La tenue d’un sommet de l’OTAN à Bucarest est symbolique. En 2008, la Roumanie accueillait ce qui peut être considéré comme le plus important sommet de l’Alliance atlantique en termes de délégués, d’officiers présents ainsi que de pays représentés.

  • Les États-Unis avaient alors essuyé un important revers — probablement pour la première fois lors d’un sommet de l’OTAN — en échouant à obtenir l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Alliance1.
  • Certains États européens — principalement la France et l’Allemagne — s’opposaient alors à l’entrée des deux pays, préférant que le plan d’action pour l’adhésion (MAP) se déroule plus lentement.
  • Parmi les raisons invoquées par les Européens : ne pas contrarier la Russie, mais également attendre de réaliser des progrès « pour assurer une plus grande sécurité énergétique dans les pays les plus exposés à une coupure russe »2.

Quatorze ans plus tard, la Russie est désormais en guerre ouverte avec l’Ukraine et Kyiv a réitéré son désir de rejoindre l’OTAN après l’annexion de quatre régions ukrainiennes par Moscou en septembre. Aucun progrès ne devrait être fait en ce sens aujourd’hui, les engagements de défense collective (notamment l’Article 5) du Traité risquant d’entraîner les membres de l’Alliance dans un conflit ouvert avec la Russie3.

Les discussions aujourd’hui concerneront principalement la défense anti-aérienne en Ukraine, ainsi que les marges de manœuvre des membres de l’Alliance concernant de potentielles livraisons d’équipements.

  • L’explosion d’un missile à Przewodów, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, a eu pour effet de renforcer l’assistance sécuritaire apportée à l’Ukraine.
  • Depuis le 16 novembre, la France a annoncé la livraison de deux batteries de défense antiaérienne Crotale NG et la Suède a annoncé une aide de 287 millions de dollars ainsi qu’un système de défense antiaérienne4.
  • Après avoir initialement accepté l’offre de l’Allemagne, la Pologne a finalement refusé que des missiles Patriots allemands soient déployés sur le territoire polonais mais soient « transférés vers l’Ukraine et déployés à la frontière ouest ».

L’aide discutée par l’OTAN aujourd’hui concernera aussi des équipements (notamment de transmission) visant à rétablir l’électricité ainsi que le chauffage à la suite des frappes russes qui visent les infrastructures civiles et énergétiques ukrainiennes. Au 25 novembre, 30 % du réseau électrique ukrainien était toujours hors-service5. De nouvelles aides financières pourraient également être annoncées.

Sources
  1. Bucharest Summit Declaration, OTAN, 3 avril 2008.
  2. Paul Gallis, The NATO Summit at Bucharest, 2008, CRS Report for U.S. Congress, 5 mai 2008.
  3. The North Atlantic Treaty.
  4. Cédric Pietralunga, « La France annonce de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine », Le Monde, 21 novembre 2022.
  5. « Day 275 : Ukraine’s power grid faces 30 per cent shortage as repair works go on », Ukraine Crisis Media Center, 26 novembre 2022.