La rencontre coïncide avec le 25e anniversaire de l’adhésion de la Pologne à l’Alliance transatlantique, le pays étant traditionnellement l’un des plus fidèles alliés des États-Unis en Europe.

La préparation du sommet annuel de l’OTAN prévu du 9 au 11 juillet à Washington est à l’ordre du jour. La Pologne préconise une hausse du seuil minimum de dépenses pour les États membres de l’alliance à 3 % — contre 2 % actuellement1

  • Alors qu’en 2024 les dépenses des pays européens de l’OTAN devraient en moyenne dépasser la cible de 2 % du PIB pour la première fois — un critère respecté par 18 pays sur 31, et probablement par la Suède officiellement devenue le 7 mars le 32e membre de l’alliance —, une nouvelle cible de 3 % enjoindrait la quasi-totalité des pays de l’alliance à augmenter leurs dépenses militaires.
  • Seuls la Pologne (3,9 %), les États-Unis (3,49 %), l’Estonie (3,2 %) et la Grèce (3,01 %) devraient dépasser cet objectif en 2024.
  • L’atteinte de cet objectif représenterait un effort supplémentaire d’environ 32 milliards de dollars pour la France, 46 milliards pour l’Allemagne, 24 milliards pour l’Espagne ou encore 35 milliards pour l’Italie, par rapport à leur niveau de dépense de 2024. 

Au total, à l’échelle de l’Union, la somme manquante par rapport aux dépenses actuelles pour que chaque pays de l’OTAN remplisse cet objectif hypothétique de 3 % s’élève à environ 193 milliards de dollars (177 milliards d’euros)2.

L’objectif de Varsovie semble être de franchir un pas dans la réponse à la Russie de Poutine — qui tient son élection présidentielle cette semaine, du 15 au 17 mars. 

  • « Personne n’osera attaquer une alliance forte, des nations fortes en mesure de défendre leurs frontières », a déclaré Duda.

La Pologne n’est pas le premier pays européen à évoquer la question. 

  • Le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, a laissé entendre en février que les dépenses de défense de Berlin pourraient « atteindre 3 %, voire 3,5 % » du PIB du pays cette année. 
  • En 2022, lors d’une réunion à Vilnius, les trois pays baltes se sont accordés sur le besoin de porter les dépenses de la défense à 3 %3

Le soutien à l’Ukraine sera au cœur des discussions des trois dirigeants, alors que les Républicains de la Chambre bloquent toujours le prochain paquet de financement.

  • Le ministre des Affaires étrangères Sikorski a déclaré le 8 mars — alors que la Pologne avait d’abord réagi négativement à l’évocation controversée d’Emmanuel Macron de l’envoi de troupes en Ukraine — que la présence de troupes de l’OTAN en Ukraine n’était « pas impensable »4
  • Sikorski a précédé les deux dirigeants aux États-Unis il y a deux semaines, où il a prononcé deux discours retentissants devant la Chambre des représentants, au sujet du paquet d’aide américain, et au Conseil de sécurité de l’ONU, contre l’ambassadeur russe.
  • Duda a présenté hier l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme une décision « audacieuse » que l’alliance sera capable de concrétiser « dans un futur proche »5.
Sources
  1. Andrzej Duda, « NATO members must raise their defense spending to 3 percent of GDP », The Washington Post, 11 mars 2024.
  2. Estimations sur la base des projections de PIB du FMI pour 2024 et des budgets nationaux.
  3. Baltics agree on need to raise defence spending to 3 % of GDP, LRT, 12 septembre 2022.
  4. Compte X du ministère des affaires étrangères polonais, 8 mars 2024.
  5. PAP, « Andrzej Duda o NATO : chcę zaproponować, by państwa przeznaczały 3 proc. PKB na obronność », 11 mars 2024.