Le choc pétrolier provoqué par la guerre du Kippour a, plus que tout autre événement, contribué à faire des années 1970 une décennie de crise énergétique. Alors que les troupes égyptiennes franchissent le canal de Suez le 6 octobre 1973 dans une attaque coordonnée avec celle de la Syrie sur le plateau du Golan, la marine égyptienne bloque le détroit de Bab al-Mandeb — l’étroite étendue d’eau qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden — coupant l’accès d’Israël à sa principale source d’approvisionnement en pétrole, l’Iran. Une semaine et demie plus tard, les six pays du golfe Persique membres du cartel pétrolier de l’OPEP ont augmenté le prix affiché du pétrole de 3 à 5,12 dollars. Déterminés à augmenter également le prix du marché, les membres arabes de l’OPEP (OPAEP) ont commencé le lendemain à réduire leur production. Alors que ces deux mesures ont affecté la plupart des importateurs, l’OPAEP a ensuite répondu à la demande du président Richard Nixon au Congrès d’une aide militaire de 2,2 milliards de dollars pour Israël en interdisant la vente de pétrole aux États-Unis et aux Pays-Bas. Bien que la guerre se soit terminée par un cessez-le-feu le 25 octobre, l’OPAEP a de nouveau réduit la production en novembre et les membres de l’OPEP du golfe Persique ont augmenté le prix affiché à 11,60 dollars le mois suivant. L’embargo est resté en vigueur jusqu’en mars 1974, après avoir été étendu à l’Afrique du Sud, au Portugal et à la Rhodésie. Sous l’effet cumulé de ces actions, les prix du marché du pétrole ont plus que doublé entre le début de la guerre et la fin de l’embargo.

Les effets immédiats sur la vie quotidienne ont été dramatiques. Tous les États occidentaux ont introduit une forme ou une autre de rationnement de l’énergie. Plusieurs gouvernements européens ont interdit de conduire le dimanche. Au Japon, les ministres ont réduit d’un cinquième la fourniture de pétrole et d’électricité à l’industrie. De l’autre côté du Pacifique, l’administration Nixon légifère en faveur d’une limitation de vitesse à 55 miles par heure sur les autoroutes du pays et prolonge l’heure d’été. Le 7 novembre 1973, Nixon, qui n’était pas psychologiquement en mesure de faire face à la crise, sa présidence étant simultanément bouleversée par le Watergate, prononça un discours national télévisé, déclarant que « jusqu’à ce que nous fournissions de nouvelles sources d’énergie pour demain, nous devons être prêts à nous serrer la ceinture aujourd’hui ».

Les effets immédiats du choc pétrolier sur la vie quotidienne ont été dramatiques. Tous les États occidentaux ont introduit une forme ou une autre de rationnement de l’énergie.

Helen Thompson

Sur le plan géopolitique, il semble qu’un monde ait pris fin et, avec lui, toute notion d’unité occidentale. Par moments, Henry Kissinger, à la fois conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d’État de Nixon, a pu parler comme si Washington avait le pouvoir de prendre le contrôle des champs pétrolifères du Moyen-Orient1. À une occasion, il a déclaré que si les États arabes ne s’accommodaient pas des États importateurs de pétrole, ils « suivraient la voie des cités-États grecques ». Il était tout aussi mécontent des gouvernements britanniques et français, qui avaient conclu des accords bilatéraux avec les membres de l’OPAEP et refusé de laisser les États-Unis utiliser leurs bases militaires en cas de guerre avec l’Union soviétique. Ils agissaient, selon Kissinger, « comme si l’alliance n’existait pas ». Lors des pourparlers menés par les Américains en 1974 pour créer l’Agence internationale de l’énergie, Nixon, presque brisé, menaça de retirer ses troupes d’Europe occidentale si les gouvernements qui la composent n’acceptaient pas un cadre institutionnel dans lequel les grands pays importateurs de pétrole coopéreraient les uns avec les autres.

Le choc pétrolier de 1973-1974 a été autant le symptôme que la cause de la crise énergétique des années 1970. Bien avant le début de la guerre du Kippour, la politique pétrolière était en plein bouleversement. Dans l’ancien monde, dont les contours, en dehors de l’Union soviétique, s’étaient dessinés au début du XXe siècle, les États-Unis étaient largement autosuffisants et l’approvisionnement provenait de compagnies pétrolières indépendantes centrées au Texas. Dans le même temps, sept compagnies pétrolières internationales, constituées par les successeurs de la Standard Oil de John Rockefeller, de la British Petroleum et de la Shell, dominaient la production au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine. Dans la version post-Seconde Guerre mondiale de ce système, l’approvisionnement était clairement délimité : sauf en cas d’urgence, le pétrole de l’hémisphère occidental était destiné aux Amériques, tandis que le pétrole du Moyen-Orient, complété à partir des années 1960 par les exportations soviétiques, était destiné à l’Europe occidentale, à l’Asie et à l’Australasie. Cette division dépendait à la fois de la volonté des États producteurs de pétrole non soviétiques et non américains d’accepter la fixation des prix par les compagnies pétrolières internationales, du gouvernement fédéral américain agissant pour empêcher le pétrole étranger — à moins qu’il ne soit mexicain ou canadien — d’entrer aux États-Unis et de la capacité impériale de la Grande-Bretagne à utiliser sa marine pour maintenir ouvertes les eaux autour du Moyen-Orient.

Le choc pétrolier de 1973-1974 a été autant le symptôme que la cause de la crise énergétique des années 1970.

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Au début de 1973, aucune de ces conditions n’était remplie. Alors que les compagnies pétrolières internationales avaient repoussé la création de l’OPEP en 1960, l’arrivée du colonel Kadhafi au pouvoir en Libye en 1969 annonçait le début de la fin de leur suprématie sur l’Eurasie et l’Amérique latine. Contraintes par Kadhafi d’augmenter leurs prix après avoir ordonné l’arrêt de la production, elles ont vu leurs actifs de plus en plus souvent nationalisés, notamment en 1972 par le gouvernement baasiste, qui avait pris le pouvoir à Bagdad en 1968. Lorsque leurs actifs sont restés intacts,elles durent accepter les nouvelles conditions de partage des revenus prévues par les accords de Tripoli et de Téhéran de 1971, qui accordaient aux États 55 % des bénéfices réalisés sur les prix plus élevés. Un mois avant que l’Égypte et la Syrie n’attaquent Israël, les compagnies pétrolières internationales avaient entamé à Vienne des négociations avec l’OPEP en vue d’une nouvelle hausse des prix.

Aux États-Unis, la production nationale de pétrole a atteint son maximum en 1970 et, l’année suivante, Nixon a mis en place un système de contrôle fédéral des prix intérieurs du pétrole. Le pays ayant désormais besoin de plus de pétrole étranger, Nixon a également démantelé, en avril 1973, le régime strict de quotas d’importation, qui avait privilégié les exportations mexicaines et canadiennes, instauré par le président Eisenhower quatorze ans plus tôt. Pour sa part, le gouvernement britannique dirigé par Harold Wilson était parvenu à la conclusion, dès la fin de 1967, que la Grande-Bretagne était trop faible financièrement et trop vulnérable militairement pour rester une puissance impériale au Moyen-Orient et, en 1971, Edward Heath avait largement exécuté le plan de retrait à l’est de Suez élaboré par son prédécesseur2.

Dans le monde de l’énergie d’avant 1973, les États arabes avaient utilisé les embargos et le transit du pétrole comme une arme géopolitique. Ce qui a changé avec la guerre du Kippour, c’est leur capacité à déployer cette tactique efficacement contre les États-Unis. En revanche, pour Israël, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne de l’Ouest, l’insécurité énergétique liée au conflit israélo-arabe était déjà une réalité ; pour Israël, elle était en permanence existentielle car aucun État arabe n’avait jamais été disposé à lui vendre du pétrole.

Dans le monde de l’énergie d’avant 1973, les États arabes avaient utilisé les embargos et le transit du pétrole comme une arme géopolitique. Ce qui a changé avec la guerre du Kippour, c’est leur capacité à déployer cette tactique efficacement contre les États-Unis.

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Lors de la crise de Suez en 1956, le président égyptien Gamal Abdel Nasser a bloqué l’accès d’Israël au détroit de Tiran — qui relie la mer Rouge au golfe d’Aqaba sur le côté est de la péninsule du Sinaï — alors qu’Israël avait construit un port à Eilat, à l’extrémité sud du golfe, pour permettre aux importations de pétrole iranien en provenance du golfe Persique d’arriver sans que les pétroliers n’aient à passer par le cap de Bonne-Espérance3. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Israël s’est joint à la Grande-Bretagne et à la France dans une guerre contre l’Égypte, qui a conduit à la fermeture du canal de Suez par Nasser en 1956. Tout au long de cette guerre, l’Arabie saoudite a imposé un embargo sur les ventes de pétrole à la Grande-Bretagne et à la France, tandis que la Syrie interrompait l’acheminement du pétrole par l’oléoduc de l’Iraq Petroleum Company, propriété d’un groupe de compagnies pétrolières internationales. Eisenhower a pu contraindre le Premier ministre britannique Anthony Eden à battre en retraite en grande partie parce qu’il ne voulait pas débloquer les approvisionnements en pétrole du programme d’urgence américain, déclarant à l’un de ses conseillers que la Grande-Bretagne et la France pouvaient « faire bouillir leur propre pétrole ». Alors qu’Israël s’était emparé de Charm el-Cheikh, à l’extrémité Sud de la péninsule du Sinaï, ce qui lui confère un contrôle stratégique sur le détroit de Tiran, Tel Aviv dut aussi battre en retraite en échange d’une promesse mal tenue de l’Égypte de maintenir ces eaux ouvertes sous la surveillance d’une force d’urgence des Nations unies.

La fermeture par Nasser du détroit de Tiran à toute navigation israélienne en mai 1967 a servi de justification à Israël pour justifier une attaque préventive contre l’Égypte lors de la guerre des Six Jours. À cette époque, 90 % de toutes les importations israéliennes de pétrole passaient par le détroit de Tiran et provenaient d’Iran. Furieux contre Téhéran pour sa complicité avec Israël, Nasser a explicitement déclaré que son objectif stratégique en 1967 était de « servir la cause de la Palestine […] en empêchant Israël d’être approvisionné en pétrole ». Dans la pratique, Israël a tiré un grand profit énergétique de la guerre qui a suivi, puisqu’en s’emparant de la péninsule du Sinaï, il a acquis les champs pétrolifères d’Abou Rudeis, ainsi que la capacité de maintenir ouvert le détroit de Tiran. Néanmoins, il n’a pas pu empêcher Nasser de fermer à nouveau le canal de Suez et de le maintenir fermé pendant huit ans.

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La vulnérabilité énergétique d’Israël après 1956 a également constitué un risque pour les États d’Europe occidentale à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Après le début de la guerre des Six Jours, les principaux États arabes producteurs de pétrole ont imposé un embargo à la Grande-Bretagne, à l’Allemagne de l’Ouest et aux États-Unis. Si les restrictions imposées à Washington étaient purement symboliques, puisque les États-Unis n’importaient pas de pétrole du Moyen-Orient, elles ont nui aux deux États européens. Bien que les États-Unis et le Venezuela puissent fournir des approvisionnements d’urgence, la pression financière liée à l’importation de pétrole libellé en dollars en provenance de l’hémisphère occidental, ainsi que de pétrole iranien provenant du cap de Bonne-Espérance, exerce une telle pression sur la livre sterling qu’elle pousse le gouvernement de Wilson à annoncer, en janvier 1968, que la Grande-Bretagne devra se retirer du golfe Persique. Cette décision est intervenue quelques mois seulement après le retrait précipité des Britanniques d’Aden. En 1969, un groupe marxiste avait pris le contrôle du Yémen du Sud, désormais indépendant, laissant en place un régime soutenu par l’Union soviétique qui pouvait contrôler l’accès à la mer Rouge depuis l’océan Indien par le détroit de Bab el-Mandeb.

Ce qui avait changé de manière cruciale en octobre 1973 était la position des États-Unis4. Ayant désormais besoin d’un volume important de pétrole importé qui ne pouvait pas provenir uniquement de l’hémisphère occidental, ils risquaient d’être frappés par des embargos du type de ceux que les Européens de l’Ouest et Israël avaient déjà subis. Lorsque les Américains ne furent pas en mesure de fournir un approvisionnement d’urgence aux États d’Europe occidentale pendant la guerre du Kippour, l’Allemagne de l’Ouest et plus spectaculairement la Grande-Bretagne ont dit à Israël qu’il devait renoncer aux territoires gagnés en 1967, afin d’éviter un nouvel embargo arabe.

Ce qui avait changé de manière cruciale en octobre 1973 était la position des États-Unis. 

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Pendant ce temps, Israël était désormais contraint par le désir américain d’un cessez-le-feu pour mettre fin à l’embargo auquel Washington était soumis. Sous la pression de l’administration Nixon, le gouvernement de Golda Meir à Tel Aviv accepte un cessez-le-feu sans que l’Égypte ne mette d’abord fin au blocus du détroit de Bab el-Mandeb qui empêche les pétroliers d’atteindre Eilat. Ses successeurs, Yitzhak Rabin et Menachem Begin, ont ensuite dû conclure une paix pétrolière, d’abord dans l’accord préliminaire de 1975, puis dans les accords de Camp David de 1978, prélude au traité de 1979 qui a normalisé les relations avec l’Égypte. Ils échangèrent les champs pétroliers d’Abu Rudeis et les nouveaux puits qu’Israël avait commencé à forer dans le Sinaï — qui, au milieu des années 1970, fournissaient plus de la moitié de la consommation israélienne — contre l’accès au canal de Suez et des garanties sur les détroits de Tiran et de Bab al-Mandeb.

Les retombées cumulées de ces événements avant et après octobre 1973 ont été telles que la révolution iranienne du début de l’année 1979 a causé plus qu’un simple deuxième choc pétrolier5. La perte de l’Iran en tant qu’allié américain, suivie à la fin de l’année par l’invasion soviétique de l’Afghanistan, a transformé la géopolitique de l’énergie dans et autour du Moyen-Orient. Désormais, les présidents américains ne pouvaient plus considérer qu’il était possible pour les États-Unis de dépendre des importations de pétrole du Moyen-Orient sans avoir une présence militaire dans le golfe Persique. Depuis janvier 1980, les États-Unis respectent la doctrine Carter, qui stipule que « toute tentative par une force extérieure de prendre le contrôle du golfe Persique sera considérée comme une agression contre les intérêts vitaux des États-Unis d’Amérique, et une telle agression sera réprimée par tous les moyens nécessaires ».

La perte de l’Iran en tant qu’allié américain, suivie à la fin de l’année par l’invasion soviétique de l’Afghanistan, a transformé la géopolitique de l’énergie dans et autour du Moyen-Orient.

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Si cette nouvelle position reflétait la position des États-Unis en tant que premier importateur mondial de pétrole jusqu’aux années 2010, la situation difficile dans laquelle se trouvait Israël après la révolution iranienne a poussé Carter à accorder une garantie formelle d’approvisionnement d’urgence en pétrole à Tel-Aviv, alors que l’exportation de pétrole américain était par ailleurs interdite. Après le départ du Shah de Téhéran en janvier 1979, l’Iran a imposé un embargo pétrolier à Israël, trois mois seulement après la signature des accords de Camp David qui prévoyaient l’échange des champs pétrolifères du Sinaï contre la paix avec l’Égypte. En 1980, Israël ne pouvait acheter du pétrole qu’à l’Égypte et au Mexique, dans le cadre de contrats publics. Sachant que les Américains ne pouvaient être sollicités qu’en cas d’urgence absolue, Israël devait, en pratique, compter sur les marchés au comptant et sur un commerce clandestin via l’oléoduc terrestre construit après la guerre de 1967 entre Eilat et Ashkelon sur la Méditerranée, organisé par le négociant en matières premières Marc Rich. Heureusement pour Israël, au moment où il a envahi le Liban en 1982 pour chasser l’Organisation de libération de la Palestine du pays, de nouveaux approvisionnements en provenance de l’Alaska, du Mexique et de la mer du Nord avaient mis fin à la crise pétrolière générale de 1979-1980, laissant l’OPEP impuissante face à Israël, alors même que la divergence entre l’Iran et les États arabes venaient paradoxalement de toucher à sa fin.

Cinquante ans plus tard, l’insécurité énergétique pour les États importateurs est à nouveau monnaie courante, notamment à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie6. Mais la vulnérabilité d’Israël face au pogrom dévastateur du Hamas dans le Sud d’Israël, à l’occasion de l’anniversaire de l’attaque de l’Égypte et de la Syrie en 1973, ne constitue pas une répétition dans l’histoire de l’énergie7. Grâce aux gisements offshore de Leviathan, Tamar et Karish, Israël est autosuffisant en gaz, même si l’exploitation du gisement de Tamar a été suspendue le lendemain du début de l’attaque terroriste du Hamas8. Plus de la moitié de ses importations de pétrole proviennent de l’Azerbaïdjan, avec en contrepartie d’importantes exportations militaires, et les États-Unis et le Brésil, riches en schiste, sont ses deux autres principaux fournisseurs.

Cinquante ans après la guerre de Kippour, l’insécurité énergétique pour les États importateurs est à nouveau monnaie courante, notamment à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

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Israël a également conclu des partenariats énergétiques importants avec plusieurs États arabes. Il a commencé à exporter du gaz vers la Jordanie en 2017 et vers l’Égypte en 2020. Après les accords d’Abraham — qui ont normalisé les relations avec les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Maroc et le Soudan — il a convenu d’une stratégie énergétique commune avec les Émirats, qui permettra au royaume du Golfe de vendre du pétrole par l’intermédiaire de l’oléoduc Eilat-Ashkelon. L’un des fonds souverains d’Abu Dhabi détient une participation de 22 % dans le champ gazier de Tamar. En octobre 2022, Israël a signé un accord maritime avec le Liban, qui a même été soutenu par le Hezbollah, pour permettre la poursuite de l’exploration gazière dans les eaux de la Méditerranée orientale. Ironiquement, c’est maintenant l’Iran qui, au nom de la solidarité islamique, appelle les États arabes à imposer des sanctions pétrolières à Israël, alors même que l’État hébreu s’approvisionne à l’extérieur du Moyen-Orient.

Une guerre totale entre l’Iran et Israël changerait néanmoins la donne pour tout le monde9. Le fait que la Chine, qui a remplacé les États-Unis en tant que premier importateur mondial de pétrole, soit dépendante de l’Iran, rend difficile pour Washington de renforcer, voire d’appliquer strictement, les sanctions existantes à l’encontre de Téhéran sans provoquer une confrontation avec Pékin10. Plusieurs États européens, dont la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie, dépendent désormais pour leur gaz du Qatar, qui soutient le Hamas, mais au moins certains des dirigeants arabes ont vu un avenir fondé sur la coopération énergétique avec Israël et ont quelque chose à perdre à laisser l’Iran agir librement au nom de la cause palestinienne11. Personne n’aurait pu le prédire à l’automne 1973.

Sources
  1. James Barr, « The Middle East : Kissinger’s masterpiece ? », Engelsberg Ideas, 2022.
  2. Peter Ricketts, « Policy shaped by personal conviction — False Prophets : British leaders’ fateful fascination with the Middle East from Suez to Syria by Nigel Ashton review », Engelsberg Ideas, 2022.
  3. James Barr, « George McGhee – American father to Britain’s Suez Crisis », Engelsberg Ideas, 2020.
  4. Daniel Sargent, A Superpower Transformed : The Remaking of American Foreign Relations in the 1970s, Oxford, Oxford University Press Inc, 2015.
  5. Angus Reilly, « The Bonn Summit and the road to globalisation », Engelsberg Ideas, 2023.
  6. Adam Boulton, Helen Thompson, Tim Marshall, Daniel Yergin, « Worldview — The battle for energy resources », Engelsberg Ideas, 2022.
  7. Suzanne Raine, « How Israel lost sight of its enemies », Engelsberg Ideas, 2023.
  8. John Raine, « Hamas takes the nihilistic path of Islamist terror », Engelsberg Ideas, 2023.
  9. Angus Reilly, « What Israel does next – in conversation with Dennis Ross », Engelsberg Ideas, 2023.
  10. Ali Ansari, « Iranians know who their enemy is, and it’s not Israel », Engelsberg Ideas, 2023.
  11. Helen Thompson, « The geopolitical fight to come over green energy », Engelsberg Ideas, 2021.
Crédits
Cet article est d'abord paru en anglais dans Engelsberg Ideas sous le titre « How Israel reset the energy map ». © 2023, Helen Thompson.