L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a publié lundi 24 avril son rapport annuel sur les dépenses militaires mondiales. Dans celui-ci, l’institution note une accélération de la tendance à la hausse des dépenses militaires amorcée depuis 2015, faisant suite à plusieurs années de baisse consécutive1.

  • La guerre en Ukraine a largement contribué à l’augmentation des dépenses militaires à l’échelle globale. En 2022, les États-Unis ont dépensé 877 milliards de dollars de plus que l’année précédente pour leurs achats d’armements, dont 19,9 milliards relèvent de l’assistance militaire directe à l’Ukraine.
  • Les deux belligérants du conflit, déclenché par la Russie lors de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, ont eux aussi considérablement augmenté leurs dépenses militaires : + 9,2 % pour la Russie entre 2021 et 2022 (86,4 milliards de dollars) et + 640 % pour l’Ukraine (44 milliards), qui est passée du 36ème pays dont les dépenses militaires sont les plus importantes au 11ème en 2022.
  • Bien que la guerre ait des conséquences globales, plusieurs régions du monde ont vu leurs dépenses baisser entre 2021 et 2022, notamment l’Asie centrale, l’Afrique, l’Amérique du sud, centrale et les Caraïbes ou bien l’Asie du Sud-est.

En Afrique, les principales économies (Afrique du Sud et Nigéria en tête) réduisent la part de leur budget allouée aux dépenses militaires afin de faire face aux pressions exercées sur leurs économies (phénomènes météorologiques, chômage, infrastructures…). La tendance est inversée en Éthiopie, où la guerre contre le Front de libération du peuple du Tigré a conduit à une hausse de 88 % des dépenses militaires sur l’année 2022, pour atteindre 1 milliard de dollars.

Si les États-Unis et la Chine concentrent à eux deux la majorité des dépenses militaires mondiales (52 % au total), la tendance à la hausse bouleverse les rapports de force en termes d’investissements.

  • Malgré la considérable augmentation des dépenses de défense européennes (+ 13 % entre 2021 et 2022 à l’échelle du continent, en prenant en compte la Russie et l’Ukraine) — soit la plus importante variation annuelle depuis la fin de la guerre froide —, plus aucun pays européen ne figure désormais parmi les 5 pays dépensant le plus pour leurs armements.
  • En 2022, les dépenses militaires de l’Arabie saoudite ont atteint 75 milliards de dollars (+ 16 % sur un an), tandis que le conflit mené au Yémen depuis 2015 a continué en 2022. Avec 7,4 % de son PIB consacré aux dépenses militaires, l’Arabie saoudite est le deuxième pays consacrant la plus grande part de sa production de richesse pour son armement derrière l’Ukraine (33,5 % en 2022).
  • Les dépenses de la Turquie continuent quant à elles de drastiquement diminuer (- 26 % entre 2022 et 2021), prolongeant ainsi une tendance amorcée en 2019 lorsque les dépenses militaires avaient atteint leur niveau le plus élevé.

Malgré une tendance à la baisse entre la fin de la guerre froide et le début des années 2000 puis entre 2010 et 2015, les dépenses militaires continuent à augmenter à un rythme plus soutenu qu’au cours des années précédentes en réponse à la « détérioration de l’environnement sécuritaire », selon le principal auteur du rapport2.

En Europe centrale et occidentale, les dépenses militaires en termes réels ont désormais dépassé leurs niveaux de 1989, et sont supérieures de 30 % par rapport à 2013. Le retour au réarmement massif se traduit également par une augmentation de la taille des arsenaux nucléaires, décrite par le SIPRI dans un précédent rapport.

Sources
  1. Trends in World Military Expenditure, 2022, Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, 24 avril 2023.
  2. World military expenditure reaches new record high as European spending surges, Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, 24 avril 2023.