Aucun chef d’État ou de gouvernement majeur n’a pour l’heure confirmé sa présence — si ce n’est Poutine lui-même. Avant 2022, Xi, Modi ou Macron avaient été invités d’honneur. Les journalistes de « pays inamicaux » — c’est-à-dire de pays qui ont adopté des sanctions contre la Russie — ont aussi été exclus du forum.

  • Le forum économique international attire ainsi principalement des officiels issus de pays restés largement neutres sur la guerre, notamment du Moyen-Orient, d’Amérique latine et d’Asie ; mais les fonctionnaires et experts russes constituent la grande majorité des intervenants du forum. 

En dépit d’une économie touchée par les sanctions, la Russie a réussi à maintenir une part de son commerce à l’international. Dans sa mise à jour semestrielle de cette semaine1, l’OCDE, qui prévoyait précédemment que l’économie russe se contracterait de 2,5 % cette année, a ramené ses prévisions à 1,5 %.

  • Début juin, la Banque mondiale a mis à jour ses prévisions de croissance. Elle considère que la Russie a connu une récession de 2,1 % de son PIB en 2022, soit une nette baisse, mais moins forte que prévue, en raison du maintien des exportations de pétrole, à destination de nouveaux marchés (Chine, Inde), et de la hausse des dépenses publiques. La récession s’est poursuivie au premier trimestre 2023 (-1,9 % sur un an). 
  • Le pays fait cependant face à la dépréciation de sa monnaie, aggravant ses perspectives d’inflation ; la demande de roubles de la part des exportateurs a chuté en raison de la réduction des revenus de la Russie provenant des ventes de pétrole et de gaz ; la baisse des prix du pétrole contribue aussi à diminuer les recettes tirées des énergies fossiles.

L’une des raisons pour lesquelles l’économie russe, certes en récession, n’est pas en situation dramatique malgré les sanctions, réside dans le fait que plusieurs États ou organisations agissent comme des intermédiaires entre les pays à l’origine des sanctions et la Russie. 

  • Outre Atlantique, les États-Unis ont déclaré la semaine dernière que les importations russes de semi-conducteurs et d’équipements électroniques occidentaux, utiles notamment dans la fabrication d’armes, avaient retrouvé leur niveau d’avant-guerre, et ont nommé expressément 5 pays agissant comme intermédiaires : Turquie, Kazakhstan, Géorgie, Émirats Arabes Unis et Arménie.
  • Le 11e paquet de sanctions, que les représentants des États membres auprès de l’Union discuteront ce mercredi 14 juin2, vise ainsi les pays qui permettent le contournement des sanctions existantes. Il devrait permettre d’éviter le transfert par pays tiers de technologies dont l’export a été interdit vers la Russie — par exemple, les armes.
  • Si son premier but est de dissuader les transferts, le mécanisme donnerait aussi aux États membres la possibilité d’ériger des restrictions à l’exportation de biens-clefs vers les pays agissant comme intermédiaires.