• Depuis le début de l’année, le prix du carburant a augmenté de 47 %, coûtant actuellement 1,37 dollars le litre, tandis que l’inflation a atteint 4,2 % en mai et que le chômage touche 10 % de la population1. Le gouvernement du Panama justifie ces prix par la pandémie du Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, refusant de reconnaître les problèmes structurels du pays.
  • Les manifestations ont conduit le président du Panama, Laurentino Cortizo, à geler lundi le prix du carburant. Il envisage désormais un décret pour réduire le prix de divers produits de premières nécessités. Ainsi, à partir d’aujourd’hui, le gallon d’essence (3,78 litres) passe de 5,17 $ à 3,95 $. Ces mesures ont cependant été jugées insuffisantes par les syndicats à l’origine des manifestations. Outre les manifestations dans les rues, le blocage des routes principales destinées au transport de marchandise a provoqué des pénuries à Panama city.
  • La population dénonce les salaires démesurés des dirigeants et la multiplication des dépenses du Congrès. Pour tenter d’apaiser les tensions, Laurentino Cortizo a organisé une table ronde dans la ville de Santiago de Veraguas, mais aucun accord n’a été conclu. L’Alliance du peuple uni pour la vie et l’Alliance nationale pour les droits du peuple organisé ont refusé d’y participer, sans accord préalable sur les conditions de la réunion2.
  • Malgré son économie dollarisée et ses taux de croissance élevés, le Panama est l’un des pays avec un taux d’inégalité les plus élevés au monde et des services de santé et d’éducation sous-financés3. Des groupes indigènes de l’ouest du Panama, qui comptent parmi les régions les plus pauvres du pays, se sont joints à la manifestation des enseignants, tout comme les travailleurs du bâtiment.
  • La pandémie du Covid-19 a exacerbé les problèmes structurels des pays d’Amérique Latine. La crise a durement frappé les foyers vivants de l’économie souterraine et a provoqué une destruction massive d’emploi. Pour lutter contre la corruption, José Antonio Ocampo estime que « Le contrôle de la fraude et de l’évasion fiscale est également un élément essentiel. Outre des politiques nationales plus efficaces, il est nécessaire de participer activement, et avec des positions latino-américaines communes, aux négociations internationales en cours dans le cadre inclusif de l’OCDE sur l’érosion de l’assiette fiscale et le déplacement des bénéfices des entreprises vers des territoires à faible ou à zéro niveau d’imposition ».