- Alors que la peur d’une rupture totale des approvisionnements en gaz russe augmente, la Commission a présenté aujourd’hui son plan « Save gas for a safe winter« . Hier, Vladimir Poutine a déclaré que le flux de gaz en direction de l’Europe reprendrait après les dix jours de maintenance de Nord Stream 1, mais que les volumes pourraient être plus faibles 1. Depuis le début de la guerre, une douzaine de pays européens ont déjà vu leur approvisionnement en gaz coupé ou restreint.
- Pour faire face à cette éventualité, la Commission avait déjà présenté le plan RePowerUE en mai dernier. Ce dernier prévoit que l’Union puisse se passer de deux tiers des importations de gaz russe avant la fin de l’année — l’Union importait 40 % de son gaz de Russie avant février 2022 — ainsi qu’un découplage total des hydrocarbures russes d’ici 2027. Les États-membres doivent également remplir leurs réserves de gaz à 80 % avant le 1er novembre — la moyenne européenne est pour l’instant de 64 %.
- Le nouveau plan recommande aux États de baisser de 15 % leur consommation de gaz d’ici mars 2023 par rapport à leur consommation moyenne des cinq dernières années. L’objectif est facultatif mais sera rendu obligatoire en cas de « réduction drastique » ou d’interruption complète de l’approvisionnement en gaz russe ou si au moins trois États membres le demandent. Les pays européens devront présenter des « plans d’urgence nationaux » d’ici septembre afin de préciser comment la consommation d’énergie sera réduite.
- Pour économiser 45 milliards de mètres cubes de gaz — l’Union en importait 153 milliards depuis la Russie en 2020 —, la Commission recommande de limiter le chauffage à 19 degrés et la climatisation à 25 degrés dans les bâtiments publics et commerciaux, lorsque c’est « techniquement possible ». Le plan propose également de recourir au nucléaire « là où cette option est possible ». L’Allemagne, qui a pourtant décidé de sortir progressivement du nucléaire en 2011, pourrait maintenir ses trois dernières centrales en activité après 2022 2.
- Le plan s’adresse également aux industriels et leur recommande d’utiliser des sources d’énergies alternatives comme la biomasse, le biométhane ou l’électrification de certaines machines. La Commission souhaiterait également mettre en place un mécanisme d’alerte entre les États pour que le gaz soit partagé en cas de pénurie. La proposition doit être discutée par les États membres dès mardi 26 juillet lors d’un Conseil énergie, quelques jours après la remise en fonction prévue du gazoduc Nord Stream 1, le 21 juillet.
Sources
- Georgi Kantchev, « Vladimir Putin Says Russia Will Honor Gas Commitments, but Warns of New Nord Stream Curbs », The Wall Street Journal, 20 juillet 2022.
- « Gas crisis spurs Germany to mull extending life of nuclear plants », Reuters, 18 juillet 2022.