Face à Trump, le Groenland s’interroge sur son indépendance : l’appel de Múte Egede

Le prochain président des États-Unis a déclaré vouloir mener une politique d’expansion territoriale en annexant le Canada, le Groenland et Panama aux États-Unis.

Lors de son discours du Nouvel An, le premier ministre groenlandais Múte Egede a paru ouvrir la porte à un référendum d’indépendance et semble désormais poser les conditions d’un possible deal.

Nous le traduisons mot à mot.

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Le Grand Continent
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Lors de son discours du Nouvel An, le premier ministre Múte Egede a affirmé son désir de poursuivre l’indépendance du Groenland vis-à-vis du Danemark. Cette accélération dans son positionnement indépendantiste fait suite aux déclarations du président élu des États-Unis, Donald Trump.

Dans ses vœux publiés sur Truth Social le 25 décembre, Trump laissait entendre qu’il poursuivrait une politique d’expansion territoriale des États-Unis au Panama, au Groenland et au Canada — un tournant majeur dans l’histoire de la géopolitique américaine. Il écrivait notamment : « Joyeux Noël aux habitants du Groenland, qui est nécessaire aux États-Unis pour des raisons de sécurité nationale, et qui veulent que les États-Unis soient là — et nous y serons ! »

Le Groenland a été une colonie danoise jusqu’en 1953. En 2009, ce territoire autonome a obtenu le droit de revendiquer son indépendance par un vote. En 2023, le gouvernement groenlandais a présenté son premier projet de constitution, le premier ministre Múte Egede soulignant que l’indépendance du Groenland dépendrait de la décision de son peuple, sans préciser de date pour un éventuel vote. En 2021, le parti d’opposition (​​Inuit Ataqatigiit) mené par Egede l’avait emporté avec un programme écologiste opposé à l’extractivisme.

« L’histoire et les conditions actuelles ont montré que notre coopération avec le Royaume du Danemark n’a pas réussi à créer une égalité complète. Il est maintenant temps pour notre pays de franchir la prochaine étape. Comme d’autres pays dans le monde, nous devons travailler à lever les obstacles à la coopération — que nous pouvons qualifier de chaînes du colonialisme — et aller de l’avant ».

Bien que la majorité des 56  865 habitants du Groenland soutienne cette option, des divergences subsistent sur le moment opportun et les répercussions d’une sécession sur le niveau de vie. 

Dans le passé, le gouvernement groenlandais avait déjà rejeté à deux reprises les offres de Donald Trump pour acheter l’île

Dans son discours de Nouvel An, Múte Egede marque un infléchissement : « Notre pays suscite un grand intérêt de la part du reste du monde. Je tiens à souligner une nouvelle fois que le Groenland appartient au peuple groenlandais. Mais nous devons rester ouverts à la coopération et au commerce avec le monde extérieur — en particulier avec nos voisins. Le gouvernement du Groenland s’efforce constamment de faire en sorte que cela profite à la voie de l’indépendance et à notre pays. » 

Au seuil d’une année électorale, alors que des élections parlementaires auront lieu en avril prochain, ainsi que des municipales, il appelle plus explicitement encore à une mobilisation populaire pour faire sortir le Groenland hors du giron danois : « Il est temps que nous fassions un pas en avant et que nous déterminions notre avenir. […] notre coopération avec d’autres pays et nos relations commerciales ne peuvent pas continuer à se faire uniquement par l’intermédiaire du Danemark… » — concluant par ces mots : « Par notre vote, nous déterminons la direction du pays et qui en prendra la tête. »

Comme l’affirme un proche de Donald Trump : « Les États-Unis exercent un pouvoir sans limites sur l’Europe, ils peuvent espionner ses dirigeants, influencer sa société civile et dominer ses industries sans subir de répercussions notables. À Mar-a-Lago on s’est tout simplement posé la question : pourquoi ne pas aller jusqu’à revendiquer une partie de son territoire ? »

Chers compatriotes,

Une journée riche en événements s’est achevée et nous commençons une nouvelle année. Je vous souhaite à tous une bonne année. Tout d’abord, je voudrais remercier tous mes concitoyens du Groenland pour l’année écoulée et j’espère que vous êtes tous bien entrés dans la nouvelle année.

C’est avec enthousiasme et des projets renouvelés que nous entamons généralement une nouvelle année. Car celle-ci ouvre de nouvelles opportunités et de nouvelles perspectives.

Tout comme nous nous trouvons tous au seuil d’une nouvelle année, notre pays se trouve lui aussi au seuil d’une nouvelle époque — et de nouvelles opportunités.

Les nouvelles opportunités nous engagent à redoubler d’efforts pour améliorer et façonner notre avenir et notre pays.

Comme le reste du monde, en particulier nos voisins et amis, nous devons maintenant prendre des mesures pour développer une coopération plus forte. 

Le moment est venu de passer à l’étape suivante pour notre pays. Comme les autres pays du monde, nous devons nous efforcer de supprimer les obstacles à la coopération — ce que nous pourrions appeler les chaînes de l’ère coloniale — et d’aller de l’avant. 

L’histoire et la situation actuelle ont montré que notre coopération avec le Royaume du Danemark n’a pas réussi à créer une égalité totale. Si nous nous basons toujours sur la constitution danoise, il ne peut y avoir de coopération égale. 

Il est temps que nous fassions un pas en avant et que nous déterminions notre avenir, notamment en ce qui concerne nos partenaires commerciaux et les personnes avec lesquelles nous souhaitons travailler en étroite collaboration. Car notre coopération avec d’autres pays et nos relations commerciales ne peuvent pas continuer à se faire uniquement par l’intermédiaire du Danemark…

Ces dernières années, l’Inatsisartut et le Naalakkersuisut ont collaboré à la rédaction de notre constitution, qui constituerait la base de notre indépendance et de notre sécession d’avec le Danemark.

L’Inatsisartut est le parlement monocaméral du Groenland ; le Naalakkersuisut est le gouvernement exécutif du Groenland.

La possibilité d’indépendance du peuple groenlandais a été adoptée par le biais des dispositions de la loi sur l’autonomie, créant ainsi une base juridique pour la réalisation de cette indépendance. 

Le travail a déjà commencé pour créer le cadre permettant au Groenland de devenir un État indépendant grâce aux possibilités et aux dispositions de la loi sur l’autonomie.

Il est nécessaire de faire de grands pas, mais cela doit être fait sur une base raisonnable. En fin de compte, ce sont les autorités et les citoyens qui décident de la marche à suivre.

La législature qui vient doit créer ces nouvelles étapes avec les citoyens, sur la base des fondements existants.

Un nouveau développement pour le Groenland se profile à l’horizon. 

Avec l’ouverture du nouvel aéroport international de Nuuk, le Groenland s’est véritablement ouvert au monde. 

Cet été, il sera possible de nous rejoindre directement depuis d’autres pays — sans passer d’abord par le Danemark. Cela qui nous permettra de développer et de gouverner notre pays de manière plus indépendante.

L’aéroport de Nuuk est la première étape en matière de voyage et de transport. Les prochaines étapes seront les nouveaux aéroports d’Ilulissat et de Qaqortoq. 

Une infrastructure performante et adaptée sera la base de notre développement. 

Tout comme sont à la base de notre prospérité le développement de nouvelles opportunités commerciales, le tourisme et, surtout, l’échange et la communication entre les personnes. 

L’amélioration des infrastructures ne s’arrête pas là. La prochaine étape consistera également à moderniser les aéroports d’Ittoqqortoormiit et de Tasiilaq.

Nous avons déjà prévu des fonds pour des études de faisabilité et les travaux préparatoires ont déjà commencé. 

Lorsqu’ils seront prêts, les travaux commenceront pour établir des aéroports pour les aéronefs à voilure fixe dans les plus petites villes de l’ouest du Groenland. 

Les objectifs déjà atteints par le Naalakkersuisut sont en train de se concrétiser. Les aéroports ouvrent des opportunités et la réalisation de ces opportunités constituera la base du développement futur du pays.

Certains de ces objectifs consistent à attirer des visiteurs de l’extérieur. Nous devons veiller à ce que les touristes soient toujours attirés par notre pays immensément beau. C’est pourquoi le gouvernement du Groenland a rédigé une proposition de loi sur le tourisme, qui vient d’être adoptée par l’Inatsisartut. 

La loi prend en compte le cadre d’un développement qui ouvre la voie à la population du pays et en tient compte. La durabilité ne consiste pas seulement à prendre soin de l’environnement, mais aussi à faire en sorte que le peuple groenlandais soit maître de son propre avenir. 

L’élément central de la loi est la création et le développement d’un tourisme adapté et contrôlé par notre pays — à la fois en termes d’environnement, mais aussi en termes de population. 

Nous devons mieux vivre du tourisme et, surtout, avoir plus de possibilités d’y participer. La loi tient compte de la nécessité d’éviter un trafic illimité et non réglementé dans notre pays. En collaboration avec les municipalités, nous devons maintenant élaborer des réglementations sur la manière dont notre pays peut être utilisé et sur les personnes qui peuvent le faire, afin de protéger notre mode de vie et, en même temps, de montrer notre magnifique environnement aux touristes d’une manière appropriée, mais d’une manière qui soit contrôlée par la population du pays. 

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La nouvelle structure de transport tient compte des industries existantes et nouvelles et prépare le terrain pour de nouvelles initiatives. 

Les industries les plus importantes du pays ont maintenant de nouvelles opportunités. Les clients pourront recevoir les produits de la pêche en mer quelques jours ou quelques heures après qu’ils ont été pêchés, contrairement à ce qui se passait auparavant, où il fallait parfois plusieurs mois pour transporter nos produits de la pêche jusqu’aux clients. Nous devons apprendre à faire bon usage de ces nouvelles possibilités et à acquérir de nouvelles expériences. Je ne doute pas que nos produits de la pêche, provenant de nos eaux propres, seront une bonne marchandise qui nous profitera en fin de compte.

Les richesses de la mer nous appartiennent à tous. Le gouvernement du Groenland considère qu’il est essentiel pour l’avenir que nos richesses profitent à la société. C’est pourquoi nous avons finalisé le travail sur la loi sur la pêche, qui a fait l’objet d’un débat pendant de nombreuses années, et qui a maintenant été adoptée par la majorité des parlementaires.

Le point clef de la loi sur la pêche est l’établissement de la propriété de nos ressources — c’est-à-dire du peuple groenlandais. Ce n’est pas seulement la propriété de nos ressources qui a été garantie. Elle a également mis l’accent sur la création d’un cadre permettant de déterminer qui peut utiliser nos ressources, et des règles claires ont également été créées pour déterminer qui peut utiliser nos ressources et en assurer la gestion conjointe. 

Elle a également permis d’élargir les possibilités d’utilisation des ressources marines, de faciliter l’accès à la profession de pêcheur et, surtout, d’assouplir les conditions de l’ensemble du secteur de la pêche. Ainsi, les ressources marines détenues par le peuple groenlandais seront économiquement bénéfiques à ce dernier et contrôlées par lui.

Il est ainsi possible d’apporter des changements, de réglementer et de développer la pêche dans l’intérêt des générations futures.

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Prendre des mesures, des flux de travail et des cadres pour acquis peut risquer de devenir un obstacle au développement. 

Au cours des dernières années, nous avons remis en question cet état d’esprit et nous avons toujours appelé à la coopération avec les membres de l’Inatsisartut pour contrer cette tendance.

Les négociations politiques ont donné de bons résultats et nous disposons d’une large base pour créer des changements dans la société.

Nous avons également créé une large base pour la gestion des institutions publiques et, afin de garantir de meilleures conditions pour le système de santé et d’améliorer le service à la société, nous avons conclu un accord sur les soins de santé. Entre autres choses, nous avons procédé à une réforme fiscale, nous avons également aboli l’obligation de dépendance mutuelle pour les retraités et les titulaires de pensions d’invalidité et nous avons finalisé les travaux relatifs à la réforme du logement.

Des accords politiques ont été conclus au fil des périodes électorales et nous les réalisons successivement par le biais de la législation.

Tout au long de ce travail politique, nous devons respecter les différentes opinions et les différents points de vue, et nous devons souligner notre volonté et notre capacité à faire des compromis. Nous devons faire de notre diversité une force, car nous ne pourrons pas progresser dans notre pays si nous nous concentrons uniquement sur ce qui nous divise. Lorsque nous montrons notre capacité à travailler ensemble, nous réalisons des progrès qui profitent à tous.

Notre pays suscite un grand intérêt de la part du reste du monde. 

Mais nous devons rester ouverts à la coopération et au commerce avec le monde extérieur — en particulier avec nos pays voisins. Le gouvernement du Groenland s’efforce constamment de faire en sorte que cela profite à la voie de l’indépendance et à notre pays.

Ce qui se passe dans le monde ces jours-ci est inquiétant. La lutte pour le pouvoir entre les pays est une réalité qui crée de l’insécurité. Nos semblables dans le monde sont affectés par la guerre entre les pays. Nous avons tous besoin de vivre dans un monde sûr. Les dirigeants mondiaux doivent intensifier leur dialogue pour créer un monde plus sûr. C’est un souhait que nous partageons également ici au Groenland, car nous voulons vivre dans un monde plus pacifique. La coopération avec notre pays doit être bénéfique non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nos partenaires, mais notre coopération doit être fondée sur nos valeurs.

La sécurité est un facteur extrêmement important pour nous tous. En tant que société, en tant que famille et en tant qu’individus. Nos conditions de vie quotidiennes créent la sécurité, par le biais de notre travail, de nos relations sociales, en offrant de bonnes opportunités à nos enfants et surtout en disposant d’un bon logement.

Le logement fait l’objet de discussions depuis plusieurs années. C’est un domaine dans lequel nous sommes à la traîne et, par conséquent, les logements sont devenus encore plus vétustes. Des études menées pour le compte du gouvernement du Groenland ont montré que si les gens veulent vivre dans ce pays, ils veulent de meilleurs logements, de meilleurs soins de santé et des services de santé de meilleure qualité et plus sûrs. C’est pourquoi le gouvernement du Groenland a présenté un nouveau plan dans ce domaine et a conclu un accord politiquement tourné vers l’avenir. Cet accord comporte plusieurs points importants. L’accord vise à commencer à rénover les logements qui en ont besoin, mais la réforme donnera également aux gens la possibilité d’accéder à la propriété. Du côté du Naalakkersuisut, nous savons que ce travail ne sera pas toujours populaire, mais nous devons faire un effort pour ne pas accabler nos descendants. 

En ce qui concerne les logements locatifs, le loyer doit être adapté aux conditions réelles afin que les coûts réels soient couverts et que des fonds soient mis de côté pour couvrir les besoins en matière d’entretien et de rénovation. Le gouvernement du Groenland est conscient que cela peut avoir des conséquences financières si rien n’est fait. Il est important pour le Naalakkersuisut d’insister sur le fait que les augmentations de loyer ne doivent pas affecter les personnes à faibles revenus et nous travaillerons donc également à l’obtention de subventions pour ce groupe. Cela doit se faire en changeant la loi avant qu’il n’y ait un changement dans la zone de subvention.

Même si les différentes adaptations des loyers et des tarifs ne seront pas très populaires, il est nécessaire qu’en tant qu’hommes politiques, nous prenions des décisions importantes sur ces questions. Si nous devons administrer pour gagner des faveurs et agir en fonction de ce que les gens veulent entendre, quand deviendrons-nous un État et quand nous tiendrons-nous debout ? 

C’est en prenant ses responsabilités et en identifiant les meilleures solutions que le Naalakkersuisut a fait son travail au cours de cette période électorale. 

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Dans mon discours du Nouvel An l’année dernière, j’avais mentionné que l’objectif du Naalakkersuisut était de réduire le taux d’imposition dans tout le pays. Des études approfondies ont montré que ce sont surtout les personnes à hauts revenus qui en profiteront le plus, alors que la réduction du taux d’imposition et l’augmentation de l’allocation personnelle ne profiteront pas de manière significative aux travailleurs groenlandais qui, pendant de nombreuses années, ont été les personnes à faibles et moyens revenus. 

C’est pourquoi le gouvernement du Groenland a préféré permettre aux 24 000 travailleurs, familles avec enfants, enseignants, ouvriers d’usine et employés de magasin du pays d’améliorer leurs conditions grâce à la réforme fiscale par le biais de la déduction pour l’emploi.

Au cours de la nouvelle année, les premières étapes de la réforme fiscale se feront sentir et la base pour rendre le travail payant recevra également un nouvel élan. 

La prochaine étape consistera à rendre le domaine fiscal plus favorable pour les affaires, en partie pour créer une base permettant d’améliorer les opportunités pour les entrepreneurs dans ce pays, et en partie pour rendre la réforme fiscale plus compréhensible pour tous.

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Il y a environ sept ans, tous les partis de l’Inatsisartut ont décidé d’introduire l’épargne retraite obligatoire. En effet, si l’État doit tout payer, l’économie de notre pays risque d’être déséquilibrée. L’objectif de la décision de l’Inatsisartut était que nous mettions nous-mêmes des fonds de côté et que nous épargnions pour nos vieux jours.

Bien que cet objectif présente en soi certains avantages, le Naalakkersuisut est d’avis qu’il est nécessaire de procéder à d’autres ajustements dans ce domaine. Cette décision a été prise dans le cadre de l’adoption de la loi de finances pour 2025. Le taux d’imposition et l’épargne retraite obligatoire pour les jeunes et les personnes âgées doivent être examinés, de même que la double imposition. 

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Pour renforcer les efforts de lutte contre la consommation croissante d’alcools et de drogues dures au Groenland, la coalition du Naalakkersuisut a lancé plusieurs initiatives. Davantage de douaniers seront embauchés, et davantage d’aides techniques et de formations à leur utilisation seront mises en place. Nous devons tous participer à la lutte contre la drogue, qui devient de plus en plus un fardeau pour la société. 

Il est impératif de développer davantage les possibilités offertes par les écoles primaires et secondaires de premier cycle. L’enseignement primaire et secondaire est la base la plus importante pour la poursuite des études et pour la vie en général. À l’heure actuelle, les conditions dans les écoles primaires et secondaires sont trop hétérogènes et Naalakkersuisut considère qu’il est extrêmement important de faire quelque chose à ce sujet. Le gouvernement du Groenland s’est efforcé d’améliorer les possibilités et l’accès à l’enseignement supérieur. Des écoles de production Pilersitsivik ont été créées dans plusieurs villes, en étroite collaboration avec les municipalités, et il est désormais possible pour les jeunes d’obtenir non seulement une formation académique, mais aussi une formation professionnelle. 

L’éducation et l’obtention d’un diplôme d’études générales permettent de partir de la capacité de l’individu à subvenir à ses besoins, ce qui conduit également à un meilleur bien-être dans la société. C’est pourquoi, ces dernières années, le gouvernement du Groenland s’est efforcé de développer un éventail plus large de formes d’éducation et, en collaboration avec l’Inatsisartut, a préparé le cadre nécessaire à leur mise en œuvre. La nouvelle loi sur la pêche, la loi sur les ressources minérales et, surtout, la nouvelle loi sur le tourisme fourniront le cadre nécessaire pour permettre à la population d’exploiter les possibilités qui s’offrent à elle en plaçant ses intérêts au premier plan, établissant ainsi que le développement et le droit de propriété appartiennent au peuple groenlandais.

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Notre pays progresse, nous faisons du bon travail — mais il y a aussi des domaines où nous pouvons nous améliorer.

Grâce au portail Nakuusa sur la Convention relative aux droits de l’enfant, nous avons attiré l’attention sur la facilité avec laquelle il est possible, hélas, de harceler sur les réseaux sociaux. Les enfants se reflètent sur nous, les adultes, et nous devons examiner notre comportement, notre façon de débattre et de gérer les conflits. Nous devons fixer des limites, faute de quoi le harcèlement et l’intimidation se poursuivront. Nous devons améliorer notre capacité d’empathie plutôt que de nous attarder sur les conflits. 

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Dans notre petite communauté, il y a souvent des incidents tragiques liés à la consommation d’alcool, de nombreuses familles vivent avec une dépendance aux drogues et à l’alcool. Il est souvent difficile d’aller de l’avant en tant que personne, même si l’on a mis des mots sur les difficultés que l’on a traversées. 

Il est de notre devoir de continuer à aider ces familles qui veulent aller de l’avant en utilisant la cohésion que possède notre société. Nous ne pouvons accepter que trop d’enfants grandissent en dehors de la famille et nous devons redoubler d’efforts pour les aider. Si nous voulons réduire les abus qui se transmettent de génération en génération, nous devons, en tant qu’individus et en tant que société, nous soutenir les uns les autres. Nous devons également travailler ensemble pour trouver la cause et la racine de la souffrance et trouver une solution ensemble. Nous avons grand besoin de nous serrer les coudes et de nous soutenir mutuellement.

Ce besoin de bras tendus ne diminuera pas dans les années à venir. Ces dernières années, nous avons connu un bon développement technologique, mais si nous voulons que nos progrès répondent à nos besoins, nous devons réformer le secteur social. Le secteur social et les personnes qui y travaillent sont sous pression, et nous devons consacrer davantage d’efforts politiques à la restructuration du secteur social, qui est un travail important et nécessaire.

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Cette année, nous organiserons des élections pour les municipalités et l’Inatsisartut. Une élection est une célébration de la démocratie. Par notre vote, nous déterminons la direction du pays et qui en prendra la tête. 

Les élections générales au Groenland auront lieu le 6 avril 2025.

Les élections sont le fondement le plus important de notre développement. 

Malheureusement, les dernières élections ont montré une baisse de la participation électorale. La société a besoin de coresponsabilité et de participation aux élections, et je vous encourage donc tous à participer aux prochaines élections, car tous ceux qui se présentent et notre pays ont besoin de votre vote.

J’espère que la nouvelle année sera caractérisée par la détermination et l’optimisme, car au Groenland, nous savons nous unir pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, et nous voyons souvent la grande force que cela représente, une fois que nous nous serrons les coudes pour atteindre nos objectifs. Faisons-en bon usage en cette nouvelle année.

Des étapes très importantes nous attendent.

Au lieu de nous laisser décourager par l’avenir, profitons des opportunités qu’il nous offre.

Nos ancêtres ont vécu dans un pays magnifique mais souvent rude — ils nous l’ont transmis avec un espoir optimiste pour l’avenir.

Il est de notre devoir d’être aussi optimistes pour l’avenir et de le transmettre à nos voisins.

Car notre pays sera toujours le nôtre, et il est l’avenir de nos descendants. Que 2025 soit l’année où, en tant que pays, société et individus, nous franchirons ensemble le pas qui nous permettra de dépasser ce qui freine notre croissance.

Je souhaite à tous mes concitoyens et aux citoyens du monde entier une bonne année.

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