Aujourd’hui, lundi 19 mai, l’Union a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie européenne, dans un contexte d’incertitude élevée depuis l’imposition de droits de douane par l’administration Trump le 2 avril.

  • L’économie de la zone euro devrait ainsi croître de 0,9 % cette année (contre une précédente estimation de 1,3 % en novembre) et de 1,4 % en 2026 (1,6 % en novembre). À l’échelle de l’Union, la croissance économique devrait se situer à 1,1 % en 2025 et 1,5 % l’an prochain 1.
  • La Commission note que le contexte économique est en grande partie dégradé par « l’impact de l’augmentation des droits de douane et l’incertitude accrue causée par les changements brusques dans la politique commerciale des États-Unis ».
  • Cette incertitude devrait persister au cours des mois à venir en raison de « l’imprévisibilité des tarifs et de leur configuration finale ».

La Commission précise que ses prévisions sont fondées sur l’hypothèse que les États-Unis maintiennent leurs droits de douane au niveau actuel de 10 % sur l’ensemble des produits européens, de 25 % sur l’acier, l’aluminium et les voitures, et qu’ils n’imposent pas de droits de douane sur les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs.

  • Le 9 avril, l’administration républicaine a suspendu pendant 90 jours les tarifs « réciproques » de 20 % à l’encontre de l’Union. Les biens sont toujours soumis à un tarif de 10 %.
  • La semaine dernière, la partie européenne a reçu une lettre de la part des États-Unis. Depuis, des documents auraient été échangés, sans aucun progrès sur le fond. 
  • Selon une source au fait des discussions, le contenu de ces lettres est pour le moment générique : « Nous sommes toujours dans la phase préliminaire, nous ne sommes pas encore en train de négocier ».
  • Les deux parties auraient abordé les questions des droits de douane, du commerce des services numériques et des opportunités d’investissement. Depuis plusieurs mois, l’Europe propose d’augmenter ses achats de GNL et d’équipements de défense afin de réduire son excédent commercial avec les États-Unis — régulièrement dénoncé par le président américain, qui accuse l’Union européenne de « nous arnaquer ».
  • Selon le modèle de l’accord que Washington a conclu avec Londres, la Commission serait également prête à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine pour les terres rares et les médicaments essentiels, et à instaurer des droits de douane sur les exportations chinoises bénéficiant de subventions d’État 2.
  • Une révision de la TVA ou un affaiblissement de la régulation numérique — que Washington dénonce comme des barrières commerciales non tarifaires — constituent des lignes rouges pour les 27.

L’économie européenne est relativement peu exposée au commerce avec les États-Unis, et Bruxelles a la possibilité de négocier et d’accroître la pression sur Washington pour obtenir un accord favorable. Comme le notait Brad Setser, les exportations vers les États-Unis représentent environ 3 % du PIB européen : « C’est certes important, mais c’est une part plus facilement remplaçable que les quelque 20 % du PIB canadien que représentent les exportations d’Ottawa ».

  • La Commission européenne a déjà préparé un ensemble de mesures de rétorsion visant jusqu’à 95 milliards d’euros de biens américains en cas d’échec des négociations 3.

En ce qui concerne l’inflation, la Commission s’attend à ce que la décélération des prix s’accélère à cause des tensions commerciales.

  • Après une moyenne de 2,4 % en 2024, l’inflation globale dans la zone euro devrait atteindre l’objectif de la BCE dès cette année, avec une prévision à 2,1 % et 1,7 % en 2026.
  • Lors de sa réunion d’avril, la BCE a baissé ses taux d’intérêt pour la septième fois consécutive depuis le début de l’assouplissement de sa politique monétaire en juin 2024.
Sources
  1. Spring 2025 Economic Forecast : Moderate growth amid global economic uncertainty, Commission européenne, 19 mai 2025.
  2. Aime Williams, Peter Foster et Andy Bounds, « US and EU break impasse to enable tariff talks », Financial Times, 16 mai 2025.
  3. Philip Blenkinsop, « EU sets out possible 95-billion-euro response to US tariffs », Reuters, 8 mai 2025.