• En mars 2011, dans le sillage des printemps arabes tunisien et égyptien, des milliers de manifestants descendent dans les rues des villes syriennes pour contester le régime de Bachar-el-Assad. Alors que les manifestations sont réprimées, Bachar-el-Assad libère des islamistes des prisons syriennes pour radicaliser l’opposition. 
  • Le conflit s’internationalise, les États-Unis et l’Europe font du départ de Bachar-el Assad un préalable à la fin du conflit tandis que la Russie, présente en Syrie grâce à ses bases militaires à Tartous et à Lattaquié, bloque toute résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question. En 2013, alors que Barack Obama avait fixé «  une ligne rouge », en cas d’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, les États-Unis décident de ne pas intervenir après les bombardements de la Ghouta Orientale dans la banlieue de Damas. 
  • La Russie intervient militairement en 2015 pour aider le régime de Bachar-el-Assad à se maintenir en place et Alep, deuxième ville du pays, est reprise en 2016. L’année suivante, le processus d’Astana entre la Russie, la Turquie et l’Iran marginalise les Occidentaux dans le règlement du conflit. Selon l’ancien ambassadeur de France en Syrie « le réel vainqueur du conflit syrien est la Russie. Pays qui paraissait isolé depuis la fin de la guerre froide, il s’est démarqué en contrôlant la formation des BRICS, où il alimente le ressentiment anti-occidental. La Syrie a été le terrain qui a permis à la Russie de mettre en œuvre cette stratégie, tout comme l’Iran, vainqueur sur le plan régional. De même, la Turquie et la Chine font partie des néo-autoritaires qui ont bénéficié de la crise, et avec lesquels les Européens doivent dorénavant composer. » La Turquie a d’ailleurs installé militairement un corridor fin 2019 au Nord-Ouest de la Syrie pour contrer les forces kurdes. 
  • Parallèlement, l’opposition armée à Bachar-el-Assad a été progressivement marginalisée par le groupe Daesh qui a fait la jonction entre la partie orientale du territoire syrien et la partie occidentale pour proclamer un « califat » qui durera de 2014 à 2019, se projetant en Europe par des attentats meurtriers entre 2015 et 2017. 
  • La guerre civile syrienne a fait plus de 500 000 morts et plus de 6 millions de réfugiés sont aujourd’hui dispersés dans les pays voisins. 1 million d’entre eux ont été accueillis en Allemagne par la chancelière Angela Merkel en 2015. 
  • Michel Goya pointait du doigt le risque de l’installation en Ukraine d’une situation militaire similaire à celle qu’a connue la Syrie, avec de longues opérations de conquête urbaine et une alternance entre pression militaire et pression sur les civils. Les attaques contre les villes ukrainiennes sont également à mettre en parallèle avec les pratiques éprouvées par l’armée russe en Syrie.