Après le 20e Congrès, la Chine réaffirme son soutien à la Russie

Lors d’un appel téléphonique qui s’est déroulé dans la journée d’hier, Wang Yi, ministre des Affaires étrangères et nouveau membre du Politburo, et son homologue russe Sergueï Lavrov ont exprimé un soutien mutuel rarement aussi limpide dans les relations sino-russes¹.

• Wang Yi a notamment affirmé l’importance de légitimer « le statut de la Russie en tant que grande puissance sur la scène internationale » et qu’il s’agissait du « droit légitime de la Chine et de la Russie de réaliser leur propre développement ». 
• Ainsi, le nouveau membre du Politburo a eu l’occasion de réaffirmer à de multiples reprises les grands principes hégémoniques de la « pensée Xi », en faisant référence à la doctrine chinoise d’autodétermination des peuples qui doit pousser la Russie a continuer sur sa propre voie de développement, en-dehors du consensus de Washington. 
• La Chine a aussi exprimé sa volonté que la Russie fasse partie des institutions internationales, malgré la menace potentielle de son exclusion du Conseil de sécurité de l’ONU. Il fait peu de doute que la Chine essaie de s’entourer d’alliés au sein des principales organisations internationales afin d’y imposer ses vues.

La Russie et la Chine ont aussi fait part de leur volonté de développer leurs échanges « à tous les niveaux », et ce afin de garantir la stabilité dans le monde.

• Dans le communiqué, la Chine a fait allusion à un soutien à « la partie russe, sous la direction du président Poutine, pour conduire le peuple russe à éliminer les perturbations et à réaliser les objectifs stratégiques de développement ».
• Dans la plus pure tradition de la diplomatie du loup-guerrier, la Chine a aussi lancé un avertissement à la communauté internationale car « toute tentative de bloquer le progrès de la Chine et de la Russie échouera ».

Les deux parties ont également échangé leurs points de vue sur l’Ukraine, laissant peu de doute quant au soutien de Pékin apporté à Moscou.

• Lavrov a informé Wang Yi du déroulement des opérations en Ukraine, et a exprimé sa gratitude à la partie chinoise pour avoir soutenu la position de la Russie en faveur d’un « règlement équitable de la situation relative à l’Ukraine »².
• Le ministre russe a également « salué le succès complet du 20e Congrès national du Parti communiste chinois, et a félicité le Secrétaire général Xi Jinping pour sa réélection ». Il a également repris à son compte des éléments de langage de la pensée Xi, faisant allusion au rêve chinois qui « guidera sûrement la Chine pour atteindre avec succès l’objectif du rajeunissement national ».
• Rien dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères chinois n’indique cependant la teneur concrète de ces échanges sur la guerre en Ukraine.

Ce retournement peut sembler surprenant, alors que Xi avait pris ses distances avec Poutine lors de leur première rencontre depuis le début de la guerre, en Ouzbékistan le mois dernier. Dans ce qui peut être lu comme une absence totale de soutien, Xi avait exprimé à son homologue ses « questionnement et inquiétudes » quant au conflit en Ukraine³.

• La Chine était allée jusqu’à adoucir son ton, exprimant même son chagrin pour les victimes civiles en Ukraine lors d’un appel téléphonique de Wang Yi avec le ministre des Affaires étrangères ukrainiennes, Dmytro Kuleba, en mars dernier⁴. 
• La Chine se présentait alors comme un médiateur dans le conflit armé, « appelant à des pourparlers de paix et à l’arrêt de la guerre dès que possible ».
• Selon les observateurs, Xi aurait attendu la conclusion du 20e Congrès, qui a renforcé sa mainmise sur le Parti et a fait taire les dissidents, pour afficher un soutien plus franc à la Russie de Poutine.