• Depuis 11 ans, la guerre civile syrienne a fait plus de 500 000 morts et plus de 6 millions de réfugiés dispersés en majorité dans les pays voisins. Aujourd’hui, les présidents russe, turc et iranien se réunissent pour une réunion trilatérale en tant que garants du processus de paix d’Astana, lancé par l’Iran, la Russie et la Turquie en 2017, qui vise à mettre fin aux combats dans le pays — mais qui n’a pas été ratifié par les parties syriennes. La Russie et l’Iran soutiennent depuis le régime du président Bachar al-Assad, tandis que la Turquie a soutenu jusqu’en 2016 les groupes armés opposés. Le sommet d’aujourd’hui intervient alors que la Turquie menace depuis fin mai de lancer une opération militaire dans le nord de la Syrie afin de créer une zone de sécurité de 30 km à la frontière, mais Moscou et Téhéran ont déjà exprimé leur opposition.
  • Une réunion bilatérale aura également lieu entre Poutine et Erdogan. Les deux chefs d’État se sont déjà entretenus par téléphone la semaine dernière au sujet du conflit ukrainien, qui devrait être le sujet central de cette nouvelle rencontre. D’après le chef de la commission économique du Parlement iranien, la visite de Poutine viserait à améliorer les relations économiques entre les deux pays, frappés par les sanctions de l’Occident1. Les deux pays souhaitent également renforcer leurs échanges commerciaux, dont le mémorandum bilatéral sur les transports routiers2, signé au début du mois de juillet, marque la dernière étape en date.
  • Depuis quelques semaines, Erdogan joue le rôle de médiateur dans les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine à Istanbul. La Turquie, membre de l’OTAN, qui a condamné l’invasion Russe en Ukraine et qui a fourni des armes à l’Ukraine3, n’a toujours pas adopté des sanctions à l’encontre de la Russie. Malgré des tensions avec Moscou, Ankara essaie de conserver son rôle de médiateur pour tenter de mettre en place un corridor permettant d’acheminement des céréales bloquées dans les ports ukrainiens par le blocus maritime russe.
  • Malgré un premier échange constructif la semaine dernière, plus de 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes sont toujours bloquées dans le port d’Odessa, sur la mer Noire, sans compter les navires déjà chargés qui ne peuvent pas partir. La situation est d’autant plus compliquée que la Russie est accusée par plusieurs pays occidentaux d’avoir détourné des cargaisons ukrainiennes. Le ministère des Affaires étrangères ukrainien avait déploré il y a deux semaines « la tentative du navire russe Zhibek Zholy de transporter des céréales ukrainiennes volées de Berdyansk, occupée par la Russie, vers le port turc de Karasu ».
  • La réunion pourrait avoir une importance particulière pour Moscou. Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré mardi dernier qu’il n’était pas tout à fait certain que l’Iran ait déjà fourni des drones à la Russie, mais que les États-Unis disposaient d’informations indiquant que les forces iraniennes prévoyaient de former l’armée russe à l’utilisation de drones de conception iranienne dès ce mois-ci : « Nos informations indiquent que le gouvernement iranien se prépare à fournir à la Russie jusqu’à plusieurs centaines de drones, y compris des drones capables d’armes dans un délai accéléré »4. L’Iran développe depuis de nombreuses années des programmes de conception de drones militaires, y compris des drones « kamikazes », similaires à ceux que les États-Unis ont fourni à l’Ukraine en mars dernier.
Sources
  1. Evan Gershkovich, Benoit Faucon et Jared Malsin, «  Putin Seeks to Cement Ties With Iran, Turkey in Rare Trip Abroad – WSJ », The Wall Street Journal, 17 juillet 2022.
  2. http://government.ru/en/news/45510/
  3. Andrew. E. Kramer,« Turkey, a Sometimes Wavering NATO Ally, Backs Ukraine – The New York Times », The New York Times, 3 février 2022.
  4. « Are Russia and Iran Allies ? President Vladimir Putin to Visit Tehran Next Week », Bloomberg, 12 juillet 2022.