Aujourd’hui, la Commission européenne a introduit de nouvelles règles sur les exportations des vaccins contre le Covid-19 produits en Europe. Il s’agit d’un aggiornamento substantiel du mécanisme de transparence mis en place le 31 janvier 2021, dans la continuité du plan présenté le 17 juin 2020 qui avait fait l’objet de critiques directes de la part de plusieurs observateurs et plus indirectes de la part de personnalités politiques de premier rang – dont Mario Draghi.
- Depuis le déploiement du mécanisme de transparence fin janvier, 380 demandes d’exportation vers 33 destinations différentes ont été accordées pour un total d’environ 43 millions de doses. Une seule demande d’exportation n’a pas été acceptée : au début du mois de mars, le gouvernement Draghi en Italie a bloqué l’exportation vers l’Australie de 250 000 doses de vaccin AstraZeneca. Mais ce chiffre ne tient pas compte des doses exportées avant cette date, ni des doses exportées depuis vers les pays exemptés de déclaration d’exportation, ce qui pourrait représenter un nombre important.
- Les nouvelles mesures, qui prennent effet immédiatement et durent six semaines, ciblent les pays de destination plutôt que les entreprises exportatrices en imposant un cadre plus rigide à partir de deux principes : réciprocité et proportionnalité. L’Union peut bloquer l’expédition de vaccins ou de composants pour la production de vaccins vers des pays qui n’exportent pas les leurs vers l’Union (en installant un principe de « réciprocité ») et vers des pays dans lesquels la situation épidémiologique est meilleure (taux de vaccination et accès aux vaccins) que celle de l’Union (en défendant un principe de « proportionnalité »).
- Selon les chiffres fournies par la Commission, les principales destinations des exportations sont le Royaume-Uni (avec environ 10,9 millions de doses), le Canada (6,6 millions), le Japon (5,4 millions), le Mexique (4,4 millions), l’Arabie saoudite (1,5 million), Singapour (1,5 million), le Chili (1,5 million), Hong Kong (1,3 million), la Corée (1,0 million) et l’Australie (1,0 million).
- En présentant les mesures, Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission a rappelé que l’Union est le seul membre de l’OCDE à exporter des vaccins vers des pays qui disposent de leur propre capacité de production et dont certains présentent une situation épidémiologique moins grave.
- Selon des sources proches du dossier, l’Italie et la France soutiennent l’action de la Commission, alors que la Chancelière s’est prononcée publiquement en affirmant qu’il fallait être « très prudents avec les interdictions d’exportation de vaccins ». Ces mesures seront au cœur des discussions du Conseil européen qui commence demain et auquel le Président Biden a été invité par Charles Michel pour débattre des relations transatlantiques.