• Il avait succédé à ce poste à Ahmad Kazemi, l’un des commandants de premier plan de la guerre entre l’Iran et l’Irak, conseiller militaire des présidents Ali Akbar Hashemi Rafsanjani et Mahmoud Ahmadinejad, décédé dans un accident d’avion le 9 janvier 2006.
  • L’Ayatollah Ali Khamenei, président de la République islamique d’Iran et commandant en chef des forces armées l’avait évoqué en ces termes : « On attend de vous que vous éleviez le niveau de préparation au combat de la force en vous appuyant sur les mesures positives déjà prises, en particulier pendant l’éphémère commandement du général martyr Kazemi ».

Au Liban avec Hezbollah 

Point de contact avec le Hezbollah, Mohammad Reza Zahedi avait été nommé par le charismatique commandant Soleimani — lui-même tué par une frappe américaine le 3 janvier 2020 — à la tête du Corps libanais de la Force Al-Qods en 1998.

  • Ses fonctions opérationnelles : parvenir à fournir des armes et une expertise technique de haut niveau au Hezbollah afin de lui permettre de mener efficacement des opérations au Sud du pays, en conflit depuis quinze ans.
  • Le cadre stratégique de son intervention : renforcer le Hezbollah au Liban, en lui permettant d’emporter le conflit au sud du pays, tout en relançant la collaboration diplomatico-militaire entre l’Iran et le régime syrien.
  • Mohammad Reza Zahedi est considéré comme l’un des principaux responsables de la planification de l’offensive du Hezbollah au printemps 2000, qui a abouti à la défaite de la milice israélienne mandataire des forces libanaises et au retrait définitif des forces de défense israéliennes du Liban, ce qui a mis fin au conflit du Sud-Liban en faveur du Hezbollah (1985-2000)1.
  • C’est lui qui a planifié le raid transfrontalier mené en 2000 par le Hezbollah ayant conduit à la capture de trois soldats israéliens. Dans le cadre de ses fonctions, il a également conçu l’opération internationale d’enlèvement du colonel israélien Elhanan Tannenbaum.
  • Cette dernière constitue l’un des premiers grands coups d’éclats du leader Nasrallah qui avait déclaré à la télévision libanaise : « Nous avons entre nos mains un colonel israélien » et d’un succès stratégique. Les prisonniers ne sont libérés que quatre ans plus tard dans le cadre d’un échange de 435 prisonniers ayant participé à l’offensive de 2000 avec le Hezbollah.

Après la guerre civile en Syrie

  • Pendant la guerre civile syrienne, Mohammad Reza Zahedi est l’un des principaux artisans du soutien iranien aux forces de Bachar Al-Assad.
  • En Syrie, il succède au général Mostafa Javad Ghaffari, commandant du quartier général des forces iraniennes d’abord à Damas puis à Alep, où il avait été surnommé le « boucher d’Alep ». Ghaffari avait été expulsé de Damas sur ordre du président syrien Bachar el-Assad. Selon des sources saoudiennes, il était accusé d’avoir provoqué une « guerre régionale non désirée » avec Israël. Il est démis de ses fonctions et accusé de « violation majeure de la souveraineté syrienne » après avoir attaqué les forces américaines et déployé des armes iraniennes dans des endroits non approuvés2. On peut voir dans la nomination de Zahedi, qui lui succède, le signe d’une volonté du régime de rendre ce soutien moins ostensible.
  • De fait, par sa très bonne connaissance et ses liens avec le Hezbollah — il a participé au Liban à plusieurs réunions du conseil consultatif exécutif, la plus haute instance de décision de l’organisation, présidée par Nasrallah — Zahedi aurait servi d’agent de liaison entre le Hezbollah et les services secrets syriens. Il aurait également joué un rôle clef, depuis la Syrie, pour garantir la fourniture et la livraison d’armes au Hezbollah.

La frappe de Damas : un nouveau martyr ?

  • Une réunion avait-elle lieu à l’ambassade iranienne ? En plus de Zahedi, le général Mohammad Hadi ainsi que le général de brigade Hossein Amirollah, chef de l’état-major général de la force Qods du CGRI en Syrie et au Liban, a également été tué lors de la frappe aérienne israélienne sur Damas, et il semble désormais qu’au moins trois généraux de brigade aient été éliminés lors de l’attaque.
  • Sayyed Razi Mousavi a été également tué en Syrie, le 25 décembre 2023, par une frappe attribuée à Israël par Téhéran. Ses funérailles à Kerman avaient été l’occasion d’un attentat meurtrier revendiqué par l’État islamique. Une autre frappe à Damas, le 20 janvier, a tué cinq Gardiens de la Révolution dont le général Sadegh Omidzadeh, haut responsable du renseignement3.
  • L’assassinat le plus important depuis Soleimani connaîtra-t-il le même traitement martirologique ? Comme l’explique Farhad Khosrokhavar, l’identité du régime révolutionnaire iranien s’est construite par la martyrologie au cours de la guerre contre l’Irak, qui consiste à valoriser la mort, la souffrance et le martyre. C’est pourquoi face à l’assassinat de Soleimani le régime iranien, plutôt que de répliquer militairement et directement à la mort du général, avait surtout utilisé son image charismatique pour en faire un martyr, un Hossein contemporain, tombé au champ d’honneur sous les coups injustes de l’oppresseur étranger sur les terres sacrées d’Irak.

Toutefois, contrairement à ce qui s’était produit avec le commandant Soleimani – dont la réputation et le charisme étaient incomparablement plus importants en Iran – l’administration américaine n’a pas du tout revendiqué cette frappe de manière triomphale. Trump avait à l’époque tweeté un drapeau américain, avant d’expliquer que Soleimani « s’était fait coincer (got caught) »). Par la voix de son porte-parole, la Maison Blanche a affirmé ne pas être impliquée dans cette frappe, dont elle a déclaré n’avoir été prévenue que quelques minutes en amont par les forces israéliennes. Les réactions immédiatement belliqueuses des officiels et militaires iraniens laissent présager un nouveau risque d’escalade de la violence au Moyen-Orient.

Sources
  1. Le Hezbollah considère que le conflit n’est pas terminé car Israël contrôle toujours la bande de territoire dite des fermes de Chebaa (ou Har Dov).
  2. Toi Staff, Assad regime said to shun Iranian commander for nearly starting war with Israel, The Times of Israel, 11 novembre 2021.
  3. Top IRGC officer killed in Syria strike identified as Gen. Sadegh Omidzadeh, The Times of Israel, 20 janvier 2024.