Ouvrages généraux et synthèses 

Florent Piton, Le génocide des Tutsi du Rwanda, La Découverte, 2018

Florent Piton, Le génocide des Tutsi du Rwanda, La Découverte, « Grands Repères Manuels », août 2018

« D’avril à juillet 1994, entre 800 000 et 1 million de Tutsi sont exterminés au Rwanda. Le dernier génocide du XXe siècle ne s’inscrit pourtant pas dans une histoire séculaire d’antagonisme ethnique. Il est le produit d’un racisme importé des sciences coloniales et réapproprié par une partie des acteurs politiques rwandais et de la population. Cet ouvrage analyse l’émergence et les évolutions de ce racisme, et la manière dont il conduisit au génocide et fut mis en actes par les pratiques de violence.

Il montre ainsi que l’extermination des Tutsi, quoique n’étant pas inéluctable, ne fut ni un accident ni une réaction spontanée. En évoquant aussi bien les tueries au plus près de leurs conditions d’exécution que le rôle des acteurs de l’État et de la communauté internationale, tout particulièrement l’ONU et la France, l’auteur inscrit cet événement au cœur de notre XXe siècle et des enjeux contemporains. L’analyse des questions mémorielles et judiciaires, et de la sortie du génocide, permet enfin de comprendre que ses conséquences se font ressentir aujourd’hui encore dans tous les aspects de la vie sociale. »

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Vincent Duclert (dir.), Le Genre humain, n° 62. Le Génocide des Tutsi au Rwanda (1959-2023). Devoir de recherche et droit à la vérité, Seuil, 2023

« Les responsabilités internationales, et françaises tout particulièrement, qui ont rendu possible ce génocide « prévisible », selon les mots du rapport Muse de 2021, ont été objectivées. Les recherches récentes montrent que l’entreprise criminelle aurait pu être stoppée, même au début de la phase paroxystique engagée quelques heures après l’attentat contre l’avion présidentiel le 6 avril 1994. Cet engrenage vers l’extermination planifiée des Tutsi a été dans le même temps – on le sait avec le rapport Duclert –, combattu par des agents de l’État de la République française, par des chercheurs, journalistes, citoyens. Leurs engagements sont ici appréhendés à travers des portraits, des analyses en profondeur et des documents d’époque.

Il importe de réfléchir au sens de l’événement incommensurable qu’est le génocide des Tutsi, de rechercher les traces insondables qu’il dépose dans les sociétés, de penser l’impératif de prévention pour éviter la répétition de l’histoire tragique, de s’interroger enfin sur les raisons de la faillite collective de n’avoir pu empêcher la catastrophe. Malgré les connaissances acquises sur le génocide des Arméniens et sur la Shoah, malgré les alertes nombreuses, la France et la communauté internationale ont laissé le processus génocidaire aller jusqu’à son terme au Rwanda.

Des chercheurs français, rwandais, d’Europe et d’Afrique, se sont réunis pour composer ce volume du Genre humain. Ils se reconnaissent dans le devoir de recherche exigeant une quête déterminée, implacable, de la vérité historique. Des sources nouvelles, des sujets renouvelés, des faits démontrés livrent un important savoir, qui paraît un an avant la trentième commémoration du génocide, fragment d’une histoire commune désormais possible. »

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Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, Samuel Kuhn et Jean-Philippe Schreiber (dir.),  Le choc. Rwanda 1994 : le génocide des Tutsi, Gallimard, 2024

« Le Rwanda a sombré au printemps 1994 dans un drame historique majeur : un génocide décimant la plus grande partie de la population tutsi et dévastant le pays. C’est le choc qu’a provoqué cet événement que les auteurs et autrices du présent ouvrage, originaires du Rwanda, de Belgique, de France, entendent explorer : leur propre saisissement d’abord et la manière dont il a pu orienter leur travail d’investigation, d’écriture ou de création. Puis les racines culturelles, idéologiques, sociales et politiques de l’accomplissement du génocide.

Car ce crime de masse systématique, prémédité et planifié, est toujours le fruit d’un enchaînement complexe de causalités. Interroger le génocide des Tutsi, c’est tenter de comprendre les ressorts de notre regard sur les violences extrêmes, de notre morale, de nos lâchetés, de nos collusions. De comprendre aussi les contours de notre commune humanité. »

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Récits, témoignages, romans

Charles Habonimana, Moi, le dernier Tutsi, Plon, 2019

« Il a vu ce que des yeux ne devraient jamais voir. L’extermination des siens.

Son père et son oncle, assassinés devant lui. Sa mère, ses frères, ses sœurs, jetés vivants dans des fosses pleines d’excréments pour y mourir comme des bêtes. Ses grands-mères, ses tantes, abandonnées sans vie au hasard des fossés.

Il n’a que douze ans, mais il a vu ce que des yeux ne devraient jamais voir.

Charles Habonimana est un survivant.  En avril 1994, lorsque son pays, le Rwanda, bascule dans l’horreur et la folie criminelle, il est condamné. Comme tous les autres Tutsi de Mayunzwe, son village. Comme tous les autres Tutsi du pays.

Ses bourreaux vont en décider autrement et faire de lui le symbole du génocide en marche. Il sera « le dernier Tutsi », celui que l’on tuera lorsque tous les autres, ceux du village, auront été éliminés. Placé sous ce terrible statut de mort en sursis, il voit tomber les siens, les uns après les autres. Hommes, femmes, enfants, vieillards. Peu importe.

Son témoignage revient sur ce qui fut l’une des plus terribles tragédies du siècle passé, en l’inscrivant dans l’Histoire des génocides du XXème siècle. Il se veut aussi un chant d’espérance pour l’avenir de son pays. »

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Jean Hatzfeld, Récits des marais rwandais, Seuil, 2014

« En trois livres, Jean Hatzfeld a écrit un triptyque du génocide tutsi perpétré au Rwanda en 1994, et cet ensemble est proposé ici en un seul volume, afin de faire apparaître l’ampleur et l’articulation de cette œuvre d’écoute et d’interrogation.

Le premier tome (Dans le nu de la vie), paru en 2000, s’intéresse aux rescapés tutsis, le deuxième (Une saison de machettes, 2003) aux tueurs hutus, et le troisième (La stratégie des antilopes, 2007) raconte le vertigineux voisinage, aujourd’hui, des uns et des autres revenus sur leurs collines.

Récits des marais rwandais est issu de nombreux séjours, effectués au cours d’une dizaine d’années, dans une seule et même bourgade, Nyamata, et ses hameaux bordés de marais et de forêts, lieux des massacres. En tissant au fil des ans un lien patient, jamais rompu, avec vingt-six interlocutrices et interlocuteurs appartenant aux deux communautés, en multipliant non sans obstination ses interrogations avec eux, et en réalisant un travail d’écriture sur la langue et le souvenir à partir de ces récits, Jean Hatzfeld a constitué un univers génocidaire d’une dimension exceptionnelle, dont l’écho nous habite durablement. »

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Stéphane Audoin-Rouzeau, Une initiation. Rwanda (1994-2016), Seuil, 2017

« Après trois décennies d’un parcours de recherche entièrement consacré, dès l’origine, à la violence de guerre, un « objet » imprévu a coupé ma route. On aura compris qu’il s’agit du génocide perpétré contre les Tutsi rwandais entre avril et juillet 1994, au cours duquel huit cent mille victimes au moins ont été tuées, en trois mois.

Ce qui se joue ou peut se jouer chez un chercheur, dans l’instant tout d’abord, dans l’après-coup ensuite, constitue l’axe du livre qui va suivre. Car l’objet qui a croisé ma route ne s’est pas contenté de m’arrêter pour un moment : il a subverti, rétroactivement en quelque sorte, toute la gamme de mes intérêts antérieurs. »

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Jean-Pierre Chrétien, Combattre un génocide. Un historien face à l’extermination des Tutsi du Rwanda (1990-2024), Le Bord de l’eau, 2024

« Face au génocide des Tutsi (1994) et à sa préparation systématique avec la caution de la France (sans intention de s’associer à l’entreprise criminelle du régime allié contre les minorités tutsi et hutu d’opposition), Jean-Pierre Chrétien se dresse contre la catastrophe.

Il le fait par une production de connaissance, laquelle est transmise par des conférences, des articles dans la presse, des alertes dans la presse – autant d’écrits décisifs, mais épars et que ce livre décide de réunir.

La 30e commémoration du génocide des Tutsi doit relever et saluer, preuves en main, le courage d’un historien qui a été très attaqué pour son engagement alors que ses analyses étaient fondées et que son combat était juste. Ce livre est aussi une réhabilitation et une leçon pour les générations présentes et futures. »

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Guillaume Ancel, Rwanda, la fin du silence. Témoignage d’un officier français, Belles Lettres, 2022

« Au lourd secret qui entoure le véritable rôle de la France et de son armée lors du génocide des Tutsi au Rwanda, Guillaume Ancel oppose la vérité de ses carnets de terrain, témoignage des missions auxquelles il a participé durant l’opération Turquoise. La fin du silence est aussi le récit du combat mené par cet ancien officier pour faire savoir ce qui s’est réellement passé durant cet été 1994 et « rendre hommage, dignement, aux centaines de milliers de victimes rwandaises que nous n’avons pas su empêcher. »

Officier de la Force d’action rapide, détaché au sein d’une unité de la Légion étrangère, le capitaine Ancel mène avec ses hommes des opérations d’extraction de personnes menacées. Sous couvert d’une opération humanitaire destinée à mettre fin aux massacres, cet officier comprend vite que la France soutient le gouvernement génocidaire rwandais dont elle a formé l’armée. Il décrit les errements de l’armée française, ballotée au gré de décisions politiques dont les motivations sont toujours tenues secrètes, les archives officielles restant inaccessibles. Ce témoignage dévoile également certains épisodes méconnus de cette opération « humanitaire » durant laquelle l’armée française a tué. Parfois pour défendre, parfois pour des raisons moins avouables. »

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Scholastique Mukasonga, Inyenzi ou les Cafards, Gallimard, 2006

« Quiconque visite le Rwanda est saisi par la beauté de son paysage, mais il est aussi effaré par la violence de son histoire postcoloniale. Tout se passe comme si le bien et le mal irrémédiablement inséparables avaient scellé sous ses mille et une collines un pacte d’amitié. Il y a d’un côté les collines ; il y a, de l’autre, le million de crânes qui les jonchent. Mais ce qui prédomine, dans ce récit, c’est le remords des survivants, qui se traduit par les multiples cauchemars de l’auteur. D’où ce désir manifeste de donner aux disparus une digne sépulture de mots à la fois pour apaiser les vivants et sanctifier les morts.

Avec Inyenzi, Scholastique Mukasonga a écrit un récit autobiographique précieux, un document qui nous éclaire de l’intérieur sur le Rwanda postcolonial, un livre que je rangerais à côté du Suicide d’une république de Peter Gay : l’un et l’autre nous montrent à partir d’une succession de faits pourquoi le génocide était hélas, trois fois hélas, inévitable. » 

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Scholastique Mukasonga,  L’Iguifou. Nouvelles rwandaises, Gallimard, 2010

« L’Iguifou (« igifu » selon la graphie rwandaise), c’est le ventre insatiable, la faim, qui tenaille les déplacés tutsi de Nyamata en proie à la famine et conduit Colomba aux portes lumineuses de la mort… Mais à Nyamata, il y a aussi la peur qui accompagne les enfants jusque sur les bancs de l’école et qui, bien loin du Rwanda, s’attache encore aux pas de l’exilée comme une ombre maléfique… Kalisa, lui, conduit ses fantômes de vaches dans les prairies du souvenir et des regrets, là où autrefois les bergers poètes célébraient la gloire des généreux mammifères… 

Or, en ces temps de malheur, il n’y avait pas de plus grand malheur pour une jeune fille tutsi que d’être belle, c’est sa beauté qui vouera Helena à son tragique destin… Après le génocide, ne reste que la quête du deuil impossible, deuil désiré et refusé, car c’est auprès des morts qu’il faut puiser la force de survivre. L’écriture sereine de Scholastique Mukasonga, empreinte de poésie et d’humour, gravite inlassablement autour de l’indicible, l’astre noir du génocide. »

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Scholastique Mukasonga,  Notre-Dame du Nil, Gallimard, 2012

« Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d’altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d’accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l’intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota « ethnique » limite à 10 % le nombre des élèves tutsi.

Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un « vieux Blanc », peintre et anthropologue excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d’insoumises reines Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d’autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple qu’il a bâti pour elle.

Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c’est, dans ce microcosme existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d’une écriture directe et sans faille. »

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Gaël Faye, Petit pays, Grasset, 2016

« En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel   voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…

Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie. »

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Beata Umubyeyi Mairesse, Le convoi, Flammarion, 2024

« Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse. Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l’équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l’Italie et l’Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes.

Le génocide des Tutsi, comme d’autres faits historiques africains, a été principalement raconté au monde à travers des images et des interprétations occidentales, faisant parfois des victimes les figurants de leur propre histoire.

Nourri de réflexions sur l’acte de témoigner et la valeur des traces, entre recherche d’archives et écriture de soi, Le convoi est un livre sobre et bouleversant : il offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective. »

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Robert Stockhammer, Ruanda. Über einen anderen Genozid schreiben, Suhrkamp, 2005

« Au Rwanda, au moins 800 000 personnes ont été assassinées en 1994. Dans cet essai, Robert Stockhammer se confronte à l’aporie selon laquelle les comparaisons entre le génocide rwandais et la Shoah sont aussi problématiques qu’inévitables. 

Il explore donc la pression comparative qui pèse sur l’écriture de cet « autre » génocide au Rwanda, examinant les ouvrages que les Africains et les Européens ont écrits depuis lors sur le sujet, dont de nombreux textes littéraires, mais aussi des témoignages de survivants et des reportages.

Au lieu de répéter le discours de « l’indicible », cette étude philologique décrit les conditions de la dicibilité. »

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Motivations et modalités des violences génocidaires

Sarah E. Brown, Gender and the Genocide in Rwanda. Women as Rescuers and Perpetrators, Routledge, 2018

« Ce livre examine la mobilisation, le rôle et la trajectoire des femmes secouristes et auteurs de crimes pendant le génocide de 1994 au Rwanda.

Si l’on a beaucoup écrit sur la victimisation des femmes pendant le génocide de 1994 au Rwanda, on a très peu parlé des femmes qui ont secouru des victimes ciblées ou perpétré des crimes contre l’humanité. Ce livre explore et analyse le rôle joué par les femmes qui ont exercé leur pouvoir en tant que sauveteuses et en tant qu’auteurs de crimes pendant le génocide au Rwanda. En tant que femmes, elles ont agi et pris des décisions dans le contexte d’un système patriarcal profondément enraciné qui limitait leurs choix.

Ce travail se penche sur les deux voies divergentes empruntées par les femmes au cours de cette période : sauver du génocide ou perpétrer le génocide. Il cherche à répondre à trois questions. Premièrement, comment certaines femmes rwandaises ont-elles été mobilisées pour participer au génocide, et par qui ? Ensuite, quelles ont été les actions spécifiques des femmes pendant cette période de violence et de bouleversements ? Enfin, quelles ont été les trajectoires des femmes sauveteuses et des femmes auteurs après le génocide ? En comparant et en opposant la façon dont les femmes sauveteuses et perpétratrices ont été mobilisées, les actions qu’elles ont entreprises et leurs trajectoires après le génocide, et en concluant par une discussion plus large sur l’impact à long terme de l’ignorance de ces femmes, ce livre développe une vision plus nuancée et holistique de l’action des femmes et du génocide au Rwanda. »

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Jean-Pierre Chrétien et Marcel Kabanda, Rwanda. Racisme et génocide. L’idéologie hamitique, Belin, 2013

« Le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 est emblématique de la catastrophe qui a frappé toute l’Afrique des Grands Lacs depuis une vingtaine d’années. Il n’a été le fruit ni d’une fureur conjoncturelle, ni d’une fatalité ethnographique ou biologique, mais il est le produit très moderne d’une option extrémiste, jouant du racisme comme arme de contrôle du pouvoir. En effet, cette mise en condition de tout un pays aurait été impossible sans l’inscription durable dans la culture de cette région d’Afrique d’une idéologie racialiste, discriminant, sous les étiquettes hutu et tutsi, des autochtones et des envahisseurs, le « vrai peuple » rwandais majoritaire et une « race de féodaux ».

Ce livre décrypte la construction de cette idéologie, trop méconnue, qui oppose les « vrais Africains » à des « faux nègres », ceux qu’on a appelés les Hamites depuis les années 1860 dans la littérature africaniste. Le schéma racial dit « hamitique » est né de la même matrice intellectuelle que celui opposant Aryens et Sémites, qui a embrasé l’Europe dans les années 1930-1940. »

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Jean-Pierre Chrétien (dir.), Rwanda. Les médias du génocide, Karthala, 2002

« Il manquait à la connaissance du génocide rwandais une étude de la propagande qui l’a rendu possible. Plus d’une année de travail aura été nécessaire aux auteurs pour retrouver et traduire des collections presque complètes des journaux extrémistes et des enregistrements de la Radio-télévision libre des Mille Collines. Cette étude démontre comment, entre 1990 et 1994, à côté d’une floraison de journaux rassemblant des démocrates hutu et tutsi, l’État rwandais a ouvertement encouragé un réseau de médias extrémistes faisant l’apologie de la haine et de l’intégrisme ethnique.

Les extraits les plus significatifs de cette propagande de la haine sont ici présentés et restitués dans leur contexte. Après la description des acteurs et de l’organisation des médias rwandais proches du régime au tournant des années 90, l’étude fait apparaître, textes et images à l’appui, leurs grandes orientations.

Cette enquête a été lancée par Reporters sans frontières avec les auteurs dès septembre 1994. Cette nouvelle édition 2002 est complétée par un index. Un ouvrage dirigé par Jean-Pierre Chrétien avec les contributions de Jean-François Dupaquier, Marcel Kabanda et Joseph Ngarambe. »

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Hélène Dumas, Le Génocide au village. Le massacre des Tutsi au Rwanda, Seuil, 2014

« Fruit d’une enquête d’une dizaine d’années dans une commune du Rwanda, cette histoire « à la loupe » reconstitue, à travers ses lieux, ses acteurs et ses rescapés, l’exécution à l’échelle locale du dernier génocide du XXe siècle, concentré sur quelques mois (avril-mi-juillet 1994), et révèle la très grande proximité géographique, sociale, familiale des bourreaux et de leurs victimes. Nourri des témoignages aux procès, ceux des survivants, des tueurs et des témoins, mais aussi de déambulations sur les lieux de l’extermination, le récit met en lumière les mécanismes de ces massacres de proximité et la créativité meurtrière des bourreaux qui ont assuré la redoutable efficacité du génocide des Tutsi. Il éclaire l’ampleur de la participation populaire, ainsi que le rôle des imaginaires de guerre défensive et d’animalisation des victimes qui ont animé les tueurs.

Ce texte est aussi l’histoire de la confrontation d’un chercheur à la violence inouïe d’une parole et de la commotion produite par les traces physiques de l’extermination. À ce titre, il invite à une réflexion sur les manières de faire l’histoire d’un événement dont tant de dimensions demeurent inédites au regard des autres configurations de violence extrême. »

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Lee Ann Fujii, Killing Neighbors ; Webs of Violence in Rwanda, Cornell University Press, 2009

« Lors des terribles événements survenus au Rwanda au milieu des années 1990, des dizaines de milliers de Hutus ont tué leurs amis Tutsis, leurs voisins et même des membres de leur famille. Cette violence effroyable a éclipsé un fait presque aussi remarquable : des centaines de milliers de Hutus n’ont tué personne. En revisitant les motivations et les contextes spécifiques du génocide rwandais, Lee Ann Fujii se concentre sur les actions individuelles plutôt que sur des catégories générales.

Elle montre que la haine et la peur ethniques n’expliquent pas de manière satisfaisante la mobilisation des Rwandais les uns contre les autres. Les entretiens approfondis qu’elle a menés dans les prisons rwandaises et dans deux communautés rurales constituent la base de sa thèse selon laquelle la participation massive au génocide n’était pas le seul résultat d’antagonismes ethniques. C’est plutôt le contexte social de l’action qui a été déterminant. Une forte dynamique de groupe a façonné la participation au génocide. Les individus se sont joints au génocide et ont continué à y participer au fil du temps parce que le fait de tuer en groupes conférait une identité à ceux qui agissaient de manière destructrice. Les auteurs du génocide ont créé de nouveaux groupes centrés sur la destruction des liens antérieurs en tuant les membres de leur famille. »

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Jean-Paul Kimonyo, Rwanda. Un génocide populaire, Karthala, 2008

« D’avril à juillet 1994, le Rwanda a connu un génocide qui a fait environ un million de victimes. La plupart des Tutsi qui vivaient à l’intérieur du pays ont été exterminés. Des milliers de Hutu, considérés comme des « complices » de ces derniers parce qu’ils n’adhéraient pas à l’idéologie raciste et au projet d’éradication mené par les extrémistes, y ont également péri.

Ce génocide, reconnu dès le lendemain de sa perpétration par la communauté internationale qui, auparavant, avait feint de n’y voir qu’une banale guerre « interethnique », a suscité une masse de publications, portant notamment sur la préparation politique et médiatique des tueries, sur le déroulement et la cruauté de celles-ci, sur le traitement judiciaire de ces crimes contre l’humanité, enfin sur les enjeux internationaux, en particulier sur le rôle de la France. Mais les raisons et les conditions de sa mise en œuvre sur le plan local restent peu étudiées.

L’étude de Jean-Paul Kimonyo vient combler cette lacune en portant l’attention sur la société rwandaise elle-même, dans laquelle a mûri la haine et a fonctionné le conditionnement, rendant possible ce massacre de masse, où des gens ont tué ou laissé tuer leurs voisins. L’auteur s’appuie sur deux exemples précis, les préfectures de Butare et de Kibuye, des régions où les Tutsi étaient nombreux et qui étaient éloignées du front de la guerre civile opposant l’armée officielle et les maquisards du FPR. Il observe plus précisément encore deux communes au sein de ces préfectures. Pour la première fois, nous avons une étude locale du génocide fondée sur de réelles enquêtes de terrain et sur des sources de première main trouvées sur place.

Cette enquête montre un génocide « populaire », où les petits cadres locaux jouent un rôle décisif, où les frustrations sociales face à l’État sont mobilisées contre le bouc émissaire tutsi, où même les aspirations démocratiques sont dévoyées en haine raciste selon la logique totalitaire dite du « Hutu-power ». Cette analyse n’exonère en rien les tireurs de ficelles, politiques ou militaires, mais elle montre la profondeur du mal qui rongeait la société rwandaise depuis des décennies. »

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Scott Straus, The Order of Genocide ; Race, Power, and War in Rwanda, Cornell University Press, 2006

« Le génocide des Tutsis rwandais est devenu la pierre de touche des débats sur les causes de la violence de masse et les responsabilités de la communauté internationale. Pourtant, un certain nombre de questions essentielles sur cette tragédie restent sans réponse : Comment la violence s’est-elle propagée d’une communauté à l’autre et a-t-elle si rapidement englouti la nation ? Pourquoi des individus ont-ils pris des décisions qui les ont amenés à prendre des machettes contre leurs voisins ? Et quelle était la logique qui a présidé à la campagne d’extermination ?

Selon Scott Straus, bon nombre des idées largement répandues sur les causes et le déroulement du génocide des Tutsis sont incomplètes. Elles se concentrent en grande partie sur les actions de l’élite dirigeante ou sur l’inaction de la communauté internationale. Beaucoup moins sur la manière dont les décisions de l’élite se sont transformées en violence exterminatrice généralisée. Les interprétations actuelles mettent l’accent sur trois causes principales du génocide : l’identité ethnique, l’idéologie et l’endoctrinement par les médias de masse (en particulier l’influence des radios haineuses). Les recherches de Scott Straus ne nient pas l’importance de l’ethnicité, mais il constate qu’elle a plutôt fonctionné comme un arrière-plan. Il insiste plutôt sur la peur et l’intimidation intra-ethnique comme principaux moteurs de la violence. »

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Violaine Baraduc, Tout les oblige à mourir. L’infanticide génocidaire au Rwanda en 1994, CNRS Éditions, 2024

« En 1994, le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda n’épargne pas les relations les plus intimes. Dans certaines familles « mixtes », des grands-parents, des oncles, des tantes, des cousins, des maris, et même des pères ou des mères, s’en prennent à leurs proches. Ainsi de Béata Nyirankoko et Patricie Mukamana. Après plusieurs semaines de massacres sur tout le territoire, ces deux paysannes hutu se résignent à tuer les enfants qu’elles ont eus avec leur maris tutsi.

À partir d’entretiens, d’archives judiciaires et d’observations, cette enquête donne à entendre les voix des deux mères et celles de différents membres de leur famille, accusés ou rescapés. Interrogeant le rôle des femmes et des rapports de genre dans les tueries, elle dévoile certains rouages essentiels du retournement des liens affectifs et sociaux à l’œuvre durant un génocide commandité par l’État, mais massivement exécuté par la population. »

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Hélène Dumas, Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006), La Découverte, 2019

« Dans l’amas des archives de la principale institution chargée de l’histoire et de la mémoire du génocide au Rwanda, plusieurs liasses de fragiles petits cahiers d’écoliers renfermaient dans le silence de la poussière accumulée les récits d’une centaine d’enfants survivants.

Rédigés en 2006 à l’initiative d’une association rwandaise de rescapés, dans une perspective testimoniale et de catharsis psychologique, ces témoignages d’enfants devenus entre-temps des jeunes hommes et des jeunes femmes, racontent en trois scansions chronologiques souvent subverties ce que fut leur expérience du génocide, de la « vie d’avant » puis de la « vie d’après ». Leurs mots, le cruel réalisme des scènes décrites, la puissance des affects exprimés, livrent à l’historien une entrée incomparable dans les subjectivités survivantes et permettent, aussi, d’investir le discours et la gestuelle meurtrière de ceux qui éradiquèrent à jamais leur monde de l’enfance.

Le livre tente une écriture de l’histoire du génocide des Tutsi à hauteur d’enfant. Il donne à voir et à entendre l’expression singulière d’une expérience collective, au plus près des mots des enfants, au plus près du grain de la source. Tentative historiographique qui est aussi une mise à l’épreuve affective et morale pour l’historienne face à une source saturée de violence et de douleur. Loin des postulats abstraits sur « l’indicible », le livre propose une réflexion sur les conditions rendant audibles les récits terribles d’une telle expérience de déréliction au crépuscule de notre tragique XXe siècle. »

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Sandrine Ricci, Avant de tuer les femmes, vous devez les violer ! Rwanda, rapports de sexe et génocide ds Tutsi, Syllepse, 2019

« En 1994, le Rwanda devient tristement célèbre : un génocide d’une intensité inouïe fauche près d’un million de vies en cent jours. Le groupe minoritaire identifié comme Tutsi est la principale cible des massacres. Les femmes, quant à elles, connaissent un sort particulier. Violées et tuées, violées et réduites en esclavage sexuel par les soldats, les miliciens, les politiciens ou par de simples quidams. 

En adoptant une perspective féministe, l’auteure prend la mesure des soubassements culturels, sociaux et politiques sur lesquels repose la systématisation du viol en temps de guerre. Elle nous permet de comprendre comment ces hommes et ces femmes du Rwanda, minuscule territoire culturellement et linguistiquement homogène, ont pu en arriver à commettre des actes si monstrueux. 

Au Rwanda, l’endoctrinement des foules a encouragé la stigmatisation de l’« Autre », les médias de la haine propageant la représentation des femmes tutsi comme des êtres dotés d’un charme maléfique et d’une sexualité dévorante au service de leur « race ». L’ennemi « femme » apparaît toujours différent de l’ennemi-tout-court. »

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Les acteurs internationaux 

Linda Melvern, A People Betrayed ; The Role of the West in Rwanda’s Genocide, Zed, 2024 (4e édition)

« Après trente ans de recherches, notamment dans des archives gouvernementales récemment déclassifiées, cette nouvelle édition révisée et augmentée du classique de Linda Melvern révèle comment les décideurs politiques continuent de refuser de reconnaître leurs responsabilités en vertu du droit international.

Elle comprend de nombreux éléments nouveaux qui tiennent compte des informations révélées lors du procès de Félicien Kabuga, le financier présumé du génocide, qui s’est tenu en 2022. Ces nouveaux éléments alimentent non seulement une chronologie révisée et une section entièrement nouvelle sur la préparation du génocide.

Tout au long de l’ouvrage, Linda Melvern révèle avec une précision inégalée l’ampleur, la rapidité et l’intensité du génocide et dénonce les gouvernements et les individus occidentaux qui auraient pu empêcher ce qui se passait s’ils avaient choisi d’agir. Il en ressort un réquisitoire choquant sur la façon dont le Rwanda a été ignoré en 1994 et sur la façon dont l’Occident s’en souvient mal aujourd’hui. Un réquisitoire qui rend d’autant plus poignants les récits de Linda Melvern sur l’héroïsme méconnu des Occidentaux qui sont restés sur place pendant les violences, qu’il s’agisse des volontaires engagés dans le maintien de la paix ou des travailleurs des ONG. »

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Vincent Duclert, La France face au génocide des Tutsi. Le grand scandale de la Ve République, Tallandier, 2024

« Entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, en moins de cent jours, plus d’un million de Tutsi, ainsi que des opposants politiques, sont exterminés à l’instigation du régime extrémiste hutu. La France est alors un soutien majeur du gouvernement rwandais. Malgré les alertes sur l’ampleur des persécutions et massacres de Tutsi, les autorités françaises interviennent tardivement, avec l’opération militaro-humanitaire Turquoise. Le rôle de la présidence de François Mitterrand est pointé du doigt mais sa reconnaissance se heurte à un déni indépassable durant près de trente ans. En 2021, les « responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le génocide des Tutsi sont établies par une commission de chercheurs présidée par Vincent Duclert.

Dans cet ouvrage, Vincent Duclert amplifie le constat et affirme qu’il s’agit du plus grand scandale de la Ve République. Il reprend la longue histoire des relations franco-rwandaises, revisite l’intégralité des archives et les complète de documents et témoignages inédits. Il démontre la profondeur des liens entre le sommet de l’État et le régime d’Habyarimana. Il décrit des systèmes de commandement militaire et politique parallèles, leurs dérives, les tensions avec les hommes de terrain. Il souligne enfin que tous les éléments étaient à la disposition de la présidence française pour que le génocide soit anticipé, compris et arrêté. Pourtant, l’impensable s’est déroulé sous nos yeux incrédules. »

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Le rôle des églises

Timothy Longman, Christianity and Genocide in Rwanda, Cambridge University Press, 2010

« Bien que le Rwanda soit l’un des pays les plus chrétiens d’Afrique, lors du génocide de 1994, les édifices religieux sont devenus les principaux lieux de massacre. Pour expliquer pourquoi tant de chrétiens ont participé à la violence, ce livre examine l’histoire de l’engagement chrétien au Rwanda et se tourne ensuite vers un riche corpus de recherches originales au niveau national et local pour soutenir que les églises du Rwanda se sont constamment alliées à l’État et ont joué un rôle dans sa politique ethnique. 

La comparaison de deux paroisses presbytériennes locales à Kibuye avant le génocide démontre que des forces progressistes cherchaient à démocratiser les églises. Tout comme les politiciens hutus ont utilisé le génocide des Tutsis pour asseoir leur pouvoir politique et écraser les réformes démocratiques, les chefs religieux ont soutenu le génocide pour assurer leur propre pouvoir. Le fait que le christianisme ait incité certains Rwandais à s’opposer au génocide montre que l’opposition des églises était possible et qu’elle aurait pu freiner la violence. »

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Philippe Denis, The Genocide against the Tutsi, and the Rwandan Churches. Between Grief and Denial, 2022

« Pourquoi certains secteurs des églises rwandaises ont-ils adopté une attitude ambiguë à l’égard du génocide contre les Tutsi qui a coûté la vie à près de 800 000 personnes en trois mois, entre avril et juillet 1994 ? Qu’est-ce qui a empêché les églises d’admettre qu’elles pouvaient avoir une certaine responsabilité ? Et comment expliquer les efforts déployés par d’autres secteurs de l’Église pour se souvenir et commémorer le génocide ?

S’appuyant sur des entretiens avec des survivants du génocide, des Rwandais en exil, des missionnaires et des représentants du gouvernement, ainsi que sur les archives de l’Église, ce livre est la première étude universitaire sur le christianisme et le génocide des Tutsi à explorer en profondeur ces questions controversées. Il révèle une plus grande diversité interne au sein des églises chrétiennes qu’on ne le pense souvent. Alors que des chrétiens, protestants comme catholiques, ont pris des risques pour abriter des Tutsi, d’autres ont adhéré sans esprit critique au point de vue du gouvernement intérimaire selon lequel les Tutsi étaient des ennemis du peuple et certains, même des prêtres et des pasteurs, ont prêté main forte aux tueurs. Les responsables ecclésiastiques se sont contentés de condamner la guerre mais n’ont jamais réellement dénoncé le génocide contre les Tutsi. En se concentrant sur la période du génocide en 1994 et les années suivantes (jusqu’en 2000), Philippe Denis examine en détail les réponses de deux églises, l’Église catholique, la plus grande et la plus complexe, et l’Église presbytérienne du Rwanda, qui a fait un aveu de culpabilité inconditionnel en décembre 1996. 

Une étude de cas est consacrée à la paroisse catholique La Crête Congo-Nil, dans l’ouest du Rwanda, dirigée à l’époque par le prêtre français Gabriel Maindron, un homme que les survivants accusent de ne pas s’être opposé publiquement au génocide et d’avoir entretenu des liens étroits avec les autorités et certains de ses auteurs. »

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Timothée Brunet-Lefèvre, Le père Seromba. Destructeur de l’Église de Nyange (Rwanda, 1994), Hoosh, 2021

« Le crime de génocide est imprescriptible, mais il n’est pas indélébile pour autant. Il est par excellence, dans les mots de Jean-Pierre Karegeye, le crime « qui ne porte pas toutes ses traces ».

Il ne suffit pas aujourd’hui de se rendre sur la scène de crime pour comprendre ce qui s’est produit dans la paroisse du père Seromba. 

Ce que l’on désigne comme Nyange est resté un souvenir : celui de la vie avant 1994 et celui de l’extermination. Ce livre fait le choix de restituer la parole des acteurs sociaux, d’écouter, au détour de leurs hésitations, dans leur désespoir et leur dignité, ces récits qui se sont fait entendre au cœur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda. »

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Justice et mémoires

Timothy Longman, Memory and Justice in Post-Genocide Rwanda, Cambridge University Press, 2017

« Après des périodes de conflit et de tragédie, de nombreux pays mettent en œuvre des programmes et des politiques de justice transitionnelle, dont aucun n’est plus étendu que celui mis en oeuvre au Rwanda après le génocide. Replaçant les initiatives de justice transitionnelle du Rwanda dans leur contexte historique et politique, ce livre examine le projet entrepris par le gouvernement post-génocidaire pour façonner la mémoire collective de la population rwandaise, à la fois par des réformes politiques et judiciaires, mais aussi par des commémorations publiques et des monuments commémoratifs. 

S’appuyant sur plus de deux décennies de recherche sur le terrain au Rwanda, Timothy Longman explore la réponse du Rwanda à la fois au niveau gouvernemental et au niveau local. Il affirme qu’en dépit de bonnes intentions et d’innovations importantes, le contexte politique autoritaire du Rwanda a entravé la capacité de la justice transitionnelle à apporter les transformations sociales et politiques radicales que ses défenseurs espéraient. En outre, elle continue d’accentuer les inégalités politiques et économiques qui soulignent les divisions ethniques et constituent un obstacle important à la réconciliation. »

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Paul Christoph Bornkamm, Rwanda’s Gacaca Courts ; Between Retribution and Reparation, Oxford University Press

« Les tribunaux Gacaca du Rwanda constituent une réponse innovante au génocide de 1994. Intégrant à la fois des éléments de la résolution des conflits africains et des tribunaux pénaux de type occidental, les juridictions gacaca s’inscrivent dans la tendance récente à faire revivre les mécanismes traditionnels de base comme moyen de faire face à un passé violent. Conçus comme une approche holistique des poursuites et des sanctions, ainsi que de la guérison et de la réparation, ils reflètent également l’importance croissante de la participation des victimes dans la justice pénale internationale.

Cet ouvrage examine de manière critique les réalisations des tribunaux Gacaca en tant que mécanisme de justice pénale et outil de guérison, de réparation et de réconciliation des communautés brisées. Ayant poursuivi plus d’un million de personnes soupçonnées de crimes pendant le génocide de 1994, les tribunaux Gacaca ont été à la fois loués pour leur efficacité et condamnés pour leur manque de régularité. S’appuyant sur une analyse approfondie des procédures judiciaires, ce livre fournit une analyse détaillée de la législation Gacaca et de sa mise en œuvre pratique. Il examine les tribunaux Gacaca dans le cadre de la justice pénale transitionnelle et internationale. »

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Rafaëlle Maison, Pouvoir et génocide dans l’œuvre du Tribunal pénal international pour le Rwanda, Dalloz, 2017

« La majorité des analystes contemporains s’accordent pour présenter un récit historique du génocide, en analysant ses origines lointaines, le contexte du conflit, la radicalisation des forces politiques en opposition, puis le coup d’Etat, la prise de contrôle de l’appareil étatique et les massacres locaux, jusqu’à la défaite. Dans ce tableau, la question du soutien politique, diplomatique et matériel de la France qui aurait permis la mise en place de stratégies conduisant au génocide, jusqu’à l’opération Turquoise, a été récemment approfondie.

En quoi l’œuvre du Tribunal pénal international pour le Rwanda institué par le Conseil de sécurité approche-t-elle de cette description historique ? De quels moyens juridiques le Tribunal disposait-t-il pour saisir les principaux agents du génocide ? A quoi attribuer l’échec relatif, si l’on peut parler d’échec, de l’institution ? Cet essai ne prétend pas répondre définitivement à cette dernière question : il espère plutôt justifier qu’elle soit posée.

Cet ouvrage repose sur l’analyse de différentes sources : les travaux relatifs à l’histoire du génocide, afin de mesurer comment il fut judiciairement appréhendé ; les témoignages des acteurs des procès aussi utilisés, de même que les documents publics des Nations Unies. »

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Caroline Williamson Sinalo, Rwanda After Genocide ; Gender, Identity and Post-Traumatic Growth, Cambridge University Press, 2018

« Lors du génocide de 1994 au Rwanda, près d’un million de personnes ont été brutalement assassinées en l’espace de treize semaines seulement. 

Ce livre propose une étude approfondie de la reconstruction post-traumatique au travers des témoignages d’hommes et de femmes qui ont survécu, mettant en lumière les façons dont ils ont pu construire une nouvelle vie, souvent meilleure. Ce faisant, Caroline Williamson Sinalo préconise une nouvelle lecture du traumatisme : une lecture qui reconnaît non seulement les réponses négatives, mais aussi les réponses positives aux expériences traumatisantes. 

À travers une analyse des témoignages enregistrés en kinyarwanda par les archives du génocide au Rwanda, le livre offre une alternative aux paradigmes dominants sur le traumatisme, révélant que, malgré les innombrables récits d’horreur, de douleur et de perte au Rwanda, il existe également des récits de force, de rétablissement et de développement. »

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes sont les quatrième de couverture disponibles sur les éditeurs.