• Cette visite, annoncée depuis plusieurs semaines, n’avait jamais fait l’objet d’une confirmation officielle. Dans un communiqué datant de dimanche indiquant l’itinéraire d’une délégation du Congrès américain dans l’Indo-Pacifique, le passage du Speaker de la Chambre avait été éludé pour ne pas contribuer à la montée des tensions avec la Chine1.
  • Aujourd’hui encore, la visite de Nancy Pelosi à Taïwan a été confirmée par les journaux anglophones (The Financial Times, The Wall Street Journal, The New York Times) ainsi que par des fonctionnaires de la Maison-Blanche, mais pas par l’équipe de la présidente de la Chambre des représentants. Pourquoi un tel mystère plane-t-il au-dessus de cette visite, pourtant connue de tous ?
  • Au cours de l’appel téléphonique entre Xi Jinping et Joe Biden de la semaine dernière, la visite de Nancy Pelosi avait occupé une place centrale. Pékin voit dans la venue de la troisième représentante élue la plus importante des États-Unis à Taïwan — territoire revendiqué par Pékin — un acte de défiance envers la Chine ainsi qu’un mépris de son intégrité territoriale. Au début du mois de juillet, la porte-parole du Bureau chinois des affaires taïwanaises, Zhu Fenglian, avait déclaré que la visite d’une délégation américaine à Taïwan reviendrait à « céder aux sécessionnistes de l’île »2.
  • Lors d’une conférence de presse donnée hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Zhao Lijian, était même allé jusqu’à avertir les États-Unis que « la partie chinoise est totalement préparée à toute éventualité, et que l’Armée populaire de libération de Chine ne restera jamais les bras croisés […] »3. Samedi dernier, la Chine a conduit d’importants exercices militaires au large de ses côtes, dans le détroit de Taïwan, et des observateurs taïwanais ont déclaré que des avions ainsi que des navires de guerre avaient frôlé hier et aujourd’hui la ligne médiane du détroit de Taïwan4.
  • La visite de Nancy Pelosi s’accompagnera très certainement de mesures à l’encontre de Taïwan visant à asseoir la crédibilité des menaces chinoises. Ce matin, la Chine a déjà annoncé la mise en place d’un embargo sur l’importation en Chine d’une centaine de produits taïwanais5. Plus de mesures pourraient être annoncées dans les heures qui précèdent l’arrivée de Pelosi sur l’île — prévue pour ce soir —, qui pourraient être d’ordre économique, diplomatique, mais également militaire.
  • Pour parer à toute éventualité, le porte-parole du département de la Défense américain, John Kirby, a déclaré hier au cours d’une conférence de presse que les États-Unis feraient tout pour s’assurer que Nancy Pelosi « voyagera en toute sécurité », sans toutefois apporter plus de précisions6. Selon les sources de Politico, il n’y aura « pas de redéploiement significatif des moyens militaires américains dans la région […] mais plusieurs navires de guerre se trouvent déjà dans les mers de Chine méridionale et orientale »7.
Sources
  1. Pelosi to Lead Congressional Delegation to Indo-Pacific Region, Speaker of the House, 31 juillet 2022.
  2. Liu Xuanzun et Liu Xin, « PLA holds joint drills around Taiwan over US senator visit : Chinese military », Global Times, 8 juillet 2022.
  3. Foreign Ministry Spokesperson Zhao Lijian’s Regular Press Conference on August 1, 2022, Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine.
  4. Yimou Lee et Sarah Wu, « Chinese warplanes buzz line dividing Taiwan Strait before expected Pelosi visit – source », Reuters, 2 août 2022.
  5. «  報復波洛西? 大陸突禁一百多家台灣食品廠產品進口 », United News, 2 août 2022.
  6. Press Briefing by Press Secretary Karine Jean-Pierre and National Security Council Coordinator for Strategic Communications John Kirby, Maison-Blanche, 1er août 2022.
  7. « US kills al-Qaeda chief — Taiwan fears grow — EP pulls Commission lawsuit », Politico, 2 août 2022.