Il fait très froid à Washington aujourd’hui, lundi 20 janvier, et une grande partie de la cérémonie se déroulera en intérieur, ce qui ne s’était pas produit depuis l’investiture de Ronald Reagan en 1985. Donald Trump, âgé de 78 ans, commencera sa journée avec une réception à la Maison-Blanche organisée par Joe Biden. Les deux hommes se rendront ensuite au Capitole, où Trump prêtera serment et prononcera son discours inaugural.

Parmi les invités, seule figure Giorgia Meloni en tant que cheffe de gouvernement européen.

  • De nombreux leaders politiques de droite nationaliste ou d’extrême-droite seront présents : l’ancien Premier ministre polonais Morawiecki pour les CRE, accompagné de Marion Maréchal, ainsi qu’Abascal (Vox), Ventura (Chega), Chrupalla pour l’AfD (PfE), tandis que la co-présidente Weidel, invitée, est retenue par la campagne électorale allemande.
  • Nigel Farage, Éric Zemmour et sa compagne Sarah Knafo, l’ancien conjoint de Marine Le Pen, Louis Aliot, et l’un des fils de Nicolas Sarkozy sont aussi invités. Le Premier ministre Viktor Orbán n’aurait cependant pas reçu d’invitation officielle, contrairement aux rumeurs.
  • En ce qui concerne l’Amérique latine, le président du Salvador Bukele, le président équatorien Noboa et surtout le président argentin Javier Milei seront présents. L’ancien président brésilien Bolsonaro était invité, mais a été interdit de voyage par la Cour suprême.
  • Xi Jinping avait été invité, mais sera représenté par le vice-président chinois Han Zheng. Ce dernier a rencontré le futur vice-président J.D. Vance hier, dimanche 19, lors d’une entrevue au cours de laquelle les discussions ont abordé « une série de sujets, dont le fentanyl, l’équilibre des échanges commerciaux et la stabilité régionale ».

Le « sacre » de Trump sera également l’occasion pour les grands PDG — Musk, Bezos, Cook, Altman, Pichai… — de témoigner de leur soutien à l’agenda de Trump. Pour l’historien de Princeton David Bell : « Les oligarques veulent exercer une influence politique — et leur richesse le leur permet […] Aujourd’hui, la plupart des hommes politiques américains ne se donnent même plus la peine de prétendre, comme ils le faisaient autrefois, que leurs dons de campagne n’achètent rien d’autre qu’un “accès” politique. Il est désormais assumé et clair que les politiques votent selon les instructions des donateurs ».

  • Démontrant l’étendue de son influence, Trump a revendiqué hier pendant son meeting pré-investiture avoir sauvé TikTok de l’interdiction sur la base d’une promesse de suspendre l’application de la loi pour une durée de 90 jours. 
  • La seule déclaration a convaincu l’application chinoise de relancer ses services, malgré les risques de pénalités encourus, mais également l’entreprise Oracle, qui héberge une partie importante des données de l’application.
  • Sondé sur la question de la suspension d’une loi après sa date d’entrée en vigueur, le président de la commission spéciale du Sénat sur le renseignement, le républicain Tom Cotton, a déclaré « qu’il n’y a aucune base légale pour une quelconque ‘extension’ de sa date d’entrée en vigueur » 1.

En s’engageant à agir contre une loi passée par le Congrès et ratifiée par Joe Biden, Trump réaffirme son mépris du parlementarisme et de ses compromis.

  • Durant son premier mandat, il affirmait que l’Article II de la Constitution lui donnait le droit de « faire tout ce que je veux en tant que président » 2.
  • Trump prévoit d’utiliser plusieurs outils à sa disposition pour éviter autant que possible d’avoir à composer avec le Congrès, pourtant à majorité républicaine, notamment l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA) de 1977, qui pourrait lui permettre d’imposer des tarifs douaniers en déclarant un état d’urgence économique nationale. 
  • En 2019, Trump s’était servi du National Emergencies Act pour contourner l’opposition du Congrès à la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique 3. Une quinzaine d’États avait intenté des procès contre l’administration afin de contester la décision, arguant que celle-ci constituait un « mépris flagrant pour la séparation des pouvoirs » 4.

Dimanche, Donald Trump s’est engagé à promulguer « près de 100 » décrets dès le premier jour de son mandat, dont la plupart seront destinés à annuler les décrets mis en œuvre par l’administration Biden.