Crise des opioïdes aux États-Unis : San Francisco vidée de ses sans-abris en amont du sommet de l’APEC

San Francisco est devenue en quelques années la ville emblématique des crises américaines croisées du logement et de la consommation de drogue – en particulier des opioïdes, dont le fentanyl. La présence de personnes sans-abris et de personnes consommant des drogues est désormais une caractéristique du centre-ville, où l’administration américaine a choisi d’organiser le sommet international de l’APEC.

• La ville de San Francisco connaît une grave crise du logement du fait notamment de la nette augmentation du prix des loyers. Le phénomène est couplée à l’explosion de la consommation et de l’addiction aux drogues, appartenant en particulier à la catégorie des opioïdes.  

• Les États-Unis font en effet actuellement face à une véritable explosion des décès liés à l’usage de drogue avec plus de 100 000 décès qui en étaient liés en 2021, soit plus du double par rapport au nombre enregistré en 2015. 

• Parmi l’ensemble des drogues, les surdoses de fentanyl sont actuellement la première cause de mortalité pour les Américains âgés de 18 à 49 ans, selon l’administration américaine. La consommation de cette drogue, plus puissante que la plupart des drogues comparables dont l’héroïne et la morphine, s’accompagne d’un risque accru de surdose. 

• Le fentanyl est une drogue de synthèse, produite notamment au Mexique à partir de composants importés auprès de fournisseurs étrangers, dont des entreprises chinoises.

Les chaînes de production du fentanyl seront à l’ordre du jour de la discussion avec Xi Jinping, les États-Unis cherchant à obtenir la coopération de la Chine dans la lutte contre l’afflux du produit sur leur territoire.

• L’administration Biden a imposé des sanctions en octobre dernier contre 25 entreprises et individus chinois impliqués dans la production de composants chimiques nécessaires à la fabrication de fentanyl, une décision vivement critiquée par Pékin. Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a minimisé la responsabilité des entreprises chinoises en affirmant que la crise du fentanyl était « enracinée dans le pays lui-même »¹.

• Début octobre, le lancement de poursuites contre huit entreprises de produits chimiques basées en Chine a par ailleurs été rendu public². La justification de ces mesures avait été résumée par le procureur général des États-Unis Merrick Garland, qui avait déclaré : « Nous savons que la chaîne mondiale d’approvisionnement en fentanyl, qui aboutit à la mort d’Américains, commence souvent par des entreprises chimiques en Chine ». Pour la Drug Enforcement Administration (DEA), « ces huit cas sont le résultat des efforts de la DEA pour attaquer la chaîne d’approvisionnement en fentanyl là où elle commence, c’est-à-dire en Chine ».

Un accord pourrait être annoncé à l’issue du sommet Biden-Xi sur la mise en place de restrictions chinoises sur la production et les exportations de fentanyl en échange d’une levée des sanctions portant sur l’institut de police scientifique chinoise, d’après Bloomberg³.