États-Unis 

Marco Rubio

Rubio, le secrétaire d’État de Trump et premier membre du cabinet confirmé par le Sénat, bénéficie d’un soutien bipartisan unanime à Washington. Il est, à ce jour, le seul membre de l’administration qui n’a fait face à aucune opposition démocrate lors de son vote de confirmation.

À la tête de la diplomatie américaine, Rubio faisait partie de la délégation envoyée par Donald Trump mardi 18 février à Riyad, en Arabie saoudite. Largement critiquée par les chancelleries européennes, qui craignent d’être exclues des négociations, cette entreprise visait, selon le secrétaire d’État américain, à « réparer » les liens diplomatiques entre Moscou et Washington afin de normaliser à terme leur relation bilatérale.

  • Rubio fait ainsi office de « figure rassurante » au sein de la délégation américaine, et maintient un contact fréquent avec ses homologues européens. Il ne défend pas moins une approche « America First » de la diplomatie américaine.
  • Malgré son rang protocolaire (le secrétaire d’État est le quatrième dans la ligne de succession après le vice-président, le speaker de la Chambre et le président pro tempore du Sénat), il est considéré comme un personnage secondaire dans les négociations tant Trump ne jure que par les relations personnelles.
  • Élu à la législature de Floride dans les années 2000 puis au Congrès une décennie plus tard, Rubio ne dispose que d’une expérience internationale limitée (il a toutefois siégé au sein de la commission du Sénat sur le Renseignement et les Affaires étrangères).

Mike Waltz

Propulsé par Trump conseiller à la Sécurité nationale, un poste qui ne nécessite pas de confirmation du Sénat mais qui joue un rôle central dans la définition de la ligne de la Maison-Blanche en matière de politique étrangère, Waltz est un militaire de carrière qui a occupé des postes à responsabilité limitée au sein du Pentagone avant d’être élu à la Chambre des représentants en 2018.

  • Il fait partie, aux côtés de Rubio, Susie Wiles ou encore Pam Bondi de la « Florida Connection », un groupe de personnalités politiques qui ont fait leurs armes en Floride mais qui sont peu connues à l’échelle fédérale. Ces derniers ont principalement été choisis par Trump pour leur loyauté.
  • Élu dans le district de Ron DeSantis, Waltz a voté durant ses mandats contre les paquets d’aide à l’Ukraine, a signé en 2020 l’amicus en soutien de la plainte Texas v. Pennsylvania déposée auprès de la Cour suprême qui visait à contester la victoire électorale de Joe Biden, est allé témoigner en personne au tribunal de son soutien à Trump dans le cadre de l’affaire Stormy Daniels. Il a déclaré voter pour Trump dès avril 2023 pour les primaires républicaines.

Comme Rubio, Waltz ne connaît que relativement peu le sujet de la guerre en Ukraine en-dehors de son expérience parlementaire. Lors de ses cinq années passées à la Chambre, il s’est principalement concentré sur la Chine, contre laquelle il est partisan d’une ligne dure. Comme Pete Hegseth, c’est vraisemblablement en le regardant sur Fox News, où il intervient régulièrement, que Trump a choisi Waltz pour ce poste avant de lui confier la charge de négocier avec la délégation russe aux côtés de Rubio et Witkoff.

Dans une tribune publiée dans The Economist en amont des élections de novembre 2024, Waltz plaidait en faveur d’un renforcement des sanctions économiques afin d’amener Poutine à la table des négociations. Il ajoutait : « S’il refuse de discuter, Washington peut, comme l’a affirmé M. Trump, fournir davantage d’armes à l’Ukraine, avec moins de restrictions quant à leur utilisation » 1.

Steve Witkoff

Witkoff est un ami de longue date de Donald Trump, avec qui sa relation remonte aux années 1980 lorsque Trump était un magnat de l’immobilier et Witkoff un avocat spécialisé dans le domaine. Il fait partie de l’un des rares qui était présent aux côtés du président avant l’élection de 2016, et qui est resté fidèle après le 6 janvier 2021. Opérant principalement dans l’ombre, il est l’un des principaux artisans ayant conduit Trump à choisir Marco Rubio au département d’État, Waltz à la Maison-Blanche en tant que conseiller à la sécurité nationale et Vance à la vice-présidence. 

Si Witkoff est respecté au Moyen-Orient car il exerce une influence sur le président, ses compétences en matière de négociations avec la Russie sont limitées.

  • Officiellement envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient, Witkoff a joué un rôle de premier plan dans le déblocage de l’accord sur les otages entre Netanyahou et le Hamas. 
  • Des sources israéliennes reconnaissent que Witkoff a réussi à injecter un « momentum Trump » à Jérusalem, exerçant une pression directe sur le Premier ministre israélien. 
  • Si Witkoff s’est rendu en Russie le 11 février pour la libération de l’enseignant américain Marc Fogel, arrêté en 2021 en Russie puis condamné à 14 ans de prison, il ne semble pas disposer de connexions à Moscou au-delà des canaux de la Maison-Blanche et du département d’État.

Keith Kellogg 

Kellogg est un lieutenant général de l’armée américaine à la retraite. Il a pris part à des opérations au Vietnam, au Panama et en Irak avant d’occuper plusieurs postes au sein de la première administration Trump. Il a notamment occupé pendant près de trois ans le poste de conseiller à la sécurité nationale du vice-président Mike Pence, tombé en disgrâce depuis.

  • Présent aux côtés de Donald Trump lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, Kellogg travaille depuis plus d’un an à un « plan » visant à mettre fin à la guerre en Ukraine qui a notamment donné lieu à une publication par l’America First Policy Institute, un think-tank proche des cercles trumpistes.
  • Le plan envisagé par Kellogg — qui reprend certaines idées mises en avant par Richard Haass et Charles Kupchan en 2023 — prévoit un gel de la ligne de front, la création d’une zone démilitarisée et un renforcement de la coopération bilatérale en matière de défense.
  • Kellogg refuse ainsi de proposer à l’Ukraine de rejoindre l’Alliance atlantique, mais reconnaît le besoin d’établir une architecture de sécurité à long terme pour la défense de l’Ukraine. L’administration Biden avait déjà signé un accord bilatéral de sécurité — qui n’a pas été ratifié par le Sénat — avec Kiev en juin 2024, mais Trump pourrait en sortir dans un délai de six mois.

Initialement nommé par Trump « envoyé spécial pour l’Ukraine et la Russie », Kellogg semble avoir été évincé de l’équipe chargée de mener les négociations avec la Russie pour « se concentrer » exclusivement sur le canal ukrainien. Il était absent lors de la rencontre de Riyad du 17 février 2025 mais a pris part à la réunion aux côtés de J.D. Vance avec Zelensky lors de la Conférence sur la sécurité de Munich. Il est arrivé hier, mercredi 19 février, à Kiev pour des discussions avec le président et des responsables ukrainiens. 

Russie 

Iouri Ouchakov

Ouchakov, 77 ans, est le principal conseiller de Poutine en matière de politique étrangère depuis plus d’une décennie. Entré au ministère des Affaires étrangères en 1970, sous l’Union soviétique, Ouchakov a été à la tête de l’ambassade russe aux États-Unis de la fin des années 1990 jusqu’en 2008 avant d’occuper des fonctions au sein du gouvernement, alors dirigé par Vladimir Poutine.

  • Parfaitement bilingue en anglais, il a participé aux premières négociations avec l’Ukraine au début de l’année 2022 et travaille ainsi sur le dossier depuis trois ans.

Sergueï Narychkine

Narychkine est un ancien collègue de Vladimir Poutine lorsque ces derniers appartenaient tous deux au KGB dans les années 1980. Membre du premier cercle du Kremlin, Narychkine est également le président de la Société historique russe. Tout comme Ouchakov, Narychkine, actuellement directeur des services de renseignement extérieur de la Fédération de Russie, il a participé aux premières négociations avec l’Ukraine en 2022. 

  • Sergueï Narychkine a lui aussi une longue relation de travail avec Vladimir Poutine, avec qui il a passé du temps sur les bancs de l’Institut du Drapeau Rouge du KGB (Краснознаменном институте), un établissement chargé de la formation des officiers des services de renseignement soviétiques 2.

Kirill Dmitriev

Kirill Dmitriev est le directeur du fonds souverain Russian Direct Investment Fund (RDIF), et un proche conseiller de Vladimir Poutine. Dmitriev, qui a étudié et travaillé aux États-Unis, a joué un rôle de premier plan dans la libération le 11 février de l’instituteur américain Marc Fogel, arrêté en 2021 en Russie puis condamné à 14 ans de prison.

  • Né en Ukraine soviétique, Dmitriev est familier des sphères du pouvoir économique des États-Unis : il a étudié à Stanford et à la Harvard Business School avant de travailler pour Goldman Sachs et McKinsey. En le choisissant pour conduire les négociations avec les Américains, Poutine veut indiquer qu’il compte bien trouver une langue commune avec les membres qui composent l’équipe de Donald Trump.
  • Après la réunion de Riyad, Dmitriev a notamment déclaré s’attendre à ce qu’un certain nombre d’entreprises américaines reviennent en Russie dès le deuxième trimestre 2025

Sergueï Lavrov

Le ministre des Affaires étrangères de Poutine, Sergueï Lavrov, est à la tête de la diplomatie russe depuis 2004 — ce qui en fait le ministre des Affaires étrangères russe avec la plus grande longévité depuis l’Union soviétique. Représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies à la fin des années 1990 jusqu’en 2004, lui aussi dispose d’une profonde connaissance des élites américaines ainsi que du fonctionnement de négociations internationales.

  • Lors de sa longue conférence de presse annuelle donnée en janvier, Lavrov se félicitait du fait que Donald Trump soit le premier dirigeant occidental à reconnaître que l’OTAN avait menti sur sa promesse de ne pas s’étendre vers l’Est, en provoquant la guerre en Ukraine. 

Depuis, le président américain et ses alliés se sont encore davantage alignés sur la propagande du Kremlin et les États-Unis de Donald Trump refusent désormais de qualifier la Russie d’agresseur.