• Hier, Xi Jinping s’est rendu au Kazakhstan où il s’est entretenu avec le président kazakh, Kassym-Jomart Tokayev. Très bon sinophone, ce dernier a été formé au MGIMO de Moscou entre 1970 et 1975 avant d’intégrer le ministère des Affaires étrangères soviétique, au sein duquel il a été en poste à l’ambassade de Singapour puis de Pékin. Les discussions à l’arrivée de Xi se sont ainsi faites en chinois.
  • Dans les discussions entre les deux dirigeants, la présence de Poutine était toutefois omniprésente. Hier, la diffusion d’une rumeur à la suite de la rencontre suggérant que le Kazakhstan s’apprêtait à quitter l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) a été lue comme un signe de plus de l’absence de soutien apporté par Noursoultan à Moscou dans la guerre menée contre l’Ukraine. Cette information a finalement été démentie ce matin par Aydos Sarym, membre du Comité de défense et de sécurité des Mazhilis du Kazakhstan1.
  • Si la rencontre entre Xi et Poutine fait l’objet de beaucoup d’attentes et de spéculations, elle ne doit pas occulter l’importance qu’accorde Pékin à ses alliés d’Asie centrale qui ont décidé de ne pas apporter de soutien à la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Une étrange déclaration de Xi, interprétée comme un soutien à l’intégrité territoriale du Kazakhstan, résonne comme un message adressé directement à Moscou qui exerce une pression constante sur ses voisins du Sud2.
  • Durant la rencontre tant attendue entre les deux dirigeants — la 38eme depuis l’accès au pouvoir de Xi Jinping en 2013 — dans le cadre d’une réunion de l’Organisation de Coopération de Shanghai, Xi et Poutine devraient discuter des moyens de lutter contre les sanctions américaines et européennes. Selon les affirmations des médias d’État chinois, Li Zhanshu, numéro 3 du Parti et président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, aurait proposé de partager avec la Russie son expérience historique en matière de « législation concernant la lutte contre l’ingérence extérieure, les sanctions et la juridiction des armes longues »3. Lors d’appels téléphoniques bilatéraux au début de l’année, Xi et Poutine avaient convenu de renforcer leur coopération dans les domaines de la finance et de l’énergie.
  • La relation entre les deux dirigeants russe et chinois est un élément essentiel dans la recomposition géopolitique qui se joue. Le 4 février dernier, au cours de la dernière rencontre en personne entre Poutine et Xi Jinping, à Pékin, les deux dirigeants déclaraient entretenir un « partenariat sans limites », qui se traduisait notamment par un renforcement de leur relation militaire et politique. Ce partenariat a cependant mis à mal depuis le début du conflit en Ukraine. La Chine a certes refusé de condamner l’invasion mais n’a pas fourni de matériel militaire à la Russie pour autant, mis à part des pièces de drones.
Sources
  1. « Казахстан отказался вступать в армяно-азербайджанский конфликт под эгидой ОДКБ », Mk.RU, 15 septembre 2022.
  2. Hier, Xi Jinping a déclaré : « Une fois de plus, je voudrais vous assurer que le gouvernement chinois accorde une grande attention aux relations avec le Kazakhstan. Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, nous continuerons à soutenir résolument le Kazakhstan dans la protection de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, à soutenir fermement vos réformes en cours pour assurer la stabilité et le développement et à nous opposer catégoriquement à l’ingérence de toute force dans les affaires intérieures de votre pays. », Президент Касым-Жомарт Токаев провел встречу с Председателем КНР Си Цзиньпином, Présidence du Kazakhstan, 14 septembre 2022.
  3. Jack Lau, « China’s No 3 official Li Zhanshu calls for united front with Russia against Western sanctions », South China Morning Post, 12 septembre 2022.