Trump met le Projet 2025 en action : les 26 premiers décrets du président des États-Unis
Il en avait annoncé 100. Dans une mise en scène de la puissance souveraine, Donald Trump a signé 26 décrets lors de sa première journée à la Maison Blanche. Retrait de l’OMS, état d’urgence, fin du droit du sol...
Trump fait de l’exception un principe et de l’accélération un but des premières journées de sa présidence impériale. Nous publions et commentons la liste de tous ses décrets.
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- Le président Donald Trump signe un décret lors de la fête d'inauguration présidentielle à la Capital One Arena, lundi 20 janvier 2025, à Washington. © AP Photo/Evan Vucci
Lors de la première journée de son deuxième mandat, Donald Trump a signé en tout et pour tout 26 décrets présidentiels (executive orders), soit bien loin des 100 annoncés quelques jours plus tôt, mais significativement plus par rapport à son premier mandat (un seul). Biden, en 2021, en avait signé 9 au cours de sa première journée à la Maison-Blanche.
Les premières actions de Trump en tant que président correspondent en partie à ses promesses de campagne : sécurisation de la frontière, réforme de la politique migratoire, fin des politiques d’inclusion et de diversité, fin de la reconnaissance par l’administration d’un genre autre que masculin ou féminin, réforme de la carrière publique fédérale… Mais elles correspondent également aux priorités mises en avant par la Heritage Foundation dans son Projet 2025, un document programmatique adressé à la future administration républicaine — avec qui Trump avait affecté d’avoir pris ses distances pendant la campagne.
Le principal élément manquant de cette liste est les tarifs douaniers, sur lesquels Trump s’était pourtant engagé à agir dès sa première journée. Le nouveau président a cependant déclaré qu’il comptait imposer des tarifs de 25 % sur le Canada et le Mexique dès le 1er février.
En voulant transformer le pays à toute vitesse, Trump est aussi en train de transformer la démocratie américaine. Sa présidence impériale se met en place en s’appuyant sur une torsion de la Constitution. À travers une théorie et une pratique nouvelles du pouvoir exécutif permises par le régime présidentiel américain, le deuxième mandat de Donald Trump pourrait utiliser une concentration du pouvoir jamais égalée dans l’histoire des États-Unis.
Pour comprendre comment, nous traduisons et décryptons les 26 décrets publiés hier.
PREMIÈRES ANNULATIONS DE DÉCRETS ET D’ACTIONS PRÉJUDICIABLES
L’administration précédente a introduit des pratiques profondément impopulaires, inflationnistes, illégales et radicales au sein de chaque agence et bureau du gouvernement fédéral. L’injection de « diversité, équité et inclusion » (DEI) dans nos institutions les a corrompues en remplaçant le travail acharné, le mérite et l’égalité par une hiérarchie préférentielle qui divise et qui est dangereuse.
Les ordres d’ouverture des frontières ont mis en danger le peuple américain et dissous les ressources fédérales, étatiques et locales qui devraient être utilisées au profit du peuple américain. L’extrémisme climatique a fait exploser l’inflation et surchargé les entreprises avec des réglementations.
Afin d’entamer les politiques qui rendront notre nation à nouveau unie, juste, sûre et prospère, la politique des États-Unis consiste à rétablir le bon sens au sein du gouvernement fédéral et à libérer le potentiel du citoyen américain. Les révocations prévues par ce décret seront les premières d’une longue série de mesures que le gouvernement fédéral des États-Unis prendra pour réparer nos institutions et notre économie.
La première décision de Trump concerne la révocation de 78 décrets pris par l’administration Biden au cours de son mandat, parmi lesquelles figure notamment la cible de 50 % de véhicules neufs électriques vendus d’ici 2030, l’imposition de sanctions sur les colons israéliens, un décret visant à réduire les risques potentiels posés par l’IA…
RÉTABLIR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ET METTRE FIN À LA CENSURE FÉDÉRALE
Le premier amendement de la Constitution des États-Unis, un amendement essentiel au succès de notre République, consacre le droit du peuple américain à s’exprimer librement sur la place publique sans ingérence du gouvernement. Au cours des quatre dernières années, l’administration précédente a bafoué le droit à la liberté d’expression en censurant les propos des Américains sur les plateformes en ligne, souvent en exerçant une pression coercitive importante sur des tiers, tels que les entreprises de médias sociaux, pour qu’ils modèrent, déplacent ou suppriment d’une autre manière les propos que le gouvernement fédéral n’approuvait pas. Sous couvert de lutte contre la « désinformation » et la « malinformation », le gouvernement fédéral a enfreint les droits d’expression protégés par la Constitution des citoyens américains à travers les États-Unis de manière à faire avancer le récit préféré du gouvernement sur des questions importantes du débat public. La censure de la parole par le gouvernement est intolérable dans une société libre.
Trump signale vouloir mettre fin à la politique de « censure » supposément mise en œuvre par l’administration Biden, notamment concernant la modération sur les réseaux sociaux. Quelques jours avant l’investiture de Trump, Mark Zuckerberg annonçait mettre fin à la politique de fact-checking sur Facebook et Instagram au profit de « notes communautaires », suivant le modèle Musk sur X (Twitter). La liberté d’expression est déjà garantie par le premier amendement de la Constitution.
METTRE FIN À L’INSTRUMENTALISATION DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
Le peuple américain a vu l’administration précédente s’engager dans une campagne systématique contre ses opposants politiques présumés, en utilisant la force juridique de nombreuses agences fédérales chargées de l’application de la loi et de la communauté du renseignement contre ces opposants politiques présumés, sous la forme d’enquêtes, de poursuites, d’actions civiles et d’autres actions connexes. Ces actions semblent davantage destinées à infliger des souffrances politiques qu’à poursuivre une véritable justice ou des objectifs gouvernementaux légitimes. Nombre de ces activités semblent incompatibles avec la Constitution et/ou les lois des États-Unis, notamment celles visant des parents qui protestaient lors de réunions de conseils scolaires, des Américains qui s’étaient élevés contre les actions de l’administration précédente et d’autres Américains qui exerçaient simplement des droits protégés par la Constitution.
Ce décret présidentiel semble indiquer que Trump va passer en revue les actions judiciaires intentées par des procureurs d’États ou de districts qui auraient abusé de leurs pouvoirs pour poursuivre des individus en suivant leurs propres intérêts. Le décret cible en particulier l’administration Biden « et ses alliés à travers le pays ».
METTRE L’AMÉRIQUE EN PREMIER (AMERICA FIRST) DANS LES ACCORDS INTERNATIONAUX SUR L’ENVIRONNEMENT
Les États-Unis doivent développer leur économie et maintenir des emplois pour leurs citoyens tout en jouant un rôle de premier plan dans les efforts mondiaux de protection de l’environnement. Au fil des décennies, grâce à des politiques raisonnables qui n’entravent pas l’activité du secteur privé, les États-Unis ont simultanément développé leur économie, augmenté les salaires des travailleurs, accru la production d’énergie, réduit la pollution de l’air et de l’eau et diminué les émissions de gaz à effet de serre. Les résultats obtenus par les États-Unis en matière d’objectifs économiques et environnementaux devraient servir de modèle à d’autres pays.
Ces dernières années, les États-Unis ont prétendu adhérer à des accords et initiatives internationaux qui ne reflètent pas les valeurs de notre pays ou nos contributions à la poursuite d’objectifs économiques et environnementaux. En outre, ces accords orientent l’argent des contribuables américains vers des pays qui n’ont pas besoin d’une assistance financière dans l’intérêt du peuple américain et qui ne la méritent pas.
L’administration Trump retire à nouveau Washington de l’Accord de Paris sur le climat afin « de placer les intérêts des États-Unis et du peuple américain au premier plan dans l’élaboration et la négociation de tout accord international susceptible de nuire à l’économie américaine ou de l’étouffer ».
APPLICATION DE LA LOI SUR LA PROTECTION DES AMÉRICAINS CONTRE LES APPLICATIONS CONTRÔLÉES PAR DES ADVERSAIRES ÉTRANGERS VIS-À-VIS DE TIK TOK
J’ordonne par la présente au procureur général de ne prendre aucune mesure au nom des États-Unis pour faire appliquer la loi pendant 75 jours à compter de la date de la présente ordonnance, afin de permettre à mon administration de déterminer la ligne de conduite appropriée à l’égard de TikTok. Au cours de cette période, le département de la Justice ne prendra aucune mesure pour faire appliquer la loi ou imposer des sanctions à l’encontre d’une entité pour non-respect de la loi, notamment pour avoir distribué, maintenu ou mis à jour (ou permis la distribution, le maintien ou la mise à jour) une application contrôlée par un adversaire étranger, telle que définie dans la loi. À la lumière de cette directive, même après l’expiration de la période susmentionnée, le département de la Justice ne prendra aucune mesure pour faire appliquer la loi ou imposer des sanctions à une entité pour tout comportement survenu au cours de la période susmentionnée ou de toute période antérieure à l’émission de cette ordonnance, y compris la période allant du 19 janvier 2025 à la signature de ce décret.
Trump donne à TikTok un délai supplémentaire de 75 jours afin de permettre à son administration « de déterminer la marche à suivre de manière ordonnée afin de protéger la sécurité nationale tout en évitant une fermeture brutale d’une plateforme de communication utilisée par des millions d’Américains ». Le réseau social chinois avait mis fin à ses services aux États-Unis pendant quelques heures samedi dernier à la suite de l’entrée en vigueur d’une loi soutenue l’an dernier par des élus démocrates et républicains.
Trump s’était engagé à « sauver l’application », contournant ainsi le Congrès. Le président souhaite que des acteurs américains détiennent la moitié des parts de TikTok dans le cadre d’un « deal » avec ByteDance. Trump a ajouté que « si la Chine n’accepte pas l’accord, il s’agirait en quelque sorte d’un acte hostile ».
RETRAIT DES ÉTATS-UNIS DE L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ
Les États-Unis ont annoncé leur retrait de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2020 en raison de la mauvaise gestion par l’organisation de la pandémie de COVID-19 survenue à Wuhan, en Chine, et d’autres crises sanitaires mondiales, de son incapacité à adopter les réformes urgentes nécessaires et de son incapacité à faire preuve d’indépendance vis-à-vis de l’influence politique inappropriée des États membres de l’OMS. En outre, l’OMS continue d’exiger des États-Unis des paiements injustement onéreux, sans commune mesure avec les contributions des autres pays. La Chine, qui compte 1,4 milliard d’habitants, représente 300 % de la population des États-Unis, mais sa contribution à l’OMS est inférieure de près de 90 % à celle des États-Unis.
Trump ordonne le retrait de Washington de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le président avait déjà initié ce processus en 2020, accusant l’organisation d’être devenue une « escroquerie mondialiste corrompue » qui aurait « honteusement couvert les traces du Parti communiste chinois » lors de la pandémie de coronavirus.
RÉTABLIR L’OBLIGATION DE RENDRE DES COMPTES POUR LES POSTES QUI INFLUENCENT LA POLITIQUE AU SEIN DU PERSONNEL FÉDÉRAL
L’article II de la Constitution des États-Unis confère au président l’autorité unique et exclusive sur le pouvoir exécutif, y compris l’autorité de gérer le personnel fédéral pour assurer l’exécution efficace de la loi fédérale. Un aspect essentiel de cette fonction exécutive est la responsabilité de maintenir le professionnalisme et la responsabilité au sein de la fonction publique. Cette responsabilité fait cruellement défaut aujourd’hui. Seuls 41 % des superviseurs de la fonction publique sont convaincus qu’ils peuvent révoquer un employé qui a fait preuve d’insubordination ou qui a commis une faute grave. Un nombre encore plus faible de superviseurs — 26 % — sont convaincus qu’ils peuvent licencier un employé en raison de ses mauvaises performances.
La responsabilité est essentielle pour tous les employés fédéraux, mais elle est particulièrement importante pour ceux qui occupent des postes d’influence. Ces personnes sont chargées d’élaborer et de mettre en œuvre des actions qui ont un impact significatif sur tous les Américains. Tout pouvoir dont ils disposent leur est délégué par le président, et ils doivent rendre compte au président, qui est le seul membre du pouvoir exécutif, à l’exception du vice-président, à être élu et directement responsable devant le peuple américain. Toutefois, ces dernières années, de nombreux cas bien documentés ont montré que des fonctionnaires fédéraux de carrière ont résisté aux politiques et aux directives de leur direction exécutive et les ont sapées. Les principes de bonne administration exigent donc que des mesures soient prises pour rétablir la responsabilité de la fonction publique de carrière, en commençant par les postes à caractère confidentiel, qui déterminent les politiques, qui les élaborent ou qui les défendent.
Trump remet en place le « Schedule F », qui devrait lui permettre de re-classifier le statut de certains employés fédéraux en postes politiques et ainsi de licencier jusqu’à 50 000 fonctionnaires de l’administration fédérale s’il juge qu’ils sont susceptibles de nuire à ses priorités.
Malgré les importants risques associés à cette pratique pour le bon fonctionnement du gouvernement ainsi que l’intégrité des services fédéraux, la Heritage Foundation recommande dans la section 3 de son Projet 2025 « le rétablissement du Schedule F pour que ces réformes soient couronnées de succès ».
DEMANDER DES COMPTES À D’ANCIENS RESPONSABLES GOUVERNEMENTAUX POUR L’INGÉRENCE DANS LES ÉLECTIONS ET LA DIVULGATION INAPPROPRIÉE D’INFORMATIONS GOUVERNEMENTALES SENSIBLES
Au cours des dernières semaines de la campagne présidentielle de 2020, au moins 51 anciens responsables des services de renseignement se sont coordonnés avec la campagne de Joe Biden pour publier une lettre discréditant l’information selon laquelle le fils du président Joseph R. Biden avait laissé son ordinateur portable dans une entreprise de réparation d’ordinateurs. Les signataires de la lettre ont suggéré à tort que l’article faisait partie d’une campagne de désinformation russe.
Avant d’être publiée, la lettre a été envoyée à la Commission d’examen de la classification avant publication de la CIA, l’organe généralement chargé d’évaluer officiellement la nature sensible des documents avant leur publication. De hauts responsables de la CIA ont été informés du contenu de la lettre, et plusieurs signataires étaient habilités à l’époque et entretenaient des relations contractuelles avec la CIA.
Les décideurs politiques fédéraux doivent pouvoir se fier aux analyses menées par la communauté du renseignement et avoir la certitude qu’elles sont exactes, rédigées avec professionnalisme et dépourvues d’ingénierie politique visant à influer sur les résultats politiques aux États-Unis. Les signataires ont délibérément utilisé l’autorité de la communauté du renseignement pour manipuler le processus politique et saper nos institutions démocratiques. Cette fabrication de l’imprimatur de la communauté du renseignement pour supprimer des informations essentielles au peuple américain pendant une élection présidentielle est un abus de confiance flagrant qui rappelle celui d’un pays du tiers monde. Et maintenant, la foi des Américains dans tous les autres professionnels du renseignement patriotes qui ont juré de protéger la nation a été mise en péril.
La sécurité nationale est également mise à mal par la publication d’informations classifiées. L’ancien conseiller à la sécurité nationale, John R. Bolton, a publié un livre de souvenirs à des fins lucratives après avoir été démis de ses fonctions à la Maison-Blanche en 2019. Le livre était truffé d’informations sensibles tirées de son expérience au sein du gouvernement. Le traitement imprudent d’informations sensibles dans les mémoires a compromis la capacité des futurs présidents à demander et à obtenir des conseils francs sur les questions de sécurité nationale de la part de leur personnel. La publication a également créé un risque grave d’exposition publique de matériel classifié.
Pour remédier à ces abus de confiance, le présent décret ordonne la révocation de toutes les habilitations de sécurité actives ou en cours détenues par : (i) les anciens responsables du renseignement qui se sont engagés dans une coordination politique trompeuse et inappropriée avec la campagne présidentielle de Biden en 2020 ; et (ii) John R. Bolton.
Trump révoque l’habilitation de sécurité de 51 anciens responsables du renseignement ayant nié en 2020 la « controverse de l’ordinateur portable abandonné » de Hunter Biden, le fils de l’ex-président démocrate. Trump envoie ici un signal à l’aile droite et conspirationniste de son parti. Joe Biden a gracié son fils Hunter début décembre pour d’autres affaires, citant un acharnement politique visant à le décrédibiliser.
CLARIFIER LE RÔLE DE L’ARMÉE DANS LA PROTECTION DE L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE DES ÉTATS-UNIS
(a) En tant que chef de l’exécutif et commandant en chef des forces armées des États-Unis, je n’ai pas de responsabilité plus solennelle que celle de protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale des États-Unis le long de nos frontières nationales. La protection de l’intégrité territoriale et des frontières nationales d’une nation est primordiale pour sa sécurité.
(b) Les forces armées des États-Unis jouent depuis longtemps un rôle bien établi dans la protection de nos frontières contre les menaces d’invasion, contre les incursions illégales de ressortissants étrangers aux États-Unis et contre d’autres activités criminelles transnationales qui violent nos lois et menacent la paix, l’harmonie et la tranquillité de la nation. Ces menaces ont pris diverses formes au cours de l’histoire de notre pays, mais les forces armées ont toujours joué un rôle essentiel dans la protection de la souveraineté des États-Unis.
© Les menaces contre la souveraineté de notre nation continuent aujourd’hui, et il est essentiel que les forces armées continuent à participer fermement à la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté. Une urgence nationale existe actuellement le long de la frontière sud des États-Unis. L’immigration de masse illégale et incontrôlée et le flux d’opiacés à travers nos frontières continuent de mettre en danger la sûreté et la sécurité du peuple américain et encouragent la poursuite de l’anarchie. En conséquence, par ce décret, j’agis conformément à mon devoir solennel de protéger et de défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale des États-Unis le long de nos frontières nationales.
Trump ordonne au secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, de soumettre dans un délai de 10 jours « une révision du plan de commandement unifié qui assigne au United States Northern Command (USNORTHCOM) la mission de boucler les frontières et de maintenir la souveraineté, l’intégrité territoriale et la sécurité des États-Unis en repoussant les formes d’invasion, y compris les migrations massives illégales, le trafic de stupéfiants, la contrebande et le trafic d’êtres humains, ainsi que d’autres activités criminelles. »
L’utilisation du terme « invasion » pour définir le franchissement de la frontière par des immigrés en situation irrégulière est ici très controversée. Trump a déclaré vouloir déployer l’armée pour bloquer les flux migratoires à la frontière avec le Mexique, ce qui nécessiterait de remplir plusieurs conditions — notamment la définition de la situation actuelle comme une « invasion » des États-Unis.
LIBÉRER L’ÉNERGIE AMÉRICAINE
L’Amérique a la chance de disposer d’une abondance d’énergie et de ressources naturelles qui ont historiquement alimenté la prospérité économique de notre pays. Ces dernières années, des réglementations lourdes et motivées par l’idéologie ont entravé le développement de ces ressources, limité la production d’une électricité fiable et abordable, réduit la création d’emplois et infligé des coûts énergétiques élevés à nos concitoyens. Ces coûts énergétiques élevés ont un effet dévastateur sur les consommateurs américains en augmentant le coût des transports, du chauffage, des services publics, de l’agriculture et de la fabrication, tout en affaiblissant notre sécurité nationale.
Il est donc dans l’intérêt national de libérer l’énergie et les ressources naturelles abordables et fiables de l’Amérique. Cela permettra de rétablir la prospérité américaine, y compris pour les hommes et les femmes qui ont été oubliés par notre économie ces dernières années. Cela permettra également de reconstruire la sécurité économique et militaire de notre pays, ce qui assurera la paix par la force.
Trump ordonne de « mettre fin au Green New Deal » — qui n’existe pas — et d’interrompre le décaissement des fonds alloués dans le cadre de l’Inflation Reduction Act et de l’Infrastructure Investment and Jobs Act. Ces deux lois, ratifiées par Biden, sont largement vues comme ayant d’ores et déjà bénéficié à l’économie américaine par le biais de subventions massives au secteur de la transition verte.
Le décret vise également à largement déréguler l’encadrement des normes et règles à respecter pour forer et exploiter des gisements de gaz, charbon, minerais critiques et de pétrole.
RÉALIGNEMENT DU PROGRAMME D’ADMISSION DES RÉFUGIÉS AUX ÉTATS-UNIS
Au cours des quatre dernières années, les États-Unis ont été inondés d’un nombre record de migrants, notamment dans le cadre du programme américain d’admission des réfugiés (USRAP). Les villes comme les petites localités, de Charleroi, en Pennsylvanie, Springfield, dans l’Ohio, en passant par Whitewater, dans le Wisconsin, ont connu d’importants afflux de migrants. Même les grands centres urbains tels que New York, Chicago et Denver ont sollicité l’aide du gouvernement fédéral pour gérer le fardeau des nouveaux arrivants.
Certaines juridictions, comme New York et le Massachusetts, ont même récemment déclaré l’état d’urgence en raison de l’augmentation des flux migratoires.
Les États-Unis n’ont pas la capacité d’absorber un grand nombre de migrants, et en particulier de réfugiés, dans leurs communautés d’une manière qui ne compromette pas la disponibilité des ressources pour les Américains, qui protège leur sécurité et qui garantisse l’assimilation appropriée des réfugiés. Cette ordonnance suspend l’USRAP jusqu’à ce que la poursuite de l’entrée des réfugiés aux États-Unis soit conforme aux intérêts des États-Unis.
Trump met fin au programme permettant à des étrangers de chercher refuge aux États-Unis, pour une durée indéterminée. Le président cite un manque de capacité pour « absorber un grand nombre de migrants, et en particulier de réfugiés, dans leurs communautés d’une manière qui ne compromet pas la disponibilité des ressources pour les Américains, qui protège leur sûreté et leur sécurité et qui assure l’assimilation appropriée des réfugiés ». L’an dernier, plus de 100 000 réfugiés ont pu s’établir aux États-Unis dans le cadre de ce programme.
PROTÉGER LE SENS ET LA VALEUR DE LA CITOYENNETÉ AMÉRICAINE
Le privilège de la citoyenneté américaine est un cadeau inestimable et profond. Le quatorzième amendement stipule que « Toutes les personnes nées ou naturalisées aux États-Unis et soumises à la juridiction de ce pays sont des citoyens des États-Unis et de l’État dans lequel elles résident ». Cette disposition répudie à juste titre la décision honteuse de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Dred Scott v. Sandford, 60 U.S. (19 How.) 393 (1857), qui a mal interprété la Constitution en excluant de façon permanente les personnes d’ascendance africaine de l’éligibilité à la citoyenneté américaine uniquement sur la base de leur race.
Mais le quatorzième amendement n’a jamais été interprété comme étendant universellement la citoyenneté à toute personne née sur le territoire des États-Unis. Le quatorzième amendement a toujours exclu de la citoyenneté de naissance les personnes nées aux États-Unis mais qui n’étaient pas « soumises à la juridiction de ce pays ». Conformément à cette interprétation, le Congrès a précisé par voie législative qu’« une personne née aux États-Unis et soumise à leur juridiction » est un ressortissant et un citoyen des États-Unis à la naissance (8 U.S.C. 1401), ce qui reflète généralement le texte du quatorzième amendement.
Parmi les catégories d’individus nés aux États-Unis et non soumis à leur juridiction, le privilège de la citoyenneté américaine ne s’étend pas automatiquement aux personnes nées aux États-Unis : (1) lorsque la mère de cette personne était illégalement présente aux États-Unis et que le père n’était pas citoyen américain ou résident permanent légal au moment de la naissance de cette personne, ou (2) lorsque la présence de la mère de cette personne aux États-Unis au moment de la naissance de cette personne était légale mais temporaire (telle que, mais non limitée à une visite aux États-Unis sous les auspices du programme d’exemption de visa ou à une visite avec un visa d’étudiant, de travail ou de touriste) et que le père n’était pas citoyen américain ou résident permanent légal au moment de la naissance de cette personne.
Par ce décret présidentiel, Trump met fin au droit du sol garanti par le XIVe amendement de la Constitution. En fournissant sa propre interprétation de l’amendement, l’administration Trump cible en particulier les enfants nés de parents présents illégalement sur le territoire américain ou résidant dans le pays dans le cadre d’un programme temporaire — touristes, étudiants, programme d’exemption de visa…
Cette décision sera certainement rapidement contestée en justice par des groupes de défense des libertés civiles. Trump a reconnu lui-même que cette décision pourrait être inconstitutionnelle, mais a déclaré : « Nous verrons bien. Cela fait des décennies que les gens veulent faire cela ».
SÉCURISER NOS FRONTIÈRES
Au cours des quatre dernières années, les États-Unis ont subi une invasion à grande échelle sans précédent. Des millions d’étrangers en situation irrégulière, originaires de nations et de régions du monde entier, sont entrés avec succès aux États-Unis où ils résident actuellement. Il s’agit notamment de terroristes potentiels, d’espions étrangers, de membres de cartels, de gangs et d’organisations criminelles transnationales violentes, ainsi que d’autres acteurs hostiles animés d’intentions malveillantes.
Des stupéfiants mortels et d’autres produits illicites ont franchi la frontière pendant que les agents et les officiers dépensaient leurs ressources limitées à traiter les étrangers en situation irrégulière en vue de leur libération aux États-Unis. Ces politiques de capture et de remise en liberté portent atteinte à l’État de droit et à notre souveraineté, créent des risques substantiels pour la sécurité publique et détournent des ressources essentielles pour empêcher l’entrée de produits de contrebande et de fugitifs aux États-Unis.
Nous ne disposons que d’informations limitées sur la localisation précise d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière qui sont entrés aux États-Unis au cours des quatre dernières années.
Cela ne peut pas durer. Une nation sans frontières n’est pas une nation, et le gouvernement fédéral doit agir de toute urgence et avec force pour mettre fin aux menaces que représentent des frontières non sécurisées.
L’une de mes responsabilités les plus importantes est de protéger le peuple américain des effets désastreux de l’immigration illégale de masse et de la réinstallation.
Mon administration mobilisera toutes les ressources et autorités disponibles pour mettre un terme à ce flot sans précédent d’étrangers illégaux aux États-Unis.
Ce décret regroupe plusieurs actions annoncées par Trump durant sa campagne : construction d’un « mur physique » à la frontière avec le Mexique (inachevé durant son premier mandat), déportation des immigrés présents illégalement sur le territoire américain, déploiement de la Garde nationale et potentiellement de l’armée, fin de l’application CBP One, développée par la U.S. Customs and Border Protection notamment afin de permettre aux migrants de prendre rendez-vous pour demander l’asile aux États-Unis…
RÉTABLIR LA PEINE DE MORT ET PROTÉGER LA SÉCURITÉ PUBLIQUE
La peine capitale est un outil essentiel pour dissuader et punir ceux qui commettent les crimes les plus odieux et les actes de violence meurtrière contre les citoyens américains. Avant, pendant et après la fondation des États-Unis, nos villes, nos États et notre pays ont toujours compté sur la peine capitale comme moyen de dissuasion ultime et comme seul châtiment approprié pour les crimes les plus vils. Nos fondateurs savaient bien que seule la peine capitale peut apporter la justice et rétablir l’ordre face à un tel mal. Pour cette raison, entre autres, la peine capitale continue de bénéficier d’un large soutien populaire.
Pourtant, depuis trop longtemps, les hommes politiques et les juges qui s’opposent à la peine capitale défient et détournent les lois de notre pays. À chaque fois, ils cherchent à contrecarrer l’exécution des peines capitales légalement imposées et choisissent d’appliquer leurs convictions personnelles plutôt que la loi. Lorsque le président Biden a pris ses fonctions en 2021, il a autorisé son département de la Justice à décréter un moratoire sur les exécutions fédérales, au mépris de son devoir d’exécuter fidèlement les lois des États-Unis qui prévoient la peine capitale. Le 23 décembre 2024, le président Biden a commué les peines de 37 des 40 violeurs, agresseurs d’enfants et meurtriers les plus ignobles et les plus sadiques du couloir de la mort fédéral : des criminels sans pitié qui ont brutalisé de jeunes enfants, étranglé et noyé leurs victimes, et chassé des étrangers pour le sport. Il a commué leurs peines alors que les lois de notre pays ont toujours protégé les victimes en appliquant la peine capitale à des actes barbares comme les leurs. Les juges qui s’opposent à la peine capitale ont également ignoré la loi en affirmant à tort que la peine capitale est inconstitutionnelle, alors que la Constitution reconnaît explicitement la légalité de la peine capitale.
Ces efforts de subversion et d’affaiblissement de la peine capitale défient les lois de notre nation, tournent la justice en dérision et insultent les victimes de ces crimes horribles. La responsabilité la plus solennelle du gouvernement est de protéger ses citoyens contre des actes odieux, et mon administration ne tolérera pas les efforts visant à paralyser et à éviscérer les lois qui autorisent la peine capitale contre ceux qui commettent d’horribles actes de violence contre les citoyens américains.
Trump veut reprendre l’utilisation de la peine capitale, mise en pause en 2021 par le procureur général de l’administration Biden Merrick Garland. Trump demande par ailleurs à sa prochaine procureur générale, Pam Bondi, de demander la peine de mort « sans tenir compte d’autres facteurs » pour chaque crime fédéral passible de la peine capitale impliquant le meurtre d’un agent des forces de l’ordre ou un crime capital commis par un étranger en situation irrégulière.
DÉCLARATION DE L’ÉTAT D’URGENCE ÉNERGÉTIQUE NATIONAL
Les capacités d’identification, de location, de développement, de production, de transport, de raffinage et de génération d’énergie et de minéraux critiques (« énergie ») des États-Unis sont toutes bien trop insuffisantes pour répondre aux besoins de notre pays. Nous avons besoin d’un approvisionnement en énergie fiable, diversifié et abordable pour faire fonctionner les industries manufacturières, de transport, d’agriculture et de défense de notre pays, et pour maintenir les bases de la vie moderne et de la préparation militaire. En raison des politiques néfastes et à courte vue de l’administration précédente, l’approvisionnement et l’infrastructure énergétiques inadéquats de notre pays causent et aggravent les prix élevés de l’énergie qui dévastent les Américains, en particulier ceux qui vivent avec des revenus faibles ou fixes.
La menace active que représente la hausse des prix de l’énergie pour le peuple américain est exacerbée par la capacité réduite de notre pays à s’isoler des acteurs étrangers hostiles. La sécurité énergétique est un domaine de plus en plus crucial de la concurrence mondiale.
Dans le but de nuire au peuple américain, des acteurs étrangers hostiles, étatiques ou non, ont pris pour cible notre infrastructure énergétique nationale, ont militarisé notre dépendance à l’égard de l’énergie étrangère et ont abusé de leur capacité à provoquer des fluctuations spectaculaires sur les marchés internationaux des matières premières. Un approvisionnement national en énergie abordable et fiable est une exigence fondamentale pour la sécurité nationale et économique de toute nation.
L’intégrité et l’expansion de l’infrastructure énergétique de notre pays – d’un océan à l’autre – est une priorité immédiate et urgente pour la protection de la sécurité nationale et économique des États-Unis. Il est impératif que le gouvernement fédéral accorde la priorité au bien-être physique et économique du peuple américain.
En outre, les États-Unis ont la possibilité d’utiliser leurs ressources énergétiques inexploitées au niveau national et de vendre à leurs alliés et partenaires internationaux une source d’énergie fiable, diversifiée et abordable. Cela créerait des emplois et une prospérité économique pour les Américains oubliés dans l’économie actuelle, améliorerait la balance commerciale des États-Unis, aiderait notre pays à rivaliser avec les puissances étrangères hostiles, renforcerait les relations avec les alliés et les partenaires, et soutiendrait la paix et la sécurité internationales. En conséquence, la situation énergétique dangereuse de notre pays impose des contraintes inutiles et périlleuses à notre politique étrangère.
Les politiques de l’administration précédente ont conduit notre pays à une situation d’urgence nationale, où un approvisionnement énergétique précaire, inadéquat et intermittent, ainsi qu’un réseau de plus en plus peu fiable, exigent une action rapide et décisive. Si l’on n’y remédie pas immédiatement, cette situation se détériorera considérablement dans un avenir proche en raison de la forte demande en énergie et en ressources naturelles pour alimenter la prochaine génération de technologies. La capacité des États-Unis à rester à la pointe de l’innovation technologique dépend d’un approvisionnement fiable en énergie et de l’intégrité de notre réseau électrique national. Le développement inadéquat des ressources énergétiques nationales rend notre pays vulnérable aux acteurs étrangers hostiles et constitue une menace imminente et croissante pour la prospérité et la sécurité nationale des États-Unis.
Ces nombreux problèmes sont particulièrement prononcés dans le nord-est et sur la côte ouest de notre pays, où des politiques locales et étatiques dangereuses mettent en péril les besoins fondamentaux de notre pays en matière de défense et de sécurité nationales, et dévastent la prospérité non seulement des résidents locaux, mais aussi de l’ensemble de la population des États-Unis. L’insuffisance de la production, du transport, du raffinage et de la production d’énergie aux États-Unis constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour l’économie, la sécurité nationale et la politique étrangère de notre pays. À la lumière de ces constatations, je déclare par la présente l’état d’urgence national.
Ce décret présidentiel correspond à la politique « Drill, baby, Drill » répétée à maintes reprises par Trump durant la campagne. En s’appuyant sur le National Emergencies Act, Trump demande aux agences fédérales d’utiliser tous les moyens dont elles disposent afin de faciliter l’identification, la production, le transport et le raffinage ressources énergétiques.
En 2019, Trump s’était déjà servi du National Emergencies Act pour contourner l’opposition du Congrès à la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique. Une quinzaine d’États avait intenté des procès contre l’administration afin de contester la décision, arguant que celle-ci constituait un « mépris flagrant pour la séparation des pouvoirs ».
RÉÉVALUATION ET RÉALIGNEMENT DE L’AIDE ÉTRANGÈRE DES ÉTATS-UNIS
L’industrie et la bureaucratie de l’aide étrangère des États-Unis ne sont pas alignées sur les intérêts américains et, dans de nombreux cas, sont contraires aux valeurs américaines. Elles servent à déstabiliser la paix mondiale en promouvant dans les pays étrangers des idées qui vont directement à l’encontre de relations harmonieuses et stables à l’intérieur des pays et entre les pays.
Trump suspend tous les programmes d’aide au développement pour une durée de 90 jours. Pendant cette période, les agences et départements gérant ces programmes devront fournir une « évaluation » de la cohérence de ces derniers avec la politique étrangère America First que Trump souhaite mettre en place. C’était un point annoncé clairement dans l’audition de confirmation de Marco Rubio devant le Sénat que nous avions traduite et commentée dans la revue.
Dans ses directives adressées à son Secrétaire d’État, Trump n’a pas mentionné les programmes d’aide mais a précisé : « À partir de ce jour, la politique étrangère des États-Unis défendra les intérêts américains fondamentaux et placera toujours l’Amérique et les citoyens américains au premier plan. »
PROTÉGER LE PEUPLE AMÉRICAIN CONTRE L’INVASION
Au cours des quatre dernières années, l’administration précédente a invité, administré et supervisé un flux sans précédent d’immigration illégale aux États-Unis. Des millions d’étrangers en situation irrégulière ont franchi nos frontières ou ont été autorisés à entrer directement aux États-Unis par des vols commerciaux et à s’installer dans les communautés américaines, en violation des lois fédérales en vigueur depuis longtemps.
Nombre de ces étrangers en situation irrégulière sur le territoire américain représentent une menace importante pour la sécurité nationale et la sûreté publique, en commettant des actes ignobles et odieux à l’encontre d’Américains innocents. D’autres sont engagés dans des activités hostiles, notamment l’espionnage, l’espionnage économique et la préparation d’activités liées au terrorisme. Beaucoup ont abusé de la générosité du peuple américain et leur présence aux États-Unis a coûté aux contribuables des milliards de dollars aux niveaux fédéral, étatique et local.
L’application des lois nationales sur l’immigration est d’une importance capitale pour la sécurité nationale et la sûreté publique des États-Unis. Le peuple américain mérite un gouvernement fédéral qui place ses intérêts au premier plan et un gouvernement qui comprend son obligation sacrée de donner la priorité à la sûreté, à la sécurité et au bien-être financier et économique des Américains.
Ce décret garantit que le gouvernement fédéral protège le peuple américain en appliquant fidèlement les lois sur l’immigration des États-Unis.
Ce décret définit ce que sera la politique de l’administration Trump en matière de politique migratoire vis-à-vis des personnes présentes de manière irrégulière sur le territoire. Celui-ci vise à assurer l’application des lois passées par le Congrès en fournissant des moyens de détention légaux.
Quelques heures après l’investiture de Trump, le Sénat a voté en faveur du Laken Riley Act, qui sera la première législation que le nouveau président sera en mesure de signer, potentiellement d’ici la fin de la semaine. Cette nouvelle loi rendrait obligatoire la détention, après une simple arrestation et non à une condamnation, de migrants en situation irrégulière accusés de vol, de cambriolage ou d’agression contre des agents des forces de l’ordre.
LIBÉRER LE POTENTIEL EXTRAORDINAIRE DES RESSOURCES DE L’ALASKA
L’État d’Alaska dispose de ressources naturelles abondantes et largement inexploitées, notamment en matière d’énergie, de minéraux, de bois et de fruits de mer. L’exploitation de ces richesses naturelles augmentera la prospérité de nos citoyens tout en contribuant à renforcer la sécurité économique et nationale de notre pays pour les générations à venir. En développant ces ressources dans toute la mesure du possible, nous pouvons aider à réduire les prix pour les Américains, créer des emplois de haute qualité pour nos citoyens, améliorer nos déséquilibres commerciaux, renforcer l’exercice de la domination énergétique mondiale de la nation et se prémunir contre les puissances étrangères qui militent pour l’approvisionnement en énergie sur les théâtres de conflits géopolitiques.
Pour que cette opportunité se concrétise, il faut toutefois mettre fin immédiatement à l’assaut contre la souveraineté de l’Alaska et sa capacité à développer ces ressources de manière responsable, dans l’intérêt de la nation. Il est donc impératif d’annuler immédiatement les restrictions punitives mises en œuvre par l’administration précédente, qui visent spécifiquement le développement des ressources sur les terres de l’État et les terres fédérales en Alaska.
Ce décret présidentiel vise à maximiser l’exploitation des ressources naturelles présentes en Alaska, et notamment ses gisements de gaz naturel afin de « prioriser le développement du potentiel de la région en matière de GNL ». Trump compte s’appuyer largement sur le GNL pour rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis avec ses partenaires, notamment les pays européens. De nombreux terminaux de gazéification et d’exportation de GNL doivent notamment voir le jour dans le Golfe du Mexique d’ici 2026.
PROTÉGER LES ÉTATS-UNIS CONTRE LES TERRORISTES ÉTRANGERS ET LES AUTRES MENACES POUR LA SÉCURITÉ NATIONALE ET LA SÉCURITÉ PUBLIQUE
(a) Les États-Unis ont pour politique de protéger leurs citoyens contre les étrangers qui ont l’intention de commettre des attentats terroristes, de menacer notre sécurité nationale, d’épouser une idéologie haineuse ou d’exploiter les lois sur l’immigration à des fins malveillantes.
(b) Pour protéger les Américains, les États-Unis doivent être vigilants au cours de la procédure de délivrance des visas afin de s’assurer que les étrangers dont l’admission aux États-Unis est approuvée n’ont pas l’intention de nuire aux Américains ou à nos intérêts nationaux. Plus important encore, les États-Unis doivent les identifier avant leur admission ou leur entrée sur le territoire américain. Enfin, les États-Unis doivent s’assurer que les étrangers admis et les étrangers déjà présents sur leur territoire n’ont pas d’attitude hostile à l’égard de leurs citoyens, de leur culture, de leur gouvernement, de leurs institutions ou de leurs principes fondateurs, et qu’ils ne défendent pas, n’aident pas ou ne soutiennent pas des terroristes étrangers désignés et d’autres menaces pour notre sécurité nationale.
Ce décret, s’appuyant sur l’Immigration and Nationality Act, vise à protéger les États-Unis contre l’entrée sur son territoire d’étrangers susceptibles de commettre des actes terroristes. Le texte exige notamment au secrétaire d’État que celui-ci soumette un rapport d’ici un mois évaluant les programmes de visas qui seraient utilisés par des pays étrangers ou des « acteurs hostiles » pour nuire aux États-Unis.
DIRECTIVE POLITIQUE « AMERICA FIRST » ADRESSÉE AU SECRÉTAIRE D’ÉTAT
À partir de ce jour, la politique étrangère des États-Unis défendra les intérêts fondamentaux des Américains et placera toujours l’Amérique et les citoyens américains au premier plan.
Ce décret, très court et large (qui n’est toutefois traduit que partiellement ci-dessus), ce qui est assez inhabituel en comparaison des autres executive orders signés par Trump le 20 janvier, exige que Marco Rubio aligne les politiques du département d’État avec les politiques, les programmes, le personnel et les opérations du département d’État sur la politique étrangère « America First ».
ÉTABLISSEMENT ET MISE EN ŒUVRE DU « DÉPARTEMENT DE L’EFFICACITÉ GOUVERNEMENTALE » (DOGE) DU PRÉSIDENT
Ce décret établit le département de l’Efficacité gouvernementale pour mettre en œuvre l’agenda DOGE du président, en modernisant la technologie et les logiciels fédéraux afin de maximiser l’efficacité et la productivité du gouvernement.
Par ce décret, Trump crée le « DOGE », qui ne sera en réalité pas un département — dont la création nécessite l’accord des deux chambres du Congrès — mais une commission présidentielle.
Le DOGE ne pourra par ailleurs pas, selon les lois actuellement en vigueur, effectuer des changements dans la manière dont le gouvernement dépense et gère les crédits octroyés par le Congrès — ce qui est, selon les déclarations et communiqués de la campagne de Trump, son unique raison d’être.
Ramaswamy, initialement nommé pour co-diriger la commission aux côtés de Trump, n’y prendra finalement pas part. Celui-ci va mener campagne à la place pour briguer le poste de gouverneur de l’Ohio. La commission sera ainsi dirigée par Elon Musk, qui est devenu depuis l’été 2024 l’un des plus proches conseillers de Trump et qui bénéficiera d’un bureau à la Maison Blanche et d’une adresse mail @whitehouse.gov dans le cadre de ses nouvelles fonctions.
DÉFENDRE LES FEMMES CONTRE L’EXTRÉMISME DE L’IDÉOLOGIE DU GENRE ET RÉTABLIR LA VÉRITÉ BIOLOGIQUE AU SEIN DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
Dans tout le pays, les idéologues qui nient la réalité biologique du sexe ont de plus en plus recours à des moyens juridiques et à d’autres moyens de coercition sociale pour permettre aux hommes de s’identifier comme des femmes et d’accéder à des espaces et à des activités intimes non mixtes conçus pour les femmes, qu’il s’agisse de refuges pour femmes victimes d’abus domestiques ou de douches pour femmes sur le lieu de travail. C’est une erreur. Les efforts visant à éradiquer la réalité biologique du sexe attaquent fondamentalement les femmes en les privant de leur dignité, de leur sécurité et de leur bien-être. L’effacement du sexe dans le langage et la politique a un impact corrosif non seulement sur les femmes, mais aussi sur la validité de l’ensemble du système américain. Fonder la politique fédérale sur la vérité est essentiel pour la recherche scientifique, la sécurité publique, le moral et la confiance dans le gouvernement lui-même.
Cette voie malsaine est pavée d’une attaque permanente et délibérée contre l’utilisation et la compréhension ordinaires et de longue date des termes biologiques et scientifiques, remplaçant la réalité biologique immuable du sexe par un sentiment de soi interne, fluide et subjectif, sans lien avec les faits biologiques. L’invalidation de la catégorie réelle et biologique de « femme » transforme de manière inappropriée les lois et les politiques conçues pour protéger les opportunités fondées sur le sexe en des lois et des politiques qui les sapent, remplaçant des droits et des valeurs juridiques chères et de longue date par un concept social inchoatif fondé sur l’identité.
En conséquence, mon administration défendra les droits des femmes et protégera la liberté de conscience en utilisant un langage et des politiques clairs et précis qui reconnaissent que les femmes sont biologiquement des femmes et que les hommes sont biologiquement des hommes.
Comme promis durant sa campagne, Trump va mener une guerre au cours de son mandat contre le « wokisme » et les personnes transgenre. En dénonçant les « idéologues qui nient la réalité biologique du sexe », Trump qualifie de « non modifiable » le sexe d’une personne à la naissance, qui serait « ancré dans une réalité fondamentale et incontestable ».
Le gouvernement fédéral n’utilisera plus le terme « genre » mais « sexe ». Le décret aura un impact direct sur les documents d’identité, notamment les passeports et visas. Depuis 2022, les citoyens américains peuvent choisir « X » au lieu d’indiquer un genre masculin ou féminin sur leur passeport, ce qui ne sera plus possible une fois ce décret entré en application.
METTRE FIN AUX PROGRAMMES GOUVERNEMENTAUX DEI RADICAUX ET INUTILES ET AUX PRÉFÉRENCES
L’administration Biden a imposé des programmes de discrimination illégaux et immoraux, sous le nom de « diversité, équité et inclusion » (DEI), dans pratiquement tous les aspects du gouvernement fédéral, dans des domaines allant de la sécurité des compagnies aériennes à l’armée. Il s’agit d’un effort concerté qui remonte au premier jour du mandat du président Biden, lorsqu’il a publié le décret 13985, intitulé « Advancing Racial Equity and Support for Underserved Communities Through the Federal Government » (Faire progresser l’équité raciale et le soutien aux communautés mal desservies par le gouvernement fédéral).
Conformément au décret 13985 et aux décrets qui ont suivi, presque toutes les agences et entités fédérales ont présenté des « plans d’action pour l’équité » détaillant les moyens mis en œuvre pour favoriser l’infiltration des politiques DEI au sein du gouvernement fédéral. La publication de ces plans a mis en évidence un immense gâchis public et une discrimination honteuse. Cela prend fin aujourd’hui. Les Américains méritent un gouvernement qui s’engage à servir chaque personne avec la même dignité et le même respect, et à ne dépenser les précieuses ressources des contribuables que pour faire de l’Amérique une grande nation.
Trump met fin à tous les programmes DEI (Diversité, équité et inclusion) mis en œuvre au sein des agences et départements fédéraux par les précédentes administrations. Tous les postes de « Chief Diversity Officer » et autres positions dédiées à ces programmes seront supprimés, et toutes les subventions à ces programmes seront arrêtées.
RÉFORMER LE PROCESSUS D’EMBAUCHE AU NIVEAU FÉDÉRAL ET RESTAURER LE MÉRITE DANS LA FONCTION PUBLIQUE
Les citoyens américains méritent une main-d’œuvre fédérale excellente et efficace, qui attire les fonctionnaires les plus compétents et les plus engagés dans la réalisation de la liberté, de la prospérité et du régime démocratique que promeut notre Constitution. Cependant, les pratiques actuelles de recrutement au niveau fédéral sont défaillantes, insulaires et dépassées. Elles ne sont plus axées sur le mérite, les compétences pratiques et le dévouement à notre Constitution. Le recrutement au niveau fédéral ne devrait pas être basé sur des facteurs inadmissibles, tels que l’engagement d’une personne dans une discrimination raciale illégale sous couvert d’« équité », ou l’engagement d’une personne dans le concept inventé d’« identité de genre » au détriment du sexe. L’introduction de tels facteurs dans le processus d’embauche subvertit la volonté du peuple, met en péril des fonctions gouvernementales essentielles et risque de faire perdre les candidats les plus qualifiés.
En rendant nos processus de recrutement et d’embauche plus efficaces et plus axés sur le service à la nation, nous veillerons à ce que le personnel fédéral soit préparé à contribuer à la réalisation de la grandeur américaine et à attirer les talents nécessaires pour servir efficacement nos citoyens. En améliorant considérablement les principes et les pratiques de recrutement, les Américains recevront les ressources et les services fédéraux qu’ils méritent de la part de la main-d’œuvre fédérale la plus qualifiée au monde.
Ce décret vise à améliorer et à réduire le temps nécessaire au gouvernement fédéral pour embaucher de nouveaux fonctionnaires. Le document, en lien avec le précédent décret, « empêche l’embauche de personnes sur la base de leur race, de leur sexe ou de leur religion ».
Conformément à ses souhaits ainsi qu’au programme de la Heritage Foundation, le décret « empêche » également « l’embauche de personnes qui ne sont pas disposées à défendre la Constitution ou à servir fidèlement le pouvoir exécutif » — comprendre : servir Trump.
DÉSIGNER LES CARTELS ET D’AUTRES ORGANISATIONS COMME DES ORGANISATIONS TERRORISTES ÉTRANGÈRES ET DES TERRORISTES MONDIAUX SPÉCIALEMENT DÉSIGNÉS
Ce décret instaure une procédure par laquelle certains cartels internationaux (les cartels) et d’autres organisations seront désignés comme organisations terroristes étrangères, conformément à la section 219 de l’INA (8 U.S.C. 1189), ou comme terroristes mondiaux spécialement désignés, conformément à l’IEEPA (50 U.S.C. 1702) et au décret 13224 du 23 septembre 2001 (bloquant les biens et interdisant les transactions avec les personnes qui commettent, menacent de commettre ou soutiennent le terrorisme), tel qu’amendé.
Trump donne 14 jours à son administration pour élaborer une liste des cartels et autres organisations présentes au Mexique et en Amérique du Sud désignées comme étant des « organisations terroristes étrangères ». Le document ne permettra a priori pas d’octroyer de nouveaux moyens aux agences et départements fédéraux pour combattre ces groupes, mais pourrait être utilisé pour limiter l’entrée sur le territoire de ressortissants et demandeurs d’asile issus des pays où ils sont implantés.
Certains activistes considèrent également que ce décret pourrait servir à justifier des actions militaires américaines contre ces groupes, potentiellement sur le territoire des États concernés.
RESTAURER LES NOMS QUI HONORENT LA GRANDEUR AMÉRICAINE
Il est dans l’intérêt national de promouvoir l’extraordinaire patrimoine de notre nation et de veiller à ce que les générations futures de citoyens américains célèbrent l’héritage de nos héros américains. La dénomination de nos trésors nationaux, y compris les merveilles naturelles à couper le souffle et les œuvres d’art historiques, devrait honorer les contributions des Américains visionnaires et patriotes au riche passé de notre nation.
Par ce décret présidentiel, Trump donne un délai d’un mois au département de l’Intérieur pour mettre en œuvre les actions visant à renommer le Golfe du Mexique en « Golfe d’Amérique » — une promesse faite par Trump le 8 janvier à Mar-a-Lago. En réaction à ce qui fut considéré par la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum comme une provocation, cette dernière avait suggéré que Mexico renomme en retour le Sud des États-Unis « l’Amérique mexicaine ».
Le décret exige également que le plus haut sommet du pays, le Denali, soit renommé Mont McKinley, en hommage au président républicain William McKinley, soit son nom donné en 1896. Celui-ci avait été changé par l’administration Obama en août 2015.