L’abandon de la kuna — monnaie nationale croate depuis 1994 — devrait être bénéfique à la Croatie.

  • Zagreb dépend déjà de la monnaie unique pour plus de la moitié de son commerce extérieur, deux tiers de ses IDE et environ 70 % de son tourisme.
  • En plus de stimuler le tourisme, l’adoption de l’euro rendrait la Croatie « plus attrayante pour les acheteurs étrangers à la recherche de résidences secondaires, que ce soit pour les vacances d’été ou pour les hivers plus doux » selon Boris Vujčić, gouverneur de la banque centrale croate1

Christine Lagarde a qualifié cette adhésion de « vote de confiance pour la zone euro » et a déclaré que la Croatie bénéficierait du « bouclier de l’euro »2. L’adoption de la monnaie unique est une progression naturelle pour un pays où l’euro représente déjà la moitié du total des dépôts bancaires et 60 % de l’ensemble des prêts — plus que n’importe quel pays hors zone euro.

Selon Vujčić, la Croatie est le pays qui devrait profiter le plus de l’entrée dans la zone euro, en partie car cela lui permettrait d’éliminer le risque de change.

  • La Croatie dispose de 27 milliards d’euros de réserves de change — soit 40 % de son PIB.
  • Les avantages de l’euro sont « plus visibles pendant une crise » pour Vujčić, soulignant les récentes pressions à la vente sur le forint hongrois, le złoty polonais et la couronne tchèque qui ont fait passer les taux d’intérêts et les rendements de leurs obligations d’État à 10 ans à 5 et à 8,5 % respectivement.
  • En revanche, le rendement des obligations à 10 ans de la Croatie était d’environ 3,5 %, soit moins que ceux de l’Italie et de la Grèce.

Il existe cependant un risque réel que les consommateurs croates accusent l’introduction de l’euro d’être responsable de l’inflation élevée, qui a atteint 13,5 % au mois de novembre. 

  • Pour autant, l’effet de l’entrée en vigueur de l’euro sur l’inflation dans les mois suivant l’adoption devrait rester faible — de l’ordre de 0,2 point de pourcentage en moyenne —, comme ce fût le cas pour les derniers pays ayant adopté la monnaie unique3.

Afin d’améliorer la transparence des prix, les commerces croates doivent afficher le coût des marchandises à la fois en kuna et en euros depuis septembre et continueront à le faire jusqu’à fin 2023.

Sources
  1. Martin Arnold et Marton Dunai, « Croatia anticipates economic boost as it prepares to adopt euro », Financial Times, 25 décembre 2022.
  2. Tweet de Christine Lagarde, 12 juillet 2022.
  3. Andreja Pufnik, « Effects of the Adoption of the Euro on Consumer Prices and Inflation Perceptions : An Overview of Experiences and Assessment of the Possible Impact in Croatia », Banque nationale de Croatie, Surveys S-27, Novembre 2017.