Un jour après la clôture du 20e Congrès du Parti Communiste, Xi a annoncé la nomination de six hommes — Li Qiang, Zhao Leji, Wang Huning, Cai Qi, Ding Xuexiang et Li Xi — qui seront à ses côtés en tant que membres du Comité permanent du Politburo, l’organe dirigeant suprême de la Chine.

  • Ce sont tous de fervents loyalistes, ce qui ouvre la voie à Xi pour gouverner avec le moins d’opposition interne possible.
  • Cette nouvelle composition de fidèles signifie que le dirigeant chinois aura également un contrôle accru sur tous les postes les plus élevés de l’État, y compris l’économie — traditionnellement le domaine du Premier ministre qui dirige le Conseil d’État.
  • Li Qiang remplace Li Keqiang au poste de numéro deux du Parti, ce dernier étant jugé trop libéral économiquement alors que Xi espère reprendre la main sur le secteur privé. Fidèle de longue date de Xi et secrétaire du Parti à Shanghai, Li Qiang a été nommé malgré le confinement chaotique de deux mois à Shanghai plus tôt cette année.

Xi a également révélé le nouveau Bureau permanent du Politburo, composé de 24 membres au lieu de 25 précédemment, dont 14 nouveaux. La plupart sont aussi des proches de Xi. 

  • Il y a toujours eu au moins une femme membre du Politburo. Sun Chunlan, était la seule femme du Politburo sortante. Pour la première fois depuis 1997, le Comité exécutif ne comprend aucune femme. 
  • Les femmes chinoises sont plus que jamais exclues du pouvoir politique central, tant au niveau local que central, dans un contexte où le mouvement chinois #MeToo a peu progressé sous Xi tandis que les manœuvres de répression se multiplient à l’encontre des féministes.
  • Depuis 1985, aucun leader de minorité ethnique ne figure au Bureau permanent. Cette mandature ne fait pas exception à la règle. Xi fait tout son possible pour garantir l’unité nationale en appelant à plusieurs reprises les groupes ethniques de Chine à « rester ensemble comme des graines de grenade ».

Ces nominations ont aussi mis en évidence des surprises et l’absence de certains noms pourtant attendus.

  • Hu Chunhua, l’un des vice-premiers ministres chinois, était autrefois largement considéré comme un candidat au Comité permanent. Cet homme de 59 ans ne figure même plus sur la liste des 25 membres du Politburo. Par ailleurs, l’ancien secrétaire du parti du Xinjiang, Chen Quanguo, ne figure pas non plus sur la liste du Comité central.
  • Cai Qi, ayant gravi les échelons du Parti très rapidement entre 2014 et 2018, est l’une des nominations surprises de ce Comité permanent. Originellement gouverneur de la province du Zhejiang au sud de Shanghai, il est transféré à Pékin en 2014 où il devient en 2015 directeur adjoint du Bureau général de la Commission de sécurité nationale. Il s’est fait connaître par ses méthodes de gouvernement différentes, « par en bas », en tant que maire de petite ville et en communiquant souvent sur Weibo avec les internautes.

Signe de l’hégémonie de Xi, ces annonces sont aussi une façon de couper la voie à toute succession marquées.

  • Auparavant, les listes du Comité permanent de Xi incluaient des membres plus jeunes, susceptibles de devenir successeurs du dirigeant chinois. Ici, le plus jeune membre est âgé de 57 ans.
  • Il n’y a donc pas de nom marquant qui ressort de cette composition, un signe potentiel, si le dépassement de l’âge limite de 68 ans pour exercer au Politburo ne suffisait pas, que Xi Jinping ne prévoit pas de se retirer de sitôt.

L’ancien dirigeant chinois Hu Jintao, âgé de 79 ans, a été conduit de manière inattendue hors de la salle lors de la cérémonie de clôture du Congrès du Parti avant-hier, alors qu’il apparaissait réticent à partir.

  • L’agence de presse d’État Xinhua a ensuite déclaré sur son Twitter1que Hu avait été écarté pour des « raisons de santé », bien que de nombreux experts aient émis des doutes.
  • Jusqu’à présent, l’incident n’a pas été rapporté dans les médias d’État en langue chinoise ni discuté sur les réseaux sociaux chinois, où ce type de conversation est fortement restreint.