Pendant l’une des rares conférences de presse auxquelles des journalistes de médias étrangers ont pu participer, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a invité Joe Biden à Minsk par l’intermédiaire d’un journaliste de la chaîne de télévision CNN.

  • En lien avec l’annonce d’un déplacement du président américain à Varsovie du 20 au 22 février, Loukachenko a signalé qu’il était prêt à organiser un « dialogue trilatéral » réunissant « deux agresseurs » (Vladimir Poutine et Joe Biden, qu’il considère comme jouant un rôle décisif dans la prolongation du conflit) et un « président pacifiste »1.
  • Si Loukachenko s’est engagé à convaincre le président russe de s’asseoir à la même table que Joe Biden, il a toutefois laissé entendre qu’il ne pensait pas que ce dernier accepterait de venir et qu’il restera en Pologne, pays considéré par le président biélorusse comme « la hyène de l’Europe qui joue le rôle le plus actif dans l’escalade de la guerre en Ukraine aujourd’hui ».

Le président biélorusse, qui rencontre aujourd’hui Vladimir Poutine dans sa résidence de Novo-Ogaryovo, à proximité de Moscou, n’a jamais caché son adhésion au discours officiel russe. Si celui-ci refuse d’envoyer des troupes en Ukraine « à moins que le Bélarus soit attaqué », il a toutefois réitéré en décembre sa vision de l’alliance entre son pays et la Russie dont le renforcement est « devenu une réponse naturelle à l’évolution de la situation dans le monde, où notre force est constamment testée »2.

Malgré la dépendance de Loukachenko à Moscou, ce dernier semble conserver une certaine autonomie vis-à-vis d’un possible engagement militaire aux côtés de la Russie. Poutine n’a pas — encore — demandé officiellement à Loukachenko d’envoyer ses troupes en Ukraine.

  • La Biélorussie sert toujours de « base arrière » pour l’armée russe et son territoire est utilisé comme terrain d’entraînement pour les conscrits.
  • Minsk fournit également des équipements militaires et permet l’envoi de missiles russes en Ukraine à partir de son territoire3.

La survie du régime de Minsk est étroitement liée à l’issue de la guerre. Une défaite de Poutine en Ukraine fragiliserait très certainement le soutien politique que celui-ci peut accorder à son homologue biélorusse.

Sources
  1. « Lukashenko invites Biden over to Minsk for talks : ‘Even Putin will fly in’ », Belta, 16 février 2023.
  2. « Belarus’ Lukashenko says it will only fight alongside Russia if Belarus attacked », Reuters, 17 février 2023.
  3. Eric S. Edelman, Vlad Kobets et David J. Kramer, « Ukraine and Belarus Are Fighting the Same War », Foreign Policy, 7 février 2023.