L’Union a atteint son objectif de stockage de gaz plus tôt qu’anticipé

• Le 20 juillet dernier, la Commission dévoilait son plan « Save gas for a safe winter », dans lequel il était demandé aux États membres de réduire leur consommation de gaz de 15 % d’ici mars 2023. Ursula von der Leyen avait également annoncé un objectif de remplissage de 80 % des réserves de gaz de l’Union.

At EU level, we diversify sources, save energy and store it. Our gas storage is already filled at 80 %.
 
But to cut our dependence on Russian fossil fuels, we need renewables. 
 
The commitments taken today would already deliver 1/3 of our 2030 target for offshore wind in the EU. pic.twitter.com/4JBZLPbHXU

— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) August 30, 2022

• Le 30 août, la moyenne des réserves de gaz atteignait déjà l’objectif de remplissage, soit bien en amont de la date butoir du 1er novembre. S’il existe des disparités entre les pays (les stocks de la Lettonie ne sont remplis qu’à 55 %, ceux du Portugal à 100 %), les États membres disposent encore de plusieurs semaines pour atteindre voire excéder cet objectif.

• Toutefois, cela ne signifie pas que les pays européens ne devront pas rationner leur consommation de gaz cet hiver, ou bien faire face à des choix difficiles. En juin dernier, l’Agence fédérale allemande des réseaux prévoyait que, dans six scénarios sur sept, l’Allemagne épuiserait complètement ses réserves d’ici la mi-février¹. Selon le groupe Aurora Energy Research, les stocks à l’échelle européenne ne dureraient que trois mois².

• Aussi, cet objectif de 80 % n’indique pas que l’Union européenne dispose de plus de souveraineté énergétique par rapport aux années précédentes. En fait, l’atteinte de cet objectif à cette période de l’année correspond à la moyenne observée sur les cinq dernières années. En 2020, l’objectif avait même été atteint au début du mois de juillet.

• De la même manière, des difficultés se poseront pour les pays ne disposant pas de réserves nationales de gaz — ou de très faibles, comme la Suède. S’il existe des protocoles ainsi que des accords bilatéraux entre plusieurs États-membres pour le partage de leurs ressources en gaz et en électricité, tous les pays ne sont pas couverts par ces derniers. Les lois européennes exigent une entraide entre pays pour le partage de l’énergie dans le cas d’une pénurie affectant les infrastructures jugées critiques (comme les hôpitaux), mais elles ne couvrent pas les consommateurs, ni certains secteurs économiques.

• Le 9 septembre prochain, les ministres de l’Énergie des États membres se réuniront à Prague pour un sommet exceptionnel. En raison du niveau historique des prix de l’énergie atteint la semaine dernière (toutefois en baisse depuis), une réforme en urgence du marché européen de l’électricité sera mise sur la table. Une majorité qualifiée au Conseil sera toutefois requise pour modifier la législation en vigueur.