• Au Pakistan, la saison de la mousson s’étend généralement de mi-juillet au début du mois de septembre. Cette année, les pluies diluviennes qui ont provoqué d’importantes inondations dans le sud du pays ont débuté en juin, et continuent encore aujourd’hui. À cela vient s’ajouter la fonte des glaciers, situés dans le nord, provoquée par les fortes chaleurs que connaît le pays depuis plusieurs mois.
  • Le Pakistan, en raison de sa localisation géographique ainsi que de son importante population (le pays comptait plus de 220 millions d’habitants en 2020) est particulièrement sensible aux conséquences provoquées par les phénomènes météorologiques extrêmes — dont les pluies diluviennes, les fortes chaleurs ainsi que les inondations. Toutefois, si ces dernières se prolongent, elles pourraient se révéler être encore plus désastreuses que celles de 2010 qui avaient provoqué la mort de près de 2 000 personnes ainsi que le déplacement de 20 millions de Pakistanais.
  • Dans certaines villes et stations de relevés météorologiques, les pluies enregistrées depuis le début du mois d’août dépassent largement les moyennes de saison. Dans la ville de Padidan, située dans le Sud du pays, il a plu au total 25 fois plus au cours de ce mois par rapport aux moyennes historiques. La région de Sind a enregistré plus de 700 % de précipitations supplémentaires par rapport à la normale, 500 % pour la région du Balouchistan.
  • Le gouvernement pakistanais a recensé 1 575 décès au 28 août depuis le début des pluies qui ont commencé le 14 juin dernier, dont les deux tiers dans la région de Sind. Les destructions d’habitations sont concentrées dans la même région — qui, compte presque 50 millions d’habitants, soit la deuxième région la plus peuplée du pays derrière le Punjab — avec plus de 840 000 maisons détruites. Au total, les inondations auraient à ce jour affecté plus de 30 millions de Pakistanais1.
  • Vendredi dernier, un état d’urgence a été déclaré par le gouvernement. Pour la ministre pakistanaise du Changement climatique et ancienne ambassadrice à Washington, Sherry Rehman, cette catastrophe est due au changement climatique2. Avec 173 catastrophes climatiques entre 2000 et 2019, le Pakistan figure parmi les 10 pays les plus touchés par ces phénomènes météorologiques extrêmes, mais également parmi les plus à risque pour les prochaines années3.
  • Cette catastrophe humanitaire vient s’ajouter à la crise économique qui menace la stabilité du pays depuis la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, le conseil d’administration du FMI se réunit pour examiner l’accord visant à fournir au Pakistan une aide financière de 4 milliards de dollars destinée à combler son déficit de réserve de change4. Le ministre des Finances du Pakistan, Miftah Ismail, a annoncé que les coûts liés aux inondations étaient estimés à ce jour à 10 milliards de dollars, tandis que de nouvelles pluies sont déjà prévues pour les jours à venir5.
Sources
  1. NDMA Monsoon 2022 Daily Situation Report No 076, National Disaster Management Authority 28 août 2022.
  2. « Pakistan floods have affected over 30 million people : climate change minister », Reuters, 27 août 2022.
  3. Indice mondial des risques climatiques 2021, German Watch, 2021.
  4. Saeed Shah, « Pakistan Says It Has Secured Financing Needed for IMF Bailout », The Wall Street Journal, 28 août 2022.
  5. Mehtab Haider, « Flood inflicts $10bn loss on Pakistan economy : Miftah Ismail », The News, 29 août 2022.