• Le 5 octobre 2017, le New York Times et le New Yorker révélaient que 80 femmes accusaient le réalisateur américain Harvey Weinstein d’agressions sexuelles depuis la fin des années 19701. Dix jours plus tard, l’actrice américaine Alyssa Milano incitait les femmes victimes de harcèlement sexuel à témoigner sur Twitter en utilisant le hashtag #MeToo. Très rapidement, ce slogan a entraîné une libération de la parole des femmes concernant les violences sexistes et sexuelles.
  • Le hashtag existait depuis 2006, lorsqu’il fût créé par la militante américaine Tarana Burke. L’année suivante, un véritable élan fut lancé avec le Me Too Movement, alors particulièrement destiné aux femmes noires ayant subi des abus sexuels.
  • La viralité du hashtag à partir de 2017 a largement élargi le spectre de ce qu’il recouvrait initialement, incluant des types de violences auparavant passées sous silence. Les préjugés sexistes, la violence verbale, domestique ou bien le harcèlement sexuel ont alors commencé à être progressivement exposés.
  • L’ampleur du mouvement lui a conféré une véritable force politique ayant conduit à de nombreuses initiatives législatives et normatives visant à combattre les violences sexistes et sexuelles dans de nombreux pays. Malgré son échelle, le hashtag demeure toutefois principalement occidental, et a eu avant tout un impact dans les pays européens ou bien nord-américains.
  • La Chine fait toutefois exception à ce titre. Dimanche 2 octobre, l’avocat du milliardaire chinois et fondateur du site de e-commerce JD.com, Richard Liu, annonçait qu’un accord avait été conclu avec Liu Jingyao, une ancienne étudiante de celui-ci qui l’avait accusé de l’avoir violée en 2018. Les conditions du règlement n’ont à ce jour pas été divulguées2.
  • Cette affaire avait galvanisé des millions de femmes en Chine, où le mouvement #MeToo existait dans le paysage médiatique depuis 2018 mais faisait face à la censure d’État. Richard Liu avait par la suité été contraint de démissionner de son poste à la Conférence consultative politique du peuple chinois.
  • Malgré l’ampleur qu’a pris le mouvement #MeToo sur les réseaux sociaux, cette prise de conscience ne s’est pas accompagnée d’une réelle inversion de la tendance. Durant la pandémie de Covid-19, plusieurs études ont pointé du doigt que les violences conjugales avaient augmenté pendant les confinements. Pour chaque trimestre de confinement, les estimations de l’Agence des Nations unies pour la population (UNFPA) indiquent que les cas de violences domestiques comportant un critère de genre auraient augmenté de 15 millions.
Sources
  1. Ronan Farrow, « From Aggressive Ouvertures to Sexual Assault : Harvey Weinstein’s accusers tell their stories », The New Yorker, 10 octobre 2017.
  2. Casey Hall et Winni Zhou, « China JD.com founder Liu settles U.S. rape civil suit », Reuters, 2 octobre 2022.