Le département américain de la Sécurité intérieure a annoncé hier, mercredi 10 décembre, la mise en place de nouvelles mesures restrictives pour les voyageurs dispensés de visa effectuant des séjours aux États-Unis de moins de 90 jours dans le cadre du Système électronique d’autorisation de voyage (ESTA). Celles-ci devraient entrer en vigueur d’ici le 9 février, sauf si un tribunal bloque la décision.

À ce jour, les ressortissants de 42 pays, dont la quasi-totalité des États membres de l’Union (à l’exception de la Bulgarie, de la Roumanie et de Chypre), le Japon, le Royaume-Uni ou le Qatar bénéficient de cette exemption.

  • Les touristes de ces pays souhaitant entrer sur le territoire américain seront désormais contraints de fournir l’historique de toute leurs activités sur les réseaux sociaux au cours des cinq dernières années 1.
  • Les visiteurs étrangers devront également donner leurs numéros de téléphone utilisés sur cette même période, ainsi que leurs adresses mail utilisées au cours des dix dernières années.
  • En addition, les noms et dates de naissance des membres de la famille proche, leurs lieux de naissance, adresses et numéros de téléphone au cours des cinq dernières années pourront également être exigés.
  • Ces nouvelles mesures visent à se conformer au décret présidentiel, signé en janvier par Trump, qui a pour objectif de « protéger les États-Unis contre les terroristes étrangers et autres menaces pour la sécurité nationale et publique ».

Les mesures ciblant les touristes, chercheurs et étudiants internationaux prises par l’administration Trump depuis janvier ont contribué à une baisse du nombre d’arrivées de 5,5 % sur les 9 premiers mois de l’année par rapport à 2024. La mise en place de ces nouvelles exigences pourrait davantage dissuader les visiteurs étrangers de se rendre aux États-Unis, alors que le pays se remettait progressivement depuis 2022 du choc provoqué par la pandémie.

Si on s’intéresse d’une manière plus détaillée aux évolutions par pays sur les neuf premiers mois de l’année, les contrastes sont assez marqués.

  • Les Argentins et les Israéliens ont été significativement plus nombreux à se rendre aux États-Unis : +17 % et +13 % de visiteurs supplémentaires respectivement, sur la période janvier-septembre.
  • D’une manière plus étonnante, on observe aussi une hausse de près de 10 % du nombre de visiteurs mexicains, qui a dépassé les 13 millions de personnes.
  • Le Mexique détrône ainsi le Canada (12 millions) en tant que premier pays d’origine pour les voyageurs se rendant aux États-Unis depuis le début de l’année.
  • Les Canadiens (-22 %) ont été, juste devant les Danois (-21 %), ceux qui ont le plus renoncé à se rendre aux États-Unis parmi les principaux pays, aux côtés de l’Iran notamment (-51 %).
  • En Europe, les Italiens et les Polonais — et dans une moindre mesure les Britanniques, les Espagnols et les Portugais — ont davantage traversé l’Atlantique cette année qu’en 2024.
  • On observe toutefois une baisse significative en Allemagne (-11 %), en France (-6 %) et dans la totalité des pays nordiques : jusqu’à près de -8 % en Finlande.
  • Paradoxalement, la baisse du nombre d’arrivées en provenance de Chine est restée plutôt limitée (-3 %) malgré les fortes tensions géopolitiques.

Le tourisme international représentait 251 milliards de dollars en 2024 selon l’ITA, soit 0,6 % du PIB américain. La baisse du nombre de voyageurs étrangers a toutefois un impact important sur les économies des principales destinations touristiques du pays, comme Las Vegas ou bien les parcs nationaux — dont la visite sera soumise à partir du 1er janvier à un supplément de 100 dollars pour les touristes étrangers 2.