Le Premier ministre indien Narendra Modi pourrait être le troisième dirigeant étranger à se rendre à Washington pour y rencontrer Trump depuis son investiture pour un deuxième mandat, le 20 janvier, après Benyamin Netanyahou mardi 4 puis le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba vendredi 7. Au cours des dernières semaines, New Delhi a annoncé plusieurs mesures visant à devancer les menaces de tarifs de Trump.
- Le gouvernement indien a réduit ce week-end les taxes à l’importation pour plusieurs catégories de produits allant des composants pour le secteur du spatial aux pièces détachées pour l’assemblage de téléphones et de téléviseurs 1. En moyenne, les droits de douane indiens devraient passer de 11,65 à 10,66 %.
- Quelques jours plus tôt, Modi s’était engagé auprès de Trump à accepter le rapatriement de 18 000 citoyens indiens arrêtés puis détenus aux États-Unis pour entrée illégale sur le territoire. Près d’un quart (23,5 %) des migrants arrêtés à la frontière avec le Canada en 2024 avaient la nationalité indienne, soit 8 points de plus qu’en 2022 et 2023.
L’Inde n’est pas la seule dans l’Indo-Pacifique à avoir anticipé le retour de Trump en prenant des mesures visant à « apaiser » le président.
- Le ministre australien du Commerce et du Tourisme Don Farrell a sollicité une rencontre avec son homologue Howard Lutnick « dès que cela sera humainement possible », suite à l’annonce de tarifs contre le Canada, le Mexique et la Chine ;
- La Corée du Sud a élaboré un « plan d’urgence » pour faire face à Trump, qui prévoit notamment une augmentation des importations agricoles afin de réduire le déficit commercial ;
- Le Japon et Taïwan envisagent quant à eux d’importer davantage d’énergie, notamment du GNL, en provenance des États-Unis ;
- Malgré l’imposition de tarifs, Xi Jinping devrait s’entretenir avec Trump au téléphone mardi 4 février 2.
Mis à part l’Australie et d’autres petits États comme le Timor-Leste ou les Îles Salomon, tous les pays d’Indo-Pacifique exportent plus vers les États-Unis qu’ils n’importent.
- La région occupe une place centrale dans l’agenda international de Trump. Dès le lendemain de sa confirmation, le secrétaire d’État Marco Rubio a accueilli à Washington ses homologues du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, un format que les démocrates comme les républicains considèrent comme central pour les États-Unis dans leur rivalité avec la Chine.
- Rubio et le conseiller à la sécurité nationale de Trump, Michael Waltz, font partie des membres les plus faucons de l’administration vis-à-vis de Pékin. C’est sous le premier mandat de Trump que le Quad a tenu sa première réunion au niveau ministériel. Biden a participé à quatre sommets des chefs d’État du groupe, témoignant ainsi du soutien bipartisan dont celui-ci fait l’objet.
De nombreux pays ont commencé à élaborer une « stratégie » visant à préparer le potentiel retour au pouvoir de Trump avant même que celui-ci ne soit investi par le GOP pour l’élection présidentielle. C’est notamment le cas de Tokyo, qui avait fait appel à l’ancien interprète de Shinzō Abe, Sunao Takao — vanté pour sa « familiarité » avec Trump —, afin de « renforcer le dialogue avec l’équipe de campagne du candidat républicain […] dans l’espoir d’éviter tout choc politique ». Des diplomates japonais s’étaient également rapprochés de think-tanks et d’anciens responsables de l’administration Trump.
Sources
- Dhirendra Kumar, « Trump’s tariff war : How India might avert damage », Mint, 3 février 2025.
- Trevor Hunnicutt et Steve Holland, Trump to speak with China’s Xi after hiking tariffs, White House says, Reuters, 4 février 2025.