Aujourd’hui, lundi 8 avril, les habitants de l’Amérique du Nord (Canada, États-Unis, Mexique) pourront observer la première éclipse solaire totale visible depuis 2017 grâce à un ciel dégagé. Au centre de sa trajectoire d’obscurité, l’éclipse sera visible pour une durée maximale de 4 minutes et 28 secondes.

22 éclipses totales auront lieu cette décennie.

  • La prochaine éclipse totale visible depuis l’Europe aura lieu le 12 août 2026.
  • Si l’éclipse du 8 avril sera visible sur une grande partie du continent nord-américain, la zone dans laquelle le soleil sera entièrement bloqué par la Lune est large de seulement 190 kilomètres.
  • Au-delà de cette bande d’ombre, seulement une fraction du soleil sera occultée par la Lune — comme le montre la carte ci-dessous.

Une éclipse solaire est un phénomène rare, d’une courte durée et relativement localisé. Pourtant, une étude publiée le 6 avril par le politologue japonais Kyosuke Kikuta suggère que ce phénomène peut conduire à des « pics » de violence en créant des « opportunités tactiques pour des groupes d’insurgés », comme le suggère la mise en corrélation des épisodes de violence compilés par l’Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED) avec le passage d’éclipses au-dessus du continent africain entre 1997 et 20221.

  • Il n’existe pas d’étude globale démontrant que l’obscurité — de la nuit ou provoquée par une éclipse — incite ou encourage la violence.
  • Plusieurs recherches localisées suggèrent néanmoins que le passage du jour à la nuit peut contribuer à une augmentation du nombre de crimes et délits.
  • Une étude de 2012 publiée par deux universitaires du University College London a conclu que « le passage de la pleine lumière du jour à la pleine obscurité a augmenté le volume prédit de vols par un multiple de 2,6 à Londres et de 1,2 à Glasgow »2.

L’étude de Kikuta comporte un certain nombre de limites notamment liées aux données mobilisées pour quantifier et caractériser les épisodes de violence (parfois lacunaires ou manquant de précisions) ainsi qu’au nombre relativement faible d’éclipses ayant eu lieu au cours de la période (26). L’auteur observe néanmoins que, sur la période étudiée, « les éclipses augmentent la probabilité de violence de plus de 36 % ».

Au-delà de la violence, d’autres études suggèrent que les phénomènes rares (tremblements de terre, éruptions volcaniques…) dont les éclipses solaires totales auraient contribué à forger des sociétés pré-modernes plus complexes en termes d’organisation et de pensée en ce qu’elles « encourageaient la tentative de compréhension et finalement de contrôle de l’environnement naturel »3. Encore aujourd’hui, les éclipses influencent notre comportement en nous poussant simplement, entre autres, à se déplacer pour les observer, comme le montre l’augmentation de 92 % des réservations de logement situés dans la bande d’ombre de l’éclipse qui traverse aujourd’hui l’Amérique du Nord4.

Sources
  1. Kyosuke Kikuta, « Eclipse : How Darkness Shapes Violence in Africa », Social Science Research Network, 6 avril 2024.
  2. Lisa Tompson et Kate Bowers, « A stab in the dark ? A research note on temporal patterns of street robbery », Journal of Research in Crime and Delinquency, vol. 50, n°4, 2013, pp.616-631.
  3. Eric Roca Fernandez et Anastasia Litina, « The Terror of History : Solar Eclipses and the Origins of Social Complexity and Complex Thinking », Beiträge zur Jahrestagung des Vereins für Socialpolitik, 2020.
  4. « Airbnb bookings for the solar eclipse reach astronomical levels », The Economist, 6 avril 2024.