Après la publication récente de chiffres portant sur la perte de rentabilité d’un nombre important d’entreprises du secteur du charbon, le ministère des Finances russe vient de publier mercredi 5 mars les derniers chiffres portant sur le pétrole et le gaz. Les revenus tirés de la vente de ces hydrocarbures ont baissé de 18,4 % en février 2025 par rapport à l’an dernier (-15,1 % pour le pétrole et -31,4 % pour le gaz).

  • Le mois dernier, le Trésor russe a perçu 771,3 milliards de roubles (environ 8 milliards d’euros) pour la vente de son gaz et de son pétrole, contre 945,6 en février 2024 et 789,1 en janvier 2025.
  • Cette perte de revenus est provoquée en grande partie par les sanctions américaines imposées par l’administration Biden sur les entreprises russes Surgutneftegas et Gazprom Neft, ainsi que sur la « flotte fantôme » qui transporte le pétrole russe.
  • Surnommé « le paquet d’adieu », cet ensemble de sanctions imposé le 10 janvier — soit 10 jours seulement avant l’investiture de Trump — a visé 160 navires et pourrait provoquer une perte de 10 à 20 % des recettes tirées par la Russie de ses ventes de pétrole 1.

L’administration Trump, si elle a montré de nombreux signes d’ouverture au régime de Poutine ces dernières semaines, n’a pas signalé à ce jour vouloir assouplir les sanctions visant le secteur énergétique russe. À la suite de la première réunion entre une délégation russe et américaine à Riyad le 18 février, le secrétaire d’État Marco Rubio a toutefois laissé entendre que la levée de certaines sanctions pourrait être utilisée pour témoigner auprès de Moscou de la bonne foi des négociateurs américains à mettre fin à la guerre 2.

La vente de ses hydrocarbures permet à la Russie de tenir malgré la pression internationale et de financer sa guerre contre l’Ukraine ainsi que les investissements dans ses armées.

  • En 2024, les pays européens ont déboursé plus d’argent pour l’importation de pétrole, de gaz et de charbon russe (21,9 milliards d’euros) qu’ils n’ont fourni d’assistance financière à l’Ukraine (18,7 milliards).
  • Les importations de gaz naturel liquéfié ont atteint un record l’an dernier, et l’Union n’a toujours pas imposé d’embargo sur les importations de GNL russe en raison de l’opposition de quelques États membres, notamment la Hongrie.
  • Mercredi 5 mars, la Commission européenne a repoussé la publication, initialement prévue le 26 mars, d’une feuille de route visant à « éliminer progressivement les combustibles fossiles russes » suite à l’annonce de la fin de l’assistance militaire et du partage de renseignement américain avec l’Ukraine 3.

Les finances de l’État russe reposent en grande partie sur les revenus tirés de la vente d’hydrocarbures, le géant gazier Gazprom contribuant à lui seul à hauteur de 9 % des revenus de l’État. Fin 2024, le groupe a été contraint d’emprunter des fonds supplémentaires malgré un déficit structurel de trésorerie qui pourrait contraindre Gazprom à licencier 40 % du personnel de son siège social — soit la suppression de 1 500 postes 4.