• Le nouveau rapport du SIPRI, publié le 13 juin 2022, fait état de la situation actuelle des armements, du désarmement et de la sécurité internationale. Selon ce dernier, la diminution des arsenaux nucléaires toucherait à sa fin et la diplomatie nucléaire offre des perspectives mitigées pour la sécurité et la stabilité internationale. 
  • Selon le SIPRI, les dépenses militaires mondiales ont continué d’augmenter en 2021, atteignant plus de deux mille milliards de dollars. Il s’agit de la septième augmentation consécutive en sept ans. Les cinq plus grands budgets militaires dans le monde sont ceux des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, de la Russie et du Royaume-Uni, représentent 62 % de l’ensemble des dépenses militaires mondiales1. Aujourd’hui, lundi 13 juin, Emmanuel Macron a quant à lui annoncé une “réévaluation de la loi de programmation militaire” afin d’amener les dépenses militaires françaises à plus de 50 milliards d’euros en 2025, conformément à la loi de LPM de 2019-2025 (il s’élèvera à 40,9 milliards d’euros en 2022).
  • Malgré une diminution générale du nombre d’ogives en 2021, la Chine semble augmenter significativement ses capacités militaires. D’après les images satellites fournies par des entreprises américaines, 300 silos pour les missiles balistiques dans les déserts chinois ont été récemment construits. Cette initiative s’inscrit dans la lignée du programme du président chinois, Xi Jinping de doter la Chine d’une armée de classe mondiale.
  • Au sein des stocks totaux des États détenteurs de l’arme nucléaire, une partie des ogives nucléaires des États-Unis, de la Russie, du Royaume-Uni et de la France sont déployées — c’est-à-dire qu’elles se trouvent sur des bases militaires avec des forces opérationnelles. Une partie des armes nucléaires de ces pays ont vocation à être démantelées, ce qui explique pourquoi l’inventaire total est supérieur en nombre au stock total disponible de chaque pays. 
  • Alors que dans une déclaration commune publié le 3 janvier 2022, les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, dotés de l’arme nucléaire (P5) — la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni, les États-Unis — avait publiée une déclaration commune affirmant qu’ « une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit jamais être menée »2, les membres du P5 continuent d’étendre ou de moderniser leurs arsenaux nucléaires et semblent accroître leur rôle au sein de leurs stratégies militaires. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février, Poutine fait planer le risque de l’utilisation de l’arme nucléaire si les puissances occidentales ou l’Ukraine venaient à poser une « menace existentielle » pour la Russie.
  • Quant à la prolifération nucléaire, si les négociations sur le nucléaire iranien ont repris en 2021 – alors que les États-Unis s’étaient retirés unilatéralement en 2018 du JCPOA – depuis l’invasion de l’Ukraine, elles ont été ralenties et l’Iran semble s’éloigner encore plus des standards définis par l’accord de 2015. Dans un communiqué de presse du 9 juin 20223, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont exhorté l’Iran à respecter l’accord de 2015 : “nous exhortons l’Iran à reprendre l’application du Protocole additionnel et de toutes les mesures de surveillance et de vérification liées au JCPOA, à cesser son escalade nucléaire et à conclure de toute urgence l’accord actuellement sur la table pour rétablir le JCPoA, tant que cela est encore possible”. 
  • Les trois pays européens ont condamné l’installation de nouvelles centrifugeuses avancées et la décision de Téhéran de mettre fin aux mesures de transparence, ajoutant que ces mesures “ laissaient planer un doute sur l’engagement de l’Iran au soutien du succès des négociations”. Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré que l’Iran avait informé l’AIEA du retrait de 27 caméras, le 9 juin dernier4, ainsi que d’autres équipements de surveillance suite à l’adoption d’une résolution critiquant l’insuffisance de sa coopération à fournir des explications sur la présence de traces d’uranium sur trois sites déclarés.
  • La guerre en Ukraine a eu un effet important sur l’opinion publique. À titre d’exemple, en Allemagne, le nombre de personnes favorables à la présence d’armes nucléaires a très clairement augmenté depuis la guerre en Ukraine. Dans un récent sondage du radiodiffuseur public ARD, 52 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient désormais favorables au maintien des armes nucléaires américaines en Allemagne. Dans une enquête similaire conduite l’an dernier, le chiffre n’était que de 14 %.