Les autorités locales ont décrété l’état d’urgence afin de répondre à la situation.
Si ce n’est pas la première fois que le centre se trouve saturé et que les arrivées dépassent ses capacités d’accueil, ce nombre d’arrivées concentrées sur un seul jour est cependant inédit. Le nombre d’arrivées par la mer connaît une forte augmentation depuis mai 2022. L’Italie reste le principal pays de primo-arrivée des demandeurs d’asile en Europe. Entre janvier et juin 2023, 65 519 demandeurs d’asile sont arrivés en Italie par la mer, contre 27 633 au cours de la même période en 20221.
- Alors que la solidarité européenne et la gestion des migrations sont mises à l’épreuve — l’Allemagne a annoncé le 13 septembre avoir suspendu l’accueil de migrants venus d’Italie, un non-respect du mécanisme de solidarité entre États membres visant à soulager les principaux points d’entrées —, la coalition au gouvernement en Italie est également mise à mal : Matteo Salvini, partenaire de coalition et Vice-président du Conseil des ministres, a déclaré le 13 septembre que les efforts diplomatiques pour gérer l’immigration avaient échoué.
- Pour lui, l’Italie est confrontée à une crise qui s’apparente à une guerre, orchestrée par des forces criminelles. Par conséquent, il a annoncé être prêt à utiliser « tous les moyens » pour y répondre. Alors que Meloni n’a pas vraiment réussi à faire avancer le dossier à Bruxelles — entre autres à cause des blocages polonais et hongrois —, cette sortie ne peut qu’être lue comme une critique de son action. Les propos de Salvini révèlent aussi son intention de capitaliser sur le dossier brûlant de l’immigration pour renforcer sa base avant les élections européennes de 2024, ciblant clairement l’aile la plus radicale de la coalition.
- Les extrême-droites européennes se sont également rapidement emparées de l’événement comme illustration de leur discours anti-immigration. La tête de liste pour les élections européennes du parti français Reconquête Marion Maréchal Le Pen, a même prévu de se rendre sur place.
- Dans un discours à Budapest, la Présidente du Conseil italien avait insisté qu’ « une part de migration légale, lorsqu’elle est nécessaire et pleinement intégrée, peut être une contribution positive à nos économies, mais je reste convaincu que la solution à la crise de notre système social européen devrait être confiée de manière plus responsable aux citoyens européens ».
Le pays d’origine le plus courant des arrivées en Italie est le Nigeria (21 % du total), suivi de l’Érythrée (11 %) et de la Guinée (7 %). Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 71 % des arrivants sont des hommes, 13 % des femmes et 16 % des enfants, dans la majorité des cas non-accompagnés.
Les routes migratoires vers l’Europe deviennent de plus en plus dangereuses pour les migrants : depuis 2014, 27 364 morts et portés disparus ont été recensés en mer Méditerranée. La Méditerranée occidentale reste la route privilégiée mais aussi la plus mortelle.
- Le nombre de morts et disparus en mer rapporté au nombre d’arrivées a continué également d’augmenter depuis 2015, alors que le nombre d’arrivées a diminué — ce ratio ayant atteint 2,6 % en 2021.
- Aux dangers de la traversée s’ajoutent les violences auxquelles sont exposés les migrants sur les routes terrestres, dont les cas les plus nombreux sont concentrés en Libye d’après le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Au mois de juin les États-membres étaient parvenus à un accord sur le nouveau Pacte sur l’asile et la migration, qui prévoyait notamment une réforme du règlement de Dublin et l’introduction de procédures obligatoires aux frontières, afin d’évaluer rapidement les demandes d’asile irrecevables.
