Selon l’Élysée, la visite d’Emmanuel Macron en Serbie vise à « réaffirmer le soutien de la France à l’ancrage européen » de Belgrade1. Le président français avait déjà accueilli son homologue serbe Aleksandar Vučić en avril dernier. Olaf Scholz, accompagné du vice-président de la Commission pour le Pacte vert, Maroš Šefčovič, s’était quant à lui rendu en Serbie pour participer au sommet sur les matières critiques le 19 juillet.

  • Un accord de coopération Union-Serbie sur l’importation de minéraux critiques, dont le lithium, avait été signé à cette occasion.
  • Au début de l’été, Belgrade avait en effet annoncé la relance d’un projet controversé de construction d’une mine de lithium dans l’ouest du pays.
  • Exploitée par Rio Tinto, cette mine serait la plus grande d’Europe et produirait 58 000 tonnes de lithium par an, soit « suffisamment pour 17 % de la production de véhicules électriques en Europe » selon Vučić2. Le projet fait depuis l’objet de vastes manifestations.

Vučić est l’un des dirigeants dont les positions sont parmi les plus pro-russes en Europe, malgré une révélation qui a mis en lumière ce printemps le fait que, depuis février 2022, Belgrade aurait fourni l’équivalent de 800 millions de dollars de munitions à l’armée ukrainienne via des pays tiers ayant des contrats avec l’industrie serbe3.

  • Si l’adhésion à l’Union européenne reste le principal objectif stratégique du pays, la Serbie a, le 1er juillet, acté la mise en place d’un accord de libre-échange avec la Chine.
  • La Serbie est le seul pays candidat ayant refusé de mettre en place des sanctions contre la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022 (aux côtés de la Turquie, dont la candidature est néanmoins largement abandonnée).
  • La population serbe est, parmi les pays candidats à l’accession, l’une des moins favorables à l’adhésion (34 %) juste après la Suisse (14 %). Dans une tribune publiée dans un journal serbe en amont de sa visite, Emmanuel Macron a mis en avant le fait que l’Union et ses pays membres ont besoin d’une Serbie forte et démocratique, et que la Serbie a besoin d’une Union européenne forte et souveraine pour défendre et promouvoir ses intérêts tout en respectant son identité ».
  • Il ajoute toutefois que, « malgré une proximité déjà forte, la perspective d’adhésion à l’Union n’attire pas autant qu’elle le devrait, alors qu’en toile de fond subsistent des inquiétudes et une lassitude, notamment quant au rythme des négociations d’adhésion, mais parfois aussi une sorte de ressentiment, voire de méfiance à l’égard de l’Union, qui trouvent leur source dans l’histoire récente et dans des mémoires contradictoires ou conflictuelles ».
  • Sur la question de la population serbe vivant au Kosovo et les tensions récurrentes qui menacent la stabilité de la région, pour le président français, « la voie de la normalisation préserve l’essentiel : la possibilité pour les Serbes de vivre au Kosovo dans le respect de la loi, mais sans renoncer à leur identité »4.

Lors de la visite, Emmanuel Macron pourrait finaliser un contrat de vente de 12 avions de chasse Rafale à Belgrade. Le manufacturier français Dassault peine à concurrencer l’américain Lockheed Martin et son F-35, qui est désormais opéré par 12 armées européennes. En s’engageant à payer autour de 3 milliards d’euros pour l’achat d’avions français Rafale, la Serbie deviendrait le quatrième utilisateur européen du chasseur français (en comptant la France)5.