• L’Inde est le troisième pays émetteur de CO2 au monde derrière les États-Unis et la Chine, bien que ses émissions par habitant soient à des niveaux bien plus faibles — un Indien émettait en moyenne 1,61 tonne de CO2 par an en 2017, contre 14,61 pour un américain et 6,68 pour un chinois. Toutefois, l’augmentation du niveau de vie par habitant ainsi que l’importante population du pays pourraient conduire à une progression significative des émissions de CO2 par habitant dans les années et les décennies à venir.
  • La loi en question votée mardi au Lok Sabha vise à instaurer un niveau minimal d’utilisation d’énergies renouvelables dans les entreprises ainsi qu’au sein des bâtiments résidentiels. En 2019, l’industrie indienne seule (concentrée principalement autour du ciment, de l’acier et du métal) était responsable de l’émission de 762 millions de tonnes équivalent CO2 — en 2019, l’Allemagne en a émis 840 millions, la France 455 millions.
  • La principale innovation de cette loi réside dans la proposition de mise en place d’un système d’échange de quotas de carbone, qui est un outil ayant été mis en place pour la première fois dans l’Union européenne, suivie par la Corée du Sud, le Kazakhstan, la Nouvelle-Zélande, certains États américains ainsi que par la Chine en juillet 2021, toutefois uniquement pour le secteur de la production d’électricité.
  • La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire en Inde a augmenté ces dernières années — particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014 —, mais demeurent faibles par rapport aux combustibles fossiles. En 2020, le charbon comptait encore pour 44 % de la consommation totale d’énergie primaire, 25 % pour le pétrole et 6 % pour le gaz naturel contre seulement 3 % pour les énergies renouvelables1.
  • Ces chiffres ne doivent pas occulter les importants efforts qui ont été faits au cours des dernières années, notamment dans l’installation de panneaux photovoltaïques, dont la capacité installée a presque été multipliée par 20 depuis 2014 selon le gouvernement indien, faisant de l’Inde le cinquième pays au monde en termes de capacité solaire installée2. En mars dernier, la part des énergies renouvelables, en termes de capacité installée, représentait environ 40 % de la capacité totale du pays. Toutefois, les coûts ainsi que les difficultés associées au stockage de l’énergie produite par des panneaux photovoltaïques ne permettent pas de décarboner suffisamment la production d’électricité du pays. 

La loi votée mardi à la chambre basse du Parlement indien devra encore obtenir la majorité des voix au Rajya Sabha, la chambre haute, lors d’un vote qui devrait se tenir au cours des prochaines semaines. Cette séquence s’inscrit dans la foulée du vote du paquet « anti-inflation » au Sénat américain le 7 août dernier, dont le volet climatique représente une avancée importante pour la réalisation des objectifs des États-Unis dans le cadre de l’Accord de Paris. Au-delà de contribuer à l’atténuation du réchauffement climatique ainsi que de ses conséquences — particulièrement prégnantes en Inde et dans les pays frontaliers — la transition énergétique est également un enjeu politique majeur qui structurera les prochaines années et décennies.

Sources
  1.  « Energy in India today », Agence internationale de l’énergie, 2021
  2. « Renewable Energy », National Investment Promotion & Facilitation Agency of India.