Face à la campagne efficace menée par Kamala Harris et le camp démocrate visant à dénoncer l’agenda porté par la Heritage Foundation via son Projet 2025, Trump a nié à plusieurs reprises avoir quoi que ce soit à voir avec les personnes ayant contribué à l’élaboration du document. Le candidat républicain craignait alors d’être perçu par de nombreux électeurs modérés et indécis comme étant trop radical, notamment en matière d’avortement ou de contraception.

  • La campagne de communication démocrate s’était soldée fin juillet par la démission du directeur du programme de la Heritage, Paul Dans, ainsi que par la fin de ses « activités politiques ».
  • Le jour de la démission de Dans, l’équipe de Trump publiait un communiqué lisant : « des articles sur la disparition du Projet 2025 seraient particulièrement bienvenus et devraient servir d’avertissement à toute personne ou tout groupe essayant de déformer leur influence sur le Président Trump et sa campagne — cela ne se terminera pas bien pour vous ».
  • Afin de limiter tout risque que le Projet 2025 soit lié à la campagne de Trump dans les médias, la sortie du dernier livre du président de la Heritage Foundation, Kevin D. Roberts, Dawn’s Early Light : Burning Down Washington to Save America, dont la préface est signée par le vice-président élu J.D. Vance, a été reportée après l’élection.

En réalité, Trump avait fait relativement peu d’efforts pour cacher sa proximité avec le Projet 2025 et n’avait eu cesse d’essaimer des signaux suggérant qu’il avait conservé des liens avec la Heritage Foundation — notamment en invitant durant sa campagne des contributeurs ayant pris part au projet ou bien en nommant J.D. Vance colistier. Maintenant qu’il est élu, Trump constitue sa prochaine administration en s’appuyant en partie sur des personnes ayant contribué à l’élaboration du document.

  • Au 26 novembre, le président-élu a annoncé qu’il nommerait au moins 5 contributeurs au Projet 2025 dans son administration une fois investi le 20 janvier : Pete Hoekstra, John Ratcliffe, Tom Homan, Brendan Carr et Russell Vought.
  • Vought est probablement le nominé qui serait le mieux placé dans l’administration pour prendre part à la mise en œuvre de l’agenda du Projet 2025. À la tête de l’Office of Management and Budget (OMB) — qu’il avait déjà dirigé durant l’administration Trump 1.0 —, Vought jouera un rôle important dans la gestion par la Maison-Blanche des ressources fédérales, et notamment la dépense des fonds octroyés par le Congrès.
  • Selon CNN, au moins 140 personnes ayant travaillé dans la première administration Trump ont par la suite pris part à l’élaboration du Projet 2025 1.

Comme Ramaswamy, qui co-dirigera avec Elon Musk le département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE), Vought considère que l’exécutif devrait être renforcé par rapport au Congrès et devrait notamment disposer d’une plus grande liberté de manœuvre en supprimant certaines dispositions prévues par le Congressional Budget and Impoundment Control Act de 1974. Cette loi fédérale renforce le rôle du Congrès dans le processus visant à dépenser les crédits alloués dans le cadre de législations et établit des procédures destinées à empêcher le président de bloquer ou de retarder l’allocation de financements.