• Malgré une politique de confinements localisés qui a freiné la propagation du Covid-19 tout en permettant la poursuite de l’activité économique, les faiblesses structurelles de l’économie pakistanaise ainsi que la faible croissance de la productivité font peser des risques sur une éventuelle reprise. Les fortes pressions de la demande globale ont dernièrement contribué à un déficit commercial record, pesant sur la roupie et sur les réserves limitées du pays.
  • L’inflation a atteint une moyenne de 9,8 % en glissement annuel au premier semestre 2022, contre 8,6 % au premier semestre 2021. Ces chiffres s’expliquent par la flambée des prix des matières premières en raison de la guerre en Ukraine, ainsi que par un taux de change qui a atteint un niveau historiquement bas1. En conséquence, la banque d’État du Pakistan a mis fin à sa politique monétaire expansionniste depuis septembre 2021 et a augmenté son taux directeur de 275 points de base2.
  • La roupie a perdu 20 % de sa valeur en trois mois, tandis que le compte courant du pays reste négatif. En attendant d’obtenir un prêt du FMI d’1,17 milliard de dollars conclu le 14 juillet, le Pakistan s’apprête à recevoir 4 milliards de dollars d’aide extérieure pour combler son déficit de réserve de change — qui est tombé à 9,8 milliards de dollars, soit à peine 5 semaines d’importation3. Le ministre des Finances pakistanais, Miftah Ismail, a annoncé que le pays recevrait également 6 milliards de dollars au cours de l’exercice 2022-2023, dont 2,5 milliards de la Banque mondiale et 3,5 milliards de la Banque asiatique de développement4
  • Le FMI envisage également d’ajouter 1 milliard de dollars à un programme de 6 milliards de dollars convenu en 2019. Cependant, moins de la moitié du montant a été décaissé à ce jour en raison des difficultés du Pakistan à tenir les objectifs fixés. Pour y remédier, le nouveau ministre Miftah Ismail a récemment mis en place de nouvelles mesures économiques.
  • Une des priorités de ces mesures concerne le secteur de l’électricité, endetté à 850 milliards de roupies et sujet à des coupures fréquentes. En ce qui concerne le niveau de vie, dans le cadre du programme Kafaalat — qui consiste en une redistribution des richesses à grande échelle —, 8 millions de ménages ont reçu une augmentation d’allocations familiales afin d’atténuer l’impact de l’inflation5. Concernant la lutte contre la corruption — qui fait également partie des exigences du FMI —, Islamabad devrait mettre en place des réformes concernant l’amélioration de l’efficacité des enquêtes et des poursuites judiciaires6.
  • Le Pakistan est presque entièrement dépendant de ses importations qui concernent des secteurs comme l’énergie, les produits pharmaceutiques et l’alimentation. Les prêts du FMI et des organisations internationales devraient permettre au pays d’éviter un défaut de paiement, mais des changements structurels à long terme seront nécessaires. L’isolement international du pays ainsi que l’instabilité de la région, qui s’est récemment illustrée par la crise politique qui a secoué le Sri Lanka, pourrait conduire certaines puissances à jouer un rôle financier plus important au Pakistan — Islamabad ayant déjà contracté d’importants prêts ces dernières années auprès de la Chine et de plusieurs pays du Golfe7