Le président français a appelé de ses vœux un « sursaut collectif » sur l’aide à l’Ukraine.

  • Selon des sources proches du dossier, le président souhaiterait répondre au moment critique que traverse l’Ukraine en proposant un nouveau paradigme qui suppose une implication moins indirecte de la France et de l’Europe dans l’effort de guerre ukrainien.

Alors que le président ukrainien a affirmé dimanche que « la Russie préparait une nouvelle offensive sur l’Ukraine » qui pourrait commencer au mois de mai1, l’un des principaux points à l’ordre du jour est la livraison de munitions.

  • En mars 2023, les États-membres de l’Union européenne s’étaient engagés à livrer à Kiev 1 million d’obus de calibre 155 mm d’ici mars 2024 — un objectif qui ne sera pas atteint.
  • Le président ukrainien Zelensky a réaffirmé aujourd’hui que l’Union n’avait livré que 30 % des munitions promises2.
  • Malgré ce retard, la présidente de la Commission a déclaré ce dimanche lors d’une conférence de presse conjointe avec le président ukrainien que l’objectif d’un million serait atteint « avant la fin de l’année ».
  • Le Haut représentant Borrell a par ailleurs exhorté le 5 février les États-membres à suspendre leurs exportations vers les pays tiers autres que l’Ukraine, « le moyen le plus rapide, le moins cher et le plus efficace d’augmenter nos livraisons ».

En supplément de ce regain dans l’effort de coordination, les soutiens de l’Ukraine multiplient les accords bilatéraux de sécurité avec Kiev ces derniers jours.

  • Le Royaume-Uni a ouvert le 12 janvier une série de conclusions d’accords bilatéraux, avec un accord dit « sans précédent » par lequel Londres s’est engagée à fournir un soutien sur dix ans à l’Ukraine. L’Allemagne, la France, le Danemark, le Canada et l’Italie ont signé des accords similaires avec l’Ukraine ces derniers jours.
  • L’accord avec le Canada signé le 24 février — le premier avec un pays-non européen — prévoit un soutien financier et militaire équivalent à 2,06 milliards d’euros en 20243.
  • Des accords similaires sont en discussion avec la Norvège et les Pays-Bas — avec qui la signature pourrait être compliquée par Geert Wilders, chef du parti d’extrême-droite vainqueur des élections en novembre, qui a exprimé son opposition à un tel accord. 

Contrairement à la grande partie des États européens ayant répondu présent, les États-Unis ne seront que représentés par des hauts-responsables et non par le président, secrétaire d’État ou secrétaire à la Défense (comme c’est le cas pour le Canada)

  • Si elle devait remplacer totalement l’aide militaire américaine en 2024 — une hypothèse qui devient de plus en plus plausible alors que le prochain paquet d’aide reste bloqué au Congrès —, l’Europe devrait doubler le niveau et le rythme actuels d’aide militaire, selon les données du Kiel Institute.
  • Depuis janvier 2022, les États-Unis se sont engagés à verser un total de 42 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine.
  • Les pays européens réunis – à l’exclusion du Royaume-Uni – ont promis environ 47 milliards d’euros (dont 17,7 milliards d’euros uniquement pour l’Allemagne).