Depuis la frappe du 1er avril contre le complexe de l’ambassade iranienne à Damas qui avait provoqué la mort de l’un des principaux commandants de la Force Al-Qods, l’Iran avait annoncé vouloir riposter. 

Plusieurs actions sont actuellement menées par le régime de Téhéran :

  • Depuis environ 18h (Paris), un porte-conteneurs géré par une société liée à un homme d’affaires israélien a été saisi près du détroit d’Ormuz. Il transportait au moins 25 membres d’équipage.
  • La télévision d’État iranienne a confirmé samedi soir, 13 avril, que le Corps des gardiens de la révolution islamique avait lancé « une vaste attaque de drones contre Israël ». Tel-Aviv estime à plus de 100 le nombre de drones lancés. En annonçant l’attaque, le porte-parole des forces de défense israéliennes Daniel Hagari a également ajouté : « Nous suivons la menace dans l’espace aérien. C’est une menace qui mettra plusieurs heures à arriver en Israël ».
  • Selon des médias israéliens, des missiles à longue portée font également partie de l’attaque. Adrienne Watson, porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis a déclaré que « l’attaque devrait se dérouler sur plusieurs heures ». En effet, les drones beaucoup plus lents qu’un missile, pourraient être utilisés pour distraire la défense israélienne. 
  • La télévision du régime iranien a transmis ce message : « en réponse au crime du régime sioniste qui a attaqué la section consulaire de l’ambassade iranienne à Damas, l’armée de l’air a frappé certaines cibles dans les territoires du régime sioniste avec des dizaines de drones et de missiles ». 

Le risque d’escalade est-il réel ?  

  • Les autorités américaines craignent qu’une riposte israélienne contre l’Iran n’entraîne une nouvelle escalade régionale.
  • C’est la première fois dans l’histoire de la République islamique que l’Iran lance une attaque contre Israël à partir de son propre territoire. 
  • Comme l’explique Olivier Schmitt dans nos pages : « On distingue généralement entre escalade verticale et escalade horizontale. L’escalade verticale renvoie à l’augmentation de l’intensité des hostilités dans le cadre d’un conflit dont le périmètre reste identique. L’escalade horizontale élargit le périmètre du conflit, soit par l’ouverture de nouveaux théâtres, soit par l’inclusion de nouveaux domaines. ». 
  • Plusieurs pays de la région ont fermé leur espace aérien, dont la Jordanie, la Libye, Israël et l’Irak. Selon Reuters, la défense aérienne jordanienne a affirmé être prête à abattre tout appareil iranien qui violerait son espace aérien. 
  • Le Hezbollah a annoncé avoir tiré des dizaines de missiles sur une base israélienne dans le Plateau du Golan. Les Houthis revendiquent également l’envoi de plusieurs drones contre Israël.

Toutefois l’attaque est loin d’être une surprise.

  • En analysant les différents scénarios, il y a dix jours nous écrivions dans nos pages : « Dans le cas où l’Iran interprète l’action d’Israël comme une escalade, Téhéran pourrait privilégier une frappe de drones ou de missiles sur Eilat ou sur un consulat dans un pays de la région ». Les cibles de l’attaque restent pour le moment inconnues. 
  • Washington avait déclaré plus tôt dans la journée de samedi que les États-Unis « tenteront d’intercepter toute attaque lancée contre Israël si cela est possible ». Actuellement, le pays dispose dans la région d’un porte-avions – Dwight D. Eisenhower – qui dispose à son tour du croiseur de missiles guidé USS Philippine Sea et des destroyers de la classe Arleigh Burke, en mesure d’intercepter des missiles. Des systèmes de défense aérienne sont également présents en Irak, en Syrie et en Jordanie.
  • Comme le remarque l’ancien ambassadeur français en Israël : « Si l’attaque iranienne se limite à des drones, ils seront interceptés et les Américains pourraient éviter ou au moins encadrer une riposte des Israéliens sur le territoire iranien. Si des missiles suivent les drones, l’embrasement est quasi inévitable ». 
  • Selon l’agence de presse Mehr, l’Iran a déclaré qu’il ciblera tout pays qui ouvrira son espace aérien en vue d’une riposte israélienne.
  • La mission permanente de l’Iran aux Nations unies vient de déclarer à minuit (heure de Paris) : « Menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations Unies relatif à la légitime défense, l’action militaire de l’Iran était une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas. L’affaire peut être considérée comme close. Cependant, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère. Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime voyou israélien, dont les États-Unis DOIVENT RESTER À L’ÉCART ! »

Cette attaque doit être comprise dans un contexte d’intensification de la confrontation.

  • Selon les données du Washington Institute for Near East policy, l’évolution mensuelle du nombre d’attaques réussies par l’un des proxys du régime iranien (la Résistance islamique en Irak) contre des cibles israéliennes a significativement augmenté depuis le 7 octobre : 0 en octobre, 3 en novembre, 4 en décembre, 11 en janvier, 4 en février et 16 en mars.
  • Si chacune de ces frappes diffèrent par sa portée et son impact, leur multiplication aurait pu conduire Israël à la frappe du lundi 1er avril.

Entretemps en Cisjordanie la guerre s’étend. Plusieurs centaines de colons israéliens ont recours à la violence collective dans plusieurs villages palestinien, après qu’un Israélien de 14 ans a été retrouvé mort le 12 avril. 

  • Au moins un Palestinien a été tué par des tirs de colons israéliens dans le village d’Al-Mughayyir, à l’est de Ramallah. Il y aurait plusieurs dizaines de blessés, des villages et plusieurs maisons en feu.
  • Le Haut-Représentant Borrell a condamné fermement le meurtre en évoquant explicitement une « escalade de la violence en cours ».
  • Selon plusieurs sources : « Nous sommes à la limite de l’ébullition ».