance. Comme l’a expliqué le secrétaire d’État Blinken, pour rivaliser avec la Chine, nous devrons réaliser « des investissements de grande envergure dans nos principales sources de force nationale, en commençant par une stratégie industrielle moderne ».
Conclusion
J’ai évoqué plus haut la manière dont les investissements publics ont alimenté la croissance et l’innovation dans des endroits comme Cleveland, et ce depuis deux siècles.
Et lorsqu’il s’agit d’innovation, l’histoire peut aller vite. C’est ici, dans l’Ohio, que les frères Wright ont ouvert un magasin de vélos qui a changé le monde. Ils ont réalisé leur premier vol à Kitty Hawk, mais c’est à Dayton qu’ils ont perfectionné leur art. Et à peine 66 ans plus tard, sous la direction de Neil Armstrong, originaire de l’Ohio, les astronautes américains se sont lancés dans l’espace avec Apollo 11.
Nous sommes passés d’un magasin de vélos à la Lune en l’espace d’une seule vie.
L’Amérique a investi dans l’Ohio, et les Ohioans ont investi dans l’Amérique.
Aujourd’hui, l’histoire avance à nouveau rapidement. En tant que nation, nous devons suivre le rythme. Avec cette stratégie industrielle américaine moderne, nous nous lançons dans une mission que l’Amérique n’a pas sérieusement tentée depuis des décennies. Nous devons être à la hauteur de ce moment.
Participer à cette entreprise devrait être une source de fierté nationale, communautaire et individuelle.
Pour les chefs d’entreprise présents aujourd’hui : maintenant que l’Amérique fait ces investissements, j’espère que vous ferez tout ce que vous pouvez pour investir dans les industries, les travailleurs et les communautés de l’Amérique.
L’Amérique a toujours été une nation de bâtisseurs. Cleveland le sait aussi bien que n’importe où en Amérique. Cette ville a déjà montré au monde entier comment une stratégie industrielle peut fonctionner — et nous pouvons le faire à nouveau à notre époque. Allons de l’avant et construisons ensemble.