• Habituellement, ces températures élevées ne surviennent qu’au mois de juin. Cette année, la vague de chaleur a commencé dès le mois de mars. Durant ce dernier mois de l’hiver, l’Inde a enregistré un record de température, avec 9 degrés en moyenne au-dessus des normales de saison. Selon le Département météorologique indien (IMD), cela faisait 121 ans (1901) qu’un mois de mars n’avait pas été aussi chaud1. Au Pakistan, la situation est assez similaire. D’après certains météorologues, la barre des 50 degrés pourrait être franchie dans les prochains jours, alors que les températures oscillent autour de 45 degrés en ce moment2
  • Une grande partie de la population indienne vit sous le seuil de pauvreté, dans des bidonvilles répartis dans les grandes métropoles du pays et doit supporter ces conditions extrêmes dans des habitats inadaptés. Au Pendjab et en Haryana, les deux principales régions productrices de blé, les autorités estiment qu’entre 20 % et 25 % de la récolte a été perdue, la canicule arrivant au moment où la culture était en phase de maturation avancée3. Les températures extrêmes ont fait passer l’Inde de températures d’hiver à des températures d’été. Ce télescopage a entraîné une augmentation de la pollution de l’air, alors que le printemps permet habituellement une période d’accalmie entre les pics de pollutions hivernale et estivale. 
  • Dans un rapport publié l’été dernier, le GIEC alertait sur le fait que si aucune action climatique de grande ampleur n’était menée rapidement, ces vagues de chaleur pourraient devenir de plus en plus fréquentes. Les pluies diluviennes en Allemagne et en Chine de l’an dernier, les feux dévastateurs subis par la Grèce, la Californie ou bien l’Australie ainsi que ces chaleurs extrêmes en Inde et au Pakistan font tous partie des « phénomènes météorologiques extrêmes » dont les occurrences vont s’accélérer de plus en plus.
  • L’organisation météorologique mondiale (OMM), quant à elle, relevait en septembre dernier dans son Atlas de la mortalité et des pertes économiques dues aux phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes (1970-2019) que ces phénomènes météorologiques extrêmes étaient devenus plus fréquents ces dernières années, bien qu’ils causent moins de décès. Les vagues de chaleur extrême ont toutefois été les plus meurtrières en Europe ces 50 dernières années, avec un pic de 72 000 décès en 2003.
  • Le Nord de l’Inde et l’ensemble du Pakistan sont d’ailleurs des régions extrêmement vulnérables face aux conséquences du réchauffement climatique. En 2019, une vague de chaleur similaire avait déjà frappé ces régions. Chaque année, des paysans du Rajasthan, au Nord de l’Inde, sont de plus en plus nombreux à migrer vers les pays du Golfe pour trouver un travail, les champs ne permettant plus de nourrir leur famille4. Le Premier ministre indien prévenait également, plus tôt dans l’après-midi, que ces chaleurs extrêmes posaient des risques importants d’incendie, contribuant à la pollution de l’air5.
Sources
  1. Neha Madaan, « This March was India’s hottest in 122 years », The Times of India, 2 avril 2022.
  2. Anna Lippert, « L’Inde et le Pakistan étouffent sous des températures extrêmes », Les Echos, 26 avril 2022.
  3. Sophie Landrin, « 46 °C à Delhi, 48 °C dans le Rajasthan… L’Inde écrasée par une canicule précoce et extrême », Le Monde, 27 avril 2022.
  4. Ibid.
  5. Krishna N. Das et Gloria Dickie, « As India swelters under extreme heat, Modi warns of fire risk », Reuters, 27 avril 2022.