Le développement de l’arsenal nucléaire chinois n’est pas une nouveauté. Constitué de 410 ogives nucléaires opérationnelles en 2023 selon les données de la Federation of American Scientists, le département de la Défense américain estime que les réserves chinoises devraient dépasser les 1 000 unités d’ici 2030 si Pékin continue à son rythme actuel.1.

  • La publication de nouvelles images satellites mercredi 20 décembre par le chercheur Renny Babiarz, de l’université Johns-Hopkins, fournit les éléments les plus avancés à ce jour indiquant que Pékin se prépare à de nouveaux essais nucléaires2.
  • Mis à part la Corée du Nord, aucun pays n’a réalisé d’essais nucléaires depuis 1988 lorsque l’Inde et le Pakistan avaient tous deux testé deux bombes, selon les données de l’Arms Control Association3.
  • Ce ralentissement dans les essais nucléaires s’est produit suite à la signature en 1996 du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) par 187 pays. Celui-ci n’est cependant jamais entré en vigueur en raison de sa non-ratification par 8 pays — dont la Chine et les États-Unis4.

Ces nouvelles images satellite révèlent la construction par l’armée chinoise d’un puits vertical dont la profondeur (plus de 500m) suggère qu’ils seraient susceptibles d’accueillir des essais nucléaires. Plus tôt dans l’année, d’autres éléments indiquaient que Pékin acheminait du matériel de minage destiné à creuser des tunnels souterrains et d’autres installations dans le désert de Lop Nor5.

  • Des responsables américains et divers experts suggèrent que la reconstruction du site de Lop Nor pourrait être destinée à servir « d’avertissement » à l’intention des autres puissances nucléaires (notamment les États-Unis)6.
  • Suite au tir le 18 décembre par la Corée du Nord d’un missile balistique intercontinental Hwasong-18 — le cinquième depuis le début de l’année —, le représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations unies, Geng Shuang, a mis en garde contre une « nouvelle escalade » si le « cycle qui cherche à établir une puissance et un pouvoir étendu n’est pas brisé »7.

Après une rupture de 16 mois des discussions à haut-niveau entre les responsables militaires américains et chinois suite à la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en août 2022, Pékin et Washington ont repris leurs échanges jeudi 21 décembre8. Ces nouveaux éléments sont néanmoins susceptibles de nuire à la tentative de rapprochement entre les deux dirigeants qui s’est dernièrement matérialisée lors du sommet de l’APEC de novembre, à San Francisco.