En novembre, l’inflation en zone euro atteignait son niveau le plus faible depuis plus de deux ans à 2,4 % en glissement annuel. Celle-ci avait notamment été tirée vers le haut en raison de l’augmentation des prix de l’énergie provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine et ses conséquences sur la sécurité d’approvisionnement du continent.

Les derniers chiffres publiés par Paris, Berlin et l’agence Eurostat vendredi 5 janvier révèlent que l’inflation a augmenté de 0,5 % dans la zone euro entre novembre et décembre, passant de 2,4 % à 2,9 % en glissement annuel1.

  • En Allemagne, l’inflation a augmenté de 1,5 % en un mois, passant de 2,3 % à 3,8 %. En France, si la hausse a été plus faible (+ 0,2 %), le taux d’inflation annuel était de 4,1 % en décembre.
  • La hausse de l’inflation a touché presque la moitié des pays de la zone euro en décembre : Autriche, Estonie, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Luxembourg, Finlande et Belgique.

Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) français, cette hausse serait due à « l’accélération sur un an des prix de l’énergie et des services », tandis que les prix des produits manufacturés et de l’alimentation « ralentiraient de nouveau »2. Ce constat est partagé par le Statistisches Bundesamt allemand qui attribue l’évolution de décembre à la mesure introduite l’année précédente par Berlin visant à réduire le coût du gaz et du chauffage pour les consommateurs. Celle-ci ayant eu un « effet modérateur sur l’indice global en décembre 2022 », elle a par conséquent « poussé l’indice à la hausse en décembre 2023 »3.

Ces tendances devraient avoir un impact sur les prochaines décisions de la BCE. En effet, au mois de décembre, les marchés avaient anticipé six baisses de taux d’un quart de point par la BCE en 2024, ce qui porterait le taux directeur à 2,5 %.

  • Lors de la dernière réunion du 14 décembre, la Banque centrale européenne a décidé de ne pas apporter de changement à ses taux directeurs4.
  • Si une potentielle hausse du taux de l’inflation avait déjà été signalée par la BCE, qui y voit plutôt une « modération » du rythme de la baisse de l’inflation que l’annonce d’un renversement durable de la tendance5, le vice-président de l’institution Luis de Guindos déclarait le 21 décembre : « Lorsque nous verrons que l’inflation converge clairement et de manière stable vers notre objectif de 2 %, la politique monétaire pourra alors commencer à s’assouplir. Mais il est encore trop tôt pour cela »6.
  • En effet, les multiples prises de paroles des membres du conseil d’administration et du Conseil des gouverneurs au cours du mois de décembre indiquent un débat croissant au sein de la BCE. Seul le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a souligné la nécessité de maintenir une hausse des taux comme une option pour les prochains mois. 
  • Cependant, les derniers chiffres de l’inflation, les faibles variations de l’inflation sous-jacente ainsi que la dynamique salariale laissent penser que les marchés surinterprétent certains signaux et que la probabilité d’un assouplissement immédiat est faible. La prochaine réunion de la BCE est prévue pour le 25 janvier.

Aux États-Unis, l’inflation (3,1 % en glissement annuel en novembre) présente des signes de ralentissement plus importants qu’attendus qui devraient mener à un assouplissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale — dont les taux directeurs se situent à ce jour entre 5,25 et 5,5 %. Les baisses de taux sont estimées à ce jour à 75 points de base sur l’année par les investisseurs, sur la base de l’intervention de décembre du président de la Fed, Jerome Powell.